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CONVENTION DE FINANCEMENT SOFITEX 20 : "Cet argent, c’est pour les paysans"

Publié le lundi 17 janvier 2011 à 01h14min

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La convention de financement de la campagne cotonnière 2010/2011 entre la Sofitex et le pool bancaire international a été signée le 12 janvier 2011 dans la salle de réunion de l’ambassade du Burkina Faso en France. La Sofitex a récolté environ 50 milliards de F CFA. Cette signature avait pour témoins Luc Adolphe TIAO, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Burkina Faso, des représentants des banques partenaires et de nombreux Burkinabè exerçant en France.

SOFITEX 20 a été conclu le 12 janvier à Paris. La signature de cette convention marque le terme des négociations pour le financement de la campagne 2010/2011 entre la société des fibres et textiles du Burkina et le pool bancaire international emmené par la banque HSBC. Le montant de la convention est de 50 milliards de F CFA (76 225 000 euros). Ce montant sera complété par une seconde signature le 19 janvier prochain avec le pool bancaire national conduit par Ecobank, dont le directeur général assistait à la cérémonie de Paris à titre d’observateur. Le pool bancaire national a réussi à mobiliser 60 milliards de F CFA. Tout cet argent, ce n’est pas pour nous comme le croient certains. C’est pour travailler, c’est pour les paysans a déclaré le DG de la Sofitex à des journalistes impressionnés par le montant.

Pour le chef de file du pool bancaire international, Jean François Lambert, la signature de SOFITEX 20 se tient dans un « contexte particulièrement favorable » les cours, a-t-il déclaré lors de son intervention, « connaissent des sommets jamais atteints, aux alentours de 175 cents par livre, ce qui compense largement un niveau du dollar qui reste déprécié face à l’Euro »

Le kilo à 200 F.CFA Tous les acteurs sont d’avis que cette conjoncture liée au renchérissement du prix des matières premières et à un rétrécissement de l’offre sur le marché va profiter aux producteurs de coton. Au Burkina Faso, le prix d’achat est passé de 160 F.CFA/Kg à 200 F.CFA/Kg.. La convention de Paris va permettre de financer l’achat, l’égrenage et le transport de la fibre de coton vers les ports d’évacuation. C’est un « apport colossal » selon le directeur général de la SOFITEX qui s’est félicité de la collaboration remarquable qui dure depuis près de 12 ans. Pour cette vingtième convention, le cercle des prêteurs s’est élargi. Trois banques sont de retour. Il s’agit de B.N.P. Paribas, DZ bank et la Société Générale.

Elles rejoignent « les fidèles" que sont HSBC, FimBank, BHF et BMCE. L’engouement des partenaires financiers était tel que le pool a connu un surfinancement de 23% qu’il a fallu arbitrer. Le taux d’intérêt appliqué à cette convention de financement est de 5,5% remboursable sur un an En 12 ans, ce sont près de 530 milliards de F CFA de financement que le pool bancaire international a accordé à la SOFITEX. Si la Sofitex a le soutien des partenaires financiers depuis tout ce temps, elle le doit d’abord à celui de l’Etat qui, malgré les difficultés traversées par la filière, ne l’a jamais laissée tomber comme ce fut le cas dans d’autres pays. Produit stratégique, le coton était, jusqu’à une période très récente, le premier pourvoyeur en devises de l’économie nationale. La filière coton contribue à plus de 20% à la valeur ajoutée globale et de plus de 60% aux recettes d’exportation. Pour l’ambassadeur Tiao : le coton est une filière compétitive, car il constitue un vecteur de la dynamique agricole, industrielle et commerciale" ; il présente une solide base pour le développement industriel du pays avec la multitude d’unités de transformation qui sont créées en aval de la production agricole".


BREVES DE PARIS

A propos de la restructuration Le premier responsable de la Sofitex a salué le soutien constant de l’Etat à la restructuration de son entreprise qui fait vivre près de 3 millions de Burkinabè. Parmi les mesures de restructuration effectives, il a énuméré l’apport de 16,4 milliards de F CFA intervenu en juin 2010, la renégociation avec l’Etat sur le rééchelonnement du reliquat de crédit d’un montant de 31 milliards de F.CFA".

