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TUNISIE : La fuite en avant des politiques

Publié le mercredi 19 janvier 2011 à 23h46min

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La calebasse est facile à casser. Mais la tâche devient un peu plus compliquée quand il s’agit de recoller les morceaux. Ainsi peut-on caricaturer l’imbroglio sociopolitique que vit actuellement la Tunisie. L’ex-président Ben Ali aurait pu éviter à son pays, ce climat chaotique, s’il n’avait pas poussé des racines au pouvoir. Maintenant que le volcan social est entré en éruption, il s’en est allé laissant ses héritiers dans un bourbier inextricable. En effet, le gouvernement d’union nationale formé par le Premier ministre Mohamed Ghannouchi ne plaît manifestement pas à la rue tunisienne.

Celle-ci veut tout simplement un changement radical, la mise en place d’un nouveau système, débarrassé de ces hommes et femmes qui rappellent le dictateur Ben Ali. Il est vrai que c’est maximaliste d’exiger une pareille épuration. Mais le peuple tunisien craint cependant qu’en laissant subsister des germes de l’ancien régime, ces derniers ne poussent plus tard des racines, et ne réinstaurent l’ancien régime, sabotant ainsi tous ceux qui ont payé de leur vie pour cette Renaissance.

D’où cette résistance de la jeunesse tunisienne qui a contraint Ghannouchi et le président intérimaire, Fouad Mebazza, à démissionner le 18 janvier dernier du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Il faut également relever que le gouvernement d’union nationale formé ne ratissait pas vraiment large. Les communistes et les islamistes ont été mis à l’écart. Cela apparaît comme une instrumentalisation de la révolution par les politiques. Le peuple a demandé le départ de l’ancien régime. Pourquoi faut-il y ajouter d’autres couches de la société tunisienne ? Le pays de Bourguiba est actuellement tombé dans une ornière et seuls des efforts conjugués de toutes les sensibilités politiques et sociales peuvent l’aider à s’en sortir. Un gouvernement d’union qui regroupera toutes les tendances de la société tunisienne est nécessaire pour apaiser le climat social et jeter les bases d’une nouvelle gouvernance en Tunisie. La réconciliation nationale est à ce prix. En tout état de cause, le peuple tunisien semble décidé à imposer sa propre vision des choses.

Et tant qu’il ne sera pas satisfait, il protestera toujours. Les révolutions n’arrivent pas tous les jours mais si elles surviennent, il faut bien qu’elles résolvent les problèmes qui sont leur émanation. Il appartient désormais aux politiques de trouver rapidement une solution, plutôt que ces aveux d’une fuite en avant jusque-là constatée. Pour commencer, un gouvernement d’union qui romprait avec le passé pourrait faire l’unanimité. Les partis d’opposition auraient pu constituer une alternative. Mais, malmenés par deux décennies de dictature, ils peinent encore à retrouver leurs marques. Dans tous les cas, le pays doit vite sortir de cette impasse pour ne pas donner l’occasion à l’armée d’entrer en scène.

Abdou ZOURE

Le Pays

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