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RETOUR EVENTUEL DE DADIS : La prudence mesurée de Condé

Publié le mercredi 26 janvier 2011 à 01h09min

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Alpha Condé, le tout nouveau président de la République de Guinée, lors de son dernier séjour à Ouagadougou, s’est prononcé sur le cas Dadis Camara. Il a déclaré à la presse que l’ancien patron de la junte militaire qui a pris le pouvoir après la mort de Lansana Conté, était libre de rentrer au pays. Il n’y aurait rien eu à redire face à cette proposition, pour le moins, salutaire, si le président guinéen n’avait pas émis de réserve à travers une formule alambiquée : "pour le moment". Tout comme Cellou Dalein Diallo, Alpha Condé avait laissé entendre qu’il ne s’opposerait pas au retour de l’ancien président, s’il était élu à la tête de la Guinée. En ce temps-là, en pleine effervescence électorale, on aurait pu croire à un discours de circonstance doublé de démagogie pour ne pas s’attirer les foudres des partisans du capitaine, qui lui voyaient toujours un destin national.

"Dadis Camara libre de rentrer pour le moment", n’a, en réalité, rien de rassurant pour le capitaine, contraint à l’exil, à Ouagadougou, chez le facilitateur Blaise Compaoré. Le président Condé ne veut pas s’engager, outre mesure, pour garantir la sécurité ou plutôt l’impunité au chef de la junte militaire. Il lui laisse l’entière responsabilité de son choix. Le massacre du 28 septembre 2009 demeure un contentieux vivace. Le solde de tout compte de ce dossier dans lequel sa responsabilité pourrait être engagée est incontournable pour la construction du nouvel Etat. La réconciliation nationale passe par la vérité sur les événements du 28 septembre 2009. Et, malheureusement, pour le Capitaine Dadis Camara, il sera difficile de faire l’économie d’une procédure judiciaire si l’on veut que les mains assassines qui ont armé les assaillants du Stade du 28 septembre répondent de leurs crimes.

La prudence dont fait preuve Alpha Condé traduit toute l’incertitude qui entoure l’avenir de Dadis. Si, au plan national, son statut d’ancien chef d’Etat pourrait lui assurer quelques bonnes commodités de la part du nouveau pouvoir, au plan international, il peut, d’un moment à l’autre, être entendu pour les faits à lui reprochés. Rien ne dit que le nouveau pouvoir lui épargnera l’épreuve de la justice car, il ne faut pas l’oublier, la Cour pénale internationale enquête déjà sur le dossier du massacre du 28 septembre, et d’une façon ou d’une autre, l’ancien homme fort de la Guinée devrait donner sa part de vérité dans ce drame. Et éventuellement, demander pardon pour enfin bénéficier de la mansuétude du peuple guinéen. En réalité, c’est lui le seul vrai juge dans cette affaire à travers la voix des familles des victimes. Et cela, Condé semble l’avoir compris. D’où sa prudence de Sioux.

Abdoulaye TAO

Le Pays

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