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MADAGASCAR : Une crise oubliée

Publié le mardi 25 janvier 2011 à 01h37min

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Au nombre des pays africains qui connaissent une crise sociopolitique, il y a la Grande Ile. Pourtant, les projecteurs de l’actualité ne sont braqués que sur la Côte d’Ivoire et, plus récemment, sur la Tunisie. Et si l’on n’est pas très bien averti, l’on finira par dire que la crise malgache est résolue à l’instar de la crise guinéenne par exemple. Que nenni ! La crise malgache est toujours là, elle a tout juste diminué d’intensité mais est encore loin d’être réglée. Le président de la Haute autorité de la transition, Andry Rajoelina, est toujours aux commandes du pouvoir duquel il a chassé, en mars 2009, le président démocratiquement élu, Marc Ravalomanana. Il est même devenu le seul maître à bord, puisqu’il écarte du processus de sortie de crise trois autres protagonistes et non des moindres dans ce malaise socio-politique.

Inclusif au départ, le processus est devenu aujourd’hui exclusif avec la mise à l’écart des anciens chefs d’Etat, Marc Ravalomanana, Didier Ratsiraka et Albert Zafy. Malgré les condamnations de la communauté internationale, Andry Rajoelina dit TGV n’en fait qu’à sa tête. Il a mis de côté le chronogramme élaboré de commun accord sous la houlette de médiateurs internationaux et déroule le sien, qui prévoit une élection présidentielle en mai 2011. La communauté internationale semble s’accommoder à cette situation. C’est le moins que l’on puisse dire au regard de son attitude passive face à la course solitaire de TGV qui s’est donc débarrassé, en chemin, de wagons jugés encombrants. Si la communauté internationale n’a pas levé les sanctions contre le pays, elle ne condamne plus l’attitude du jeune président. Toute chose qui ressemble à un chèque blanc pour ce dernier qui ne rêve maintenant que de légitimer son coup de force.

Pour s’ouvrir un boulevard vers la présidence, il s’est taillé une Constitution sur mesure qui a été adoptée par référendum en novembre dernier. En effet, l’âge minimal pour être candidat à la magistrature suprême a été ramené de 40 à 35 ans. Une astuce pour inclure le jeune président qui aura 37 ans en fin mai prochain. Pour pouvoir passer sans encombres, il a également pris soin d’écarter les anciens chefs d’Etat en violation des accords de paix antérieurs qui n’excluaient personne. Mais il a changé les règles pour surtout mieux éloigner son prédécesseur et ennemi juré qui n’a pas renoncé à récupérer son fauteuil cédé sous la pression de la rue.

Tout cela se passe dans l’indifférence de tous ceux qui s’étaient mobilisés pour trouver une solution à cette crise. Et ce n’est donc pas exagéré de dire que la crise malgache est aujourd’hui une crise oubliée. On semble avoir laissé à TGV la latitude de la régler tout seul et à sa façon. Tout le mal que l’on puisse lui souhaiter est qu’il réussisse là où d’autres se sont cassé la figure. Toutefois, il gagnerait à revoir sa copie si tant est qu’il recherche la réconciliation nationale. La solution à la crise doit être le fruit d’un consensus pour ne pas courir le risque de créer d’autres tensions. Une crise mal réglée est un danger permanent, une cocotte minute qui peut exploser à tout moment. Avis donc à TGV.

Séni DABO

Le Pays

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