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Hervé Taoko, rédacteur en chef du Reporter : « La vraie école de journalisme, c’est le terrain »

Publié le mercredi 26 janvier 2011 à 01h08min

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Dénoncer les actes de détournements, de corruption, de vol, de meurtre…, voilà la voix empruntée par le bimensuel le Reporter. A la tête de sa rédaction, un journaliste chevronné, engagé et très courageux, ne reculant devant rien. En tout cas pas les menaces. Hervé Taoko a fait l’école de journalisme à l’université, puis a suivi d’autres formations à distance. Mais pour lui, la vraie école de journalisme demeure le terrain.

Hervé Taoko est un pur produit du département communication et journalisme de l’université de Ouagadougou d’où il est parti avec la crise universitaire de 1999-2000 sans avoir soutenu son mémoire de maîtrise. Après un passage au quotidien 24H du groupe de presse JJ, puis au bimensuel l’Evènement, Hervé d’Afrique comme on l’appelle atterrit au groupe de presse Le Pays en 2004.

Là, il passera de simple reporter à rédacteur en chef tant au niveau du quotidien, de l’hebdomadaire Evasion que du mensuel Notre Santé. Parallèlement, il suit plusieurs formations à distances. En 2007, la volonté de s’affirmer pleinement l’amène à quitter les Editions Le Pays. Avec Boureima Ouédraogo, un ancien de ce groupe de presse, ils fondent Le Reporter, un mensuel au départ, devenu bimensuel depuis juillet 2009 dont il assure la rédaction en chef. Il est donc le premier répondant quant au contenu. Une lourde responsabilité d’autant plus que son journal aime s’attaquer aux sujets sensibles à travers des enquêtes et des grands reportages. Des genres nobles mais dérangeants et les menaces ne manquent pas. Mais, l’enquête nécessite du temps, du courage, de la conviction et surtout un très grand professionnalisme. Lorsqu’on parle d’un détournement, d’un vol, d’un meurtre ; il faut avoir les preuves.

S’il y a un document, il faut l’avoir, le scanner au besoin. Hervé se rappelle ses cours à l’université. Mais, les genres nobles nécessitent d’autres aptitudes. « C’est vrai qu’à l’université, on nous apprend ce qu’est l’enquête, le reportage, l’éditorial, (…) mais la vraie école c’est le terrain », rappelle-t-il. En fonction des situations, il faut développer des initiatives personnelles car les sources publiques ne donnent pas toujours l’information. Mais, même ces sources ne sont pas suffisamment exploitées par les journalistes burkinabè, selon Hervé Taoko. « C’est le rapport 2006 de la cour des comptes qui nous a lancés », confesse-t-il. Avec l’affaire des villas de la CNSS. Des tentatives d’intimidations, des menaces de procès et même des menaces de mort ont été brandies pour étouffer l’affaire. Mais, que nenni ! Hervé et son équipe ont tenu bon, car ils avaient « l’information, la vraie ».

Réaction appropriée de l’autorité : notre satisfaction

Heureusement, en prenant ces risques, Hervé et son équipe ne prêchent pas dans le désert. « On a l’impression et on a même les preuves que les choses avancent à certains niveaux », souligne-t-il. L’opinion publique s’approprie les questions d’intérêt général qu’ils soulèvent. Mieux, les affaires Nestlé, les villas CNSS ou encore l’utilisation des véhicules de l’Etat au congrès du CDP de juillet 2010 ont connu une réaction appropriée du premier ministre.

Le Reporter est présent dans les 45 provinces du pays et fait écho des cas de malversations qui s’y passent à travers sa rubrique « envoyé spécial ». De ce fait, aujourd’hui « le reporter fait partie des médias qui comptent », se réjouit son rédacteur en chef.

Le MBDHP, la SEP, l’AJB, le CSC, les Reporters du Faso, le centre de presse Norbert Zongo, etc. se sont mobilisés pour apporter leur soutien au Reporter lorsque ses rédacteurs ont reçu des menaces de mort dans l’affaire des villas CNSS. Ils l’ont fait par principe, mais aussi parce que Hervé répond toujours présent partout où on défend l’intérêt supérieur de la profession de journaliste. D’ailleurs, « mon seul travail, c’est le journalisme », confie Hervé Taoko qui a positivement accueilli cet élan de solidarité exprimé par les confrères.

Lauréat d’un galian en interview, Hervé Taoko est aussi lauréat du prix anti-corruption du REN-LAC aux deux dernières éditions. « C’est des compétitions qui peuvent permettre de s’améliorer », reconnait-il, même s’il présente rarement ses œuvres en compétition. En plus du Reporter, Hervé est le correspondant d’un grand journal américain, non moins célèbre, dont il a souhaité taire le nom. Ses collaborateurs actuels ainsi que les anciens lui reconnaissent son professionnalisme, même s’ils ne partagent pas toujours ses convictions et ses approches.

Moussa Diallo

Faso-tic.net

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Vos commentaires

  • Le 26 janvier 2011 à 03:32, par Inoussa Verite En réponse à : Hervé Taoko, rédacteur en chef du Reporter : « La vraie école de journalisme, c’est le terrain »

    du courage mon frere. Grace à ton journal bcp de choses bougent au Faso à defaut les bandits au col blanc ne narguent plus la population avec leur forfaiture. Pour preuve vous avez fait bouger les choses avec l’Affaire de Jerome Bougma, La CNSS, et les vehicules de l’Etat. Nous t’aimons et t’encourageons bcp à partir des USA.

  • Le 26 janvier 2011 à 19:28, par Sidsoaba En réponse à : Hervé Taoko, rédacteur en chef du Reporter : « La vraie école de journalisme, c’est le terrain »

    Moussa, ce que tu as dit est vrai. Voyez l’affaire du FDE où Marie Blanche BADO a voulu s’attaquer à Hervé. Elle a vite fait de changer d’adversaire en attanquant ses collaborateurs. Ceci a valu l’exclusion du Directeur Technique du FDE et par la suite sa démission. Dommage que l’enquête ne s’est pas poursuivie et que Mme BADO ait pu impunément reglé les comptes de certaines personnes compétentes et continue de se la couler douce pendant que d’autres triment dans la rue. Bref, ainsi va la vie au Faso.

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