Un nouvel organigramme

La Sofitex se réorganise. Son nouvel organigramme voit la création de deux directions : la direction des affaires économiques et la prospective et la direction de l’audit interne et du contrôle de gestion.

Certification ISO 17025

La Sofitex se prépare à la certification ISO 17025. Son laboratoire de classement de Coton est en cours d‘aménagement pour affronter ce nouveau défi.

Intrants, du nouveau

Le prix des intrants cédés aux producteurs fait depuis quelques temps l’objet d’une subvention par l’Etat. Ce qui a l’avantage de maintenir des prix bas. Au niveau de la nationale des fibres et textiles, une étude est en cours en vue de mettre en place un "fonds intrants" pour, à court termes, alléger le coût des intrants


Roger Dah-Achinanon (DG ECOBANK) : "Cette signature est le reflet de la qualité de la gestion de Sofitex"

Le directeur général de Ecobank est le chef de file du pool bancaire national. Il a assisté à la cérémonie en tant qu’observateur

Que vous inspire cette signature en tant qu’observateur ?

J’ai un sentiment de satisfaction de constater que le pool international soutient fermement la Sofitex. Cela nous conforte dans notre position en tant que chef de file du pool national quant à la justesse de notre choix. L’accompagnement du pool international est le témoignage de la qualité de la gestion de la Sofitex et de la qualité du soutien de l’Etat à cette société. Cela nous réconforte, nous, banquiers nationaux dans l’accompagnement que nous apportons à cette société. Le pool national avait été sollicité pour un financement de 60 milliards, de F.CFA. Mais je vous dis que les intentions de financement des banques allaient bien au-delà de cette somme. Les banques offraient 85 milliards de F.CFA. Il a donc fallu arbitrer.

Vous financez quoi exactement ?

Le pool national ne fait pas que la commercialisation du coton, il finance également les intrants, les facteurs de production sur la base de la confiance ente nous et la Sofitex. La Sofitex est un bon client pour plusieurs raisons. Du point de vue de la gouvernance, de la transparence et de la combativité de ses managers pour mener à bien la restructuration. Toute chose qui apaise les banquiers. Quand le banquier est dans une logique de client transparent, dynamique et combatif, il ne peut qu’accompagner ». Il faut tirer son chapeau aux autorités burkinabé parce qu’il n’y a pas beaucoup d’Etats en Afrique qui soutiennent le coton, comme le Burkina Faso le fait. Ce sont toutes ces raisons qui militent en faveur du soutien massif des banquiers à la Sofitex

On constate que les montants vont croissant d’année en année….

C’est logique. Les montants suivent également la croissance de la production. Plus on encourage les producteurs, plus on relève le prix du kilogramme de coton , plus les quantité produites vont augmenter. Avec les nouvelles dispositions, notamment avec l’introduction du coton bt, on peut s’attendre à de bons rendements à l’hectare et en qualité de la fibre. Finalement, plus il y aura des quantités importantes à exporter, plus on aura besoin de financement pour acheter, égrener et transporter.


Célestin Tiendrebeogo (DG Sofitex) : "Nous sommes dans un contexte où on peut augmenter le prix du coton"

Le directeur général après la signature de la convention s’est prêté à nos questions. Satisfait de ce vingtième accord, il veut pouvoir tirer tous les bénéfices de cette embellie du cours du coton

Comment expliquez- vous ce record de financement pour votre société

C’est la confiance de nos partenaires. Nous avons constaté un engouement des banques tant au niveau international qu’au niveau national

N’Y a-t-il pas un risque de surendettement ?

