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Présidentielle centrafricaine : Que fera Bozizé de cette victoire annoncée ?

Publié le mardi 25 janvier 2011 à 01h37min

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Ils sont 5 à compétir en Centrafrique, 5 dont la candidature a obtenu le quitus de la Cour constitutionnelle. Le premier tour de cette présidentielle s’est déroulé le 23 janvier 2011. Parmi les concurrents, un fait figure d’hyperfavori, en l’occurrence le président sortant, François Bozizé, chef d’Etat putschiste absous par les urnes en 2005 ; même si un autre candidat pense que le moment de la revanche a sonné pour lui : il s’agit d’Ange-Félix Patassé, chassé du pouvoir en mars 2003 justement par le même Bozizé ; Martin Ziguélé aussi, candidat malheureux en 2005, estime que son heure est enfin venue.

A vrai dire, c’est un scrutin sans enjeu véritable, car, si la date de sa tenue a fait l’objet de polémique, son issue était quasi connue : à défaut d’obtenir un score mobutuesque, François Bozizé est assuré d’un résultat confortable en vue de se maintenir à la tête du pays. De toute façon, "le moi ou le chaos", qui tient lieu de programme au président-sortant, en dit long sur les résultats du vote. A l’heure où ces lignes étaient tracées, le dépouillement se poursuivait, et le taux de participation était estimé très important.

Ainsi, c’est certain que le président-candidat aura un deuxième bail au palais de la Renaissance et même un 3e en 2016 si le peuple le désire ; or le peuple désire toujours ce genre de scénario jusqu’à ce qu’un matin le contraire soit prouvé ;

mais, plus que les résultats du vote, ce sont ses conséquences politico-sociales qui doivent être redoutées dans la période postélectorale. Déjà, l’opposition crie à la fraude et, antienne connue, dit que si le président en place rempile, c’est qu’il a triché. Il est vrai que les candidats sortants ne font généralement rien pour montrer patte blanche, pire, ils restent coi face à certains dysfonctionnements du processus, pourvu que cela les arrange.

Dans l’ex-Oubangui-Chari où, entre la contestation et la rébellion, il n’y a qu’un pas que nombre de Centrafricains franchissent allègrement, l’après-présidentielle est lourde de tous les dangers. Une situation volatile donc, d’autant plus que certains candidats écartés ou perdants tel Jean-Jacques Demafouth, ex-rebelle, pourrait reprendre du service, c’est-à-dire le maquis.

Le "Kwa na kwa" (le travail, rien que le travail en langue sango) mérite d’être encore affiné dans les faits, car le pays reste à la traîne parce que 159/169e (classement PNUD), et les rébellions résiduelles demeurent des réalités tangibles.

Autant dire que ce second mandat du tombeur de Patassé s’avère corsé. C’est bien qu’il veuille restaurer la dignité de ses compatriotes, œuvre louable pour le premier magistrat, mais peut-on parler de dignité à des populations affamées, illettrées et incapables de se soigner ?

C’est bien de se parer des atours de démocrate, de rédempteur, mais à l’heure du bilan final, au terme des mandats, le peuple et surtout l’Histoire dresseront toujours la comptabilité de ce qui a été fait et de ce qui a tenu lieu de politique politicienne.

Z. Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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