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TUNISIE : Faut-il un médiateur ?

Publié le lundi 24 janvier 2011 à 00h34min

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Le climat socio-politique est toujours délétère en Tunisie. En effet, bien qu’il ait promis, le 14 janvier dernier, de créer 80 000 emplois, d’ouvrir son pays à la démocratie et de ne point modifier la Constitution aux fins de se succéder à lui-même en 2014, le dictateur Ben Ali a fini par prendre la poudre d’escampette. Chassé du pouvoir, il a dû céder la place à des caciques de son régime qui, bien que vomis, s’accrochent mordicus au pouvoir et n’entendent pas renoncer à leur volonté de pérenniser l’ancien système. Si bien qu’on a envie de dire que Ben Ali aura été finalement plus sage que son entourage qui reste sourd aux cris d’exaspération du peuple tunisien. Pour ce qui est des exigences de la rue, elles sont claires comme l’eau de roche.

Le peuple tunisien aspire au changement. Lequel changement passe d’abord par la dissolution du gouvernement intérimaire actuel et du parti-Etat, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), autrement dit, par "la retraite politique" des dignitaires de l’ancien régime. C’est pourquoi ce peuple n’entend pas sacrifier sa révolution sur l’autel de la boulimie du pouvoir du Premier ministre Gannouchi et de son gouvernement fort contesté. Même la police qui a, pendant près d’un quart de siècle, assuré au président exilé un régime quasi totalitaire, commence à se rallier au peuple. Cet ancien-nouveau gouvernement devrait donc ouvrir les yeux et se rendre compte de l’évidence de la situation plutôt que de persister dans une fuite en avant qui fera plus de mal que de bien à la Tunisie.

Ce pays est en pleine révolution. Mais pendant combien de temps encore ? Pendant combien de temps cette révolution du Jasmin va-t-elle durer ? Si personne n’est en mesure de le dire, il est au moins une évidence que seul le départ du gouvernement contesté, qui a, du reste, tenu son premier conseil des ministres au forceps, pourra mettre fin au gigantesque mouvement d’humeur. Afin que le peuple tunisien qui n’a que trop souffert, savoure les fruits mérités de sa révolution. Quant à la communauté internationale, qui s’est montrée ferme sur les questions de violations de droits de l’homme, elle doit renforcer la pression jusqu’à l’obtention du départ du gouvernement intérimaire. Une autre stratégie pourrait consister en une médiation qui parviendrait à mettre un terme à la crise socio-politique.

Si le gouvernement actuel de Tunis est dans la légalité constitutionnelle pour avoir respecté les articles 56 et 57 de la Constitution, qui prévoient l’intérim du pouvoir en cas de vacance, le peuple tunisien est aussi en conformité avec le droit international, en l’occurrence la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui prévoit en son article 35 que " Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour ce peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."

Comme quoi, il est difficile d’envisager un retour au calme tant que les revendications de la rue ne seront pas prises en compte. Le peuple tunisien reste mobilisé et farouchement déterminé à pousser l’ancien régime à la sortie. Mais pour cela, il lui faudra bien un leader. Celui-ci pourrait provenir sans problème de la société civile, de l’intelligentsia tunisienne, mais pas des anciens du nouveau gouvernement. Qui qu’il soit, il devra incarner le consensus afin d’assurer une transition en douceur. Et cela pourrait requérir une médiation.

Wilfried BAKOUAN (Collaborateur)

Le Pays

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