Parmi les facteurs modélisateurs des sociétés et responsables de changements de comportements, figurent sans conteste la mondialisation engendrée par les Technologies de l’information et de la communication (TIC), ainsi que les expressions culturelles. L’on assiste dans ce contexte à un foisonnement de titres de presse, de stations de radio et de chaînes de télévision qui, selon le Pr Serge Théophile Balima, directeur de l’Institut panafricain d’étude et de recherche sur les médias, l’information et la communication (IPERMIC) de l’université de Ouagadougou n’est pas sans conséquence sur les pratiques professionnelles, les usages et les publics eux-mêmes.

Car, à en croire toujours l’éminent professeur burkinabè, "l’émergence d’un tiers secteur avec les médias alternatifs ouvre de nouveaux espaces de prise de parole, d’affirmation identitaire et d’aspirations mutuelles pour nombre de communautés naguère isolées ou enclavées dans leurs terroirs ». Et M. Balima de poursuivre que cette nouvelle donne « pose la problématique de l’homogénéisation et la résistance culturelle dans une Afrique confrontée aux problèmes de sous-développement, aux questions nationales non résolues, aux flux d’informations de toute nature, aux tentations des idéologies dogmatiques … ». Le colloque qui se tient à Ouagadougou du 24 au 26 janvier 2011 aura donc pour tâche d’instaurer et de mener la réflexion sur les moyens d’adaptation des médias africains à cette homogénéisation. Co-organisé par l’IPERMIC et la chaire UNESCO de l’université de Strasbourg de Bordeaux, le colloque est placé sous le thème "Médias de la diversité culturelle en Afrique : entre traditions et mondialisation".

Une diversité ineffaçable

Les travaux du colloque qui connaîtra la participation d’illustres universitaires spécialistes de la communication, des professionnels de l’information et de nombreux chercheurs d’Afrique et du monde, ont été ouverts par Luc Yé, secrétaire général représentant le ministre des Enseignements secondaire et supérieur. Entre autres interrogations évoquées par ce dernier en rapport avec le thème du colloque, l’on peut retenir celles de savoir si les particularismes culturels resteront vifs ou s’ils constitueront à l’avenir "un simple résidu d’un passé révolu qui disparaîtra à plus ou moins long terme au sein d’une humanité sans territoire". Dans son discours lu à la cérémonie, le Pr Joseph Paré, relève "il n’est pas illusoire de songer à un monde unifié par l’avènement planétaire d’institutions démocratiques, par l’attachement aux droits de l’homme, par le développement de rapports de solidarité internationale, dans la vie économique et sociale comme dans le fonctionnement des systèmes politiques ».

Et cet autre universitaire de conclure que même un tel monde, si uni soit-il, ne saurait effacer la diversité des langues et des cultures, qui vont demeurer, et dont le développement global portera toujours les empreintes à travers les cultures locales. Point besoin de dire que les échanges seront à la fois diversifiés et riches, à en juger par les questions soulevées par les officiels de la cérémonie d’ouverture et, bien sûr, les axes de réflexion retenus. Seront en effet abordés "les contextes et repères socio-historiques : incidence de l’histoire et de la géographie, multiculturalité et multiculturalisme", "les médias africains de la diversité culturelle : production et diffusion des produits à l’ère de la mondialisation", "les perspectives africaines de recherche : émergence du tiers secteur, communication collective, médias, éducation et sociétés traditionnelles".

Juste PATOIN

Le Pays