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XVe conférence des chefs d’Etat : L’abcès ivoirien à la clinique de l’UEMOA

Publié le jeudi 20 janvier 2011 à 22h54min

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Les grands chantiers aux communicateurs ; les dossiers brûlants aux souverains ; tel se présente le menu de la XVe conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui se tient du 17 au 22 janvier 2011 à Bamako au Mali. A l’évidence, les observateurs n’auront d’oreilles que pour les questions touchant à la vie de l’institution sous-régionale qui souffle cette année ses dix-sept bougies, dont les chamboulements annoncés à la tête de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et pour cause. Mais, aussi et surtout, pour le boulet électoral ivoirien qui divise les voix et menace les assises de l’UEMOA. En attendant la sentence de nos gouvernants, Bamako retient son souffle.

Dix-sept années donc après sa création, consécutive à la dévaluation du franc CFA, l’UEMOA peut se targuer d’un bilan positif au regard du chemin déjà parcouru et des grands chantiers qui commandent, en ce 21e siècle, l’adhésion de tous les Etats membres.

Et sur les bords du fleuve Djoliba, et ce, du 18 au 21 janvier, experts et communicateurs de tous les horizons ont été conviés à des ateliers de sensibilisation et de partage sur la problématique de l’intégration sous-régionale et la mise en œuvre des différents chantiers. Intégration sous-régionale de nos jours menacée par les crises multiples (politiques et économiques), et grands chantiers au cœur des Etats qui sont, entre autres :

- la mise en place du nouveau cadre humanisé des finances publiques ;
- le visa communautaire ;
- la facilitation des transports et le transit routier ;
- la mise en place de l’Union douanière ;
- la réglementation pharmaceutique dans l’espace UEMOA ;
- l’initiative régionale pour l’énergie durable (RED) : une solution régionale à la crise énergétique ;
- la contribution du comité interparlementaire à l’énergie de la démocratie et de la paix dans l’espace UEMOA ;
- etc.

Quelque 72h d’immersion dans les chantiers de l’UEMOA qui, ainsi que l’a déclaré le commissaire Rui Duarte Barrios chargé du département des services administratifs et financiers qui représentait le président de la commission, permettront aux communicateurs de maintenir une veille permanente sur les orientations et la conduite des chantiers du processus d’intégration de l’UEMOA.

Pari gagné d’avance, eu égard aux débats fort enrichissants qui s’en sont suivis, même si des réponses à certaines questions brûlantes de l’heure se font toujours attendre. Car, pouvait-on en effet parler d’intégration sous-régionale sans faire un clin d’œil à la Côte d’Ivoire, la locomotive économique de l’Afrique de l’Ouest, aujourd’hui en proie à la crise ?

Silence des états-majors

Quelle thérapie l’UEMOA propose-t-elle au solutionnement de la crise postélectorale au pays d’Houphouët ? Bien des voix se sont réfugiés derrière la sentence de la CEDEAO et de l’Union africaine, mais nul doute qu’au sortir de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement prévue ce 22 janvier, la discordance prendra le dessus sur le mutisme. Nous n’en voulons pour preuve le ballet diplomatique observé à Bamako ces derniers jours et le report sine die des informations sur l’ordre du jour et les dispositions relatives à la couverture de la conférence.

D’ailleurs, les chefs d’état-majors des forces armées de la CEDEAO, réunis en conférence du 17 au 19 janvier, toujours à Bamako, n’ont-ils pas jalousement tu les conclusions de leurs délibérations ?
En tous les cas, ils auraient failli en trahissant leur réputation, même si dans les coulisses il se susurre que là où les politiciens ont échoué, la grande muette réussira. Qu’en sera-t-il, et qui seront les invités ivoiriens à la grand-messe de l’UEMOA ce vendredi à Bamako ?

Guerres au sommet

En attendant, les différentes délégations qui ne cessent de défiler dans la capitale malienne n’ont de sujet que la guerre de succession à la tête de la BOAD, qu’abandonnera le Béninois Abdoulaye Bio Tchané pour la conquête du palais de la Marina, et de l’équation Philippe Henri Dacoury-Tabley au gouvernorat de la BCEAO. Dacoury-Tabley, depuis entre le marteau de la BCEAO et l’enclume de son ami Koudou Laurent Gbagbo, le président sortant, à qui l’institution financière régionale dénie toute signature.

Pour qui donc penchera la balance ?
Dans une moindre échelle, à la présidence de la BOAD, le duel attendu est celui qui devrait opposer le vice-président de la Banque, le Malien Bassary Touré au Sénégalais Amadou Kane qui officiait à la BNP/Paribas. Mais rien n’est encore joué sur les bords du fleuve Djoliba, tant les voix des princes sont insondables.

Bernard Zangré depuis Bamako

L’Observateur Paalga

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