Non, ce sont des crédits à court terme, remboursable en une campagne » nous devons pouvoir récolter égrener et transporter le coton, le vendre et rapatrier les recettes. Nous n’avons pas la capacité de le faire sans financement des banques. Si on devait attendre de vendre avant de payer les paysans, ils seraient payés en septembre. On est obligé de régler les producteurs rapidement si nous ne voulons pas les décourager. 80% de nos dépenses se font en quatre mois, entre janvier et mars. Pendant cette période, il faut acheter, égrener et transporter »il nous faut donc de la liquidité.

La crise ivoirienne va-t-elle impacter négativement l’évacuation du coton et vos approvisionnements ?

Nous avons déjà connu pire avec la première crise de 2002. Actuellement tout est évacué vers le port de Téma et de Lomé. Tout se fait donc par la route » sinon , ces deux dernières années, nous utilisions le chemin de fer pour évacuer la fibre par le port d’Abidjan qui est notre port naturel. 60% de la production passait par Abidjan. Nous avons donc des surcoûts mais comme je l’ai dit, nous avons connu pire. Actuellement les cours sont bons et même avec les surcoûts, nous nous en tirons. Nos marges seront certes réduites, mais nous resterons bénéficiaires. Nous travaillons pour ne pas avoir des ruptures de livraison dans le cas d’engorgement éventuel de ces deux ports.

Peut-on dire que la SOFITEX se porte bien ?

Nous avons un passif à éponger et nous pouvons le faire avec l’appui de l’Etat. Il est de 26 milliards. Et avec les cours actuels, s’ils se maintiennent, nous pouvons espérer l’éponger. Pendant 6 ans, nous avons eu des déficits. Quand les cours sont bas, les déficits sont là, quand les cours sont élevés nous faisons des bénéfices importants. Si nous avions eu les 6 dernières années le même niveau de production que cette année, on aurait fait des milliards de bénéfices

Vous avez signé une convention de financement, à quoi doivent s’attendre les producteurs ?

Ils vont être payé et rapidement. Vous pouvez le constater sur le terrain. Il est important de payer dès que le coton est enlevé. Il faut que le paysan sache que nous avons la trésorerie pour payer. L’opinion doit savoir que quand nous signons, c’est pour les paysans, les transporteurs. Ce n’est pas de l’argent pour nous comme certains le croient.

Dans votre discours devant les partenaires, vous avez évoqué la restructuration en cours de votre société. Où en êtes-vous concrètement ? Lors de notre dernier conseil d’administration, nous avons décidé de poursuivre les efforts de restructuration parce que la crise que nous avons vécue ces dernières années a causé d’importants déficits au niveau des sociétés cotonnières. Nous nous positionnons pour pouvoir résorber ces différents déficits avec l’appui de l’Etat. Tout se déroule bien pour permettre à la société de pouvoir aborder les bons cours. Nous sommes dans un contexte où l’on peut augmenter le prix du kilogramme de coton, nous l’avons fait. Le prix d’achat est de 200 F.CFA et une ristourne est prévue en avril prochain. Au niveau des cotonculteurs, on constate à nouveau un engouement. Nous nous préparons donc à de grandes productions. Les besoins exprimés le présagent et, si Dieu le veut, avec une bonne pluviométrie, on fera de bons résultats Sinon l’Etat nous a accordé 16,4 milliards de FCFA dans le cadre de la deuxième recapitalisation après les 34 milliards intervenus en 2007.


Jean François Lambert (HSBC), représentant du pool bancaire : "La filière a amélioré sa qualité"

Aujourd’hui, la situation s’améliore pour les matières premières de façon générale et pour le coton en particulier. Avec les incertitudes en Inde et en Australie, le coton africain et surtout burkinabè est en bonne position. Cela fait 12 ans que nous sommes aux côtés de la Sofitex et organisons le pool international . Nous sommes fermement aux côtés de la Sofitex et des autorités burkinabé dans le cadre de la promotion de la filière coton. La filière africaine a connu un développement fort, elle a amélioré sa qualité , sa fiabilité et cela est reconnu par toutes les grandes sociétés qui achètent et continueront d’acheter surtout au Burkina Faso.

Abdoulaye TAO (Envoyé spécial à Paris)

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