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ABOUDOU DABO DABS, ADMINISTRATEUR GENERAL DES PRODUCTIONS DU NAHOURI : "La musique burkinabè avance en production mais régresse en promotion"

Publié le vendredi 14 janvier 2011 à 00h07min

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Ancien administrateur de la Fédération des festivals et des manifestations culturelles du Burkina, observateur des filières musique et festival du Burkina, Dabo Dabs, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est un acteur de la musique burkinabè en particulier et de la culture en général. Producteur, éditeur, consultant et manager, cet observateur avisé de la musique burkinabè a à son compteur la production de plusieurs artistes et a été à l’origine de la tournée de la plupart d’entre eux en Europe. Dans les lignes qui suivent, il expose les acquis et les visions de sa structure créée depuis 1994. Il fait cas également des Kundé et de la grande nuit culturelle spécial cinquantenaire dénommée "Ecran 60".

"Le Pays" : vous êtes l’administrateur général des productions du Nahouri. Dites-nous ce que vous faites exactement dans cette structure.

Dabo Dabs : Ma structure s’appelle les Productions du Nahouri qui est une structure de promotion et de production des oeuvres culturelles. C’est une structure créée le 5 mars 1994 qui était orientée dans un premier temps vers le spectacle et l’image. Après nous avons vu qu’il fallait élargir le champ d’action de la structure vers la dimension promotion. C’est dans ce sens que nous l’avons rebaptisée Productions du Nahouri. D’une entreprise commerciale au début, nous l’avons changée pour qu’elle devienne une association. Au niveau des Productions du Nahouri, nous faisons beaucoup de choses à la fois. Nous faisons des études, nous donnons des conseils et des formations musicales, nous produisons et nous faisons la promotion des oeuvres des artistes et nous les accompagnons. En plus, nous faisons des échanges culturelles entre nos artistes et ceux de l’extérieur. Le but étant de leur permettre d’avoir plus d’expériences et de tournées internationales.

Combien d’artistes avez-vous produit depuis la création de la structure ?

Nous avons produit beaucoup d’artistes depuis 1994, date de la création de la structure. Je peux citer Away Gérard, la coalition intergroupe du Burkina Faso qui est une compilation, il y a Foi qui se présente aussi comme une compilation. Dans le cadre de la promotion, nous avons emmené, surtout en 2010, 3 artistes en Europe pour une tournée. Cela répond à un des objectifs de la structure qui est d’emmener 5 artistes par an en Europe. Parmi eux, il y a Sana Bob. Nous espérons qu’en 2011, nous allons réussir notre pari en envoyant les cinq artistes comme prévu.

Vous êtes également observateur et consultant de festivals. Que faites-vous exactement à ce niveau ?

En plus du travail que je fais au niveau des Productions du Nahouri, je suis un consultant de festivals. J’ai été administrateur de la fédération des festivals et des manifestations culturelles du Burkina Faso pendant quatre ans. J’ai pu acquérir beaucoup d’expériences au cours de mon mandat. Des expériences que j’essaie de mettre en pratique en conseillant les organisateurs des différents festivals du Burkina. A ce propos, j’ai eu à accompagner à titre d’exemple le festival Watinoma qui s’est déroulé du 27 au 31 décembre 2010, le festival Sahel culture à Djibo.

Quelle lecture faites- vous de la musique burkinabè en général ?

La musique burkinabè avance en production mais régresse en promotion. Dans les années 1999 à 2000, on avait moins de productions musicales que maintenant. Par contre, ce qui est déplorable c’est que la promotion de ces oeuvres fait défaut. Cela est dû au fait que les médias ne respectent pas les cahiers de charges du Conseil supérieur de la communication et à l’auto-production des artistes. On joue moins les artistes burkinabè et il n’y a pas assez d’émissions pour permettre aux artistes de s’exprimer.

En 2010, il y a eu diverses manifestations culturelles parmi lesquelles les Kundé dont celui d’or est revenu à l’artiste musicien Floby et la grande nuit spécial cinquantenaire dénommée "Ecran 60". Quels commentaires faites-vous de ces événements ?

Pour ce qui est des Kundé, je crois que c’est une initiative louable et à encourager parce que, quoi qu’on dise, c’est une manifestation qui permet la promotion de la musique burkinabè. Cette année, Floby a décroché le Kundé d’or et je pense qu’il le mérite bien. Reste maintenant pour lui de travailler pour confirmer le bien qu’on pense de lui et de montrer que le jury a fait un bon choix en le lui décernant. Pour ce qui est de l’organisation de cet événement, je pense qu’en plaçant l’édition 2010 sous le signe du cinquantenaire qui marque en même temps le 10e anniversaire des Kundé, Jah Press et ses camarades auraient pu au moins faire jouer tous les artistes qui ont remporté le Kundé depuis sa première édition. Par ailleurs, ils auraient pu inviter les artistes burkinabè des années 70 ou 80. Ils ont pris rien que la jeune génération. Et je pense qu’on n’a pas besoin d’un grand show comme ils l’ont fait pour un Kundé.

Les organisateurs ont mis l’accent sur l’ouverture vers l’extérieur au détriment des artistes locaux, alors que l’objectif de cet événement est la promotion des artistes locaux. Quant à "Ecran 60", je crois que les organisateurs ont péché dans la vision du concept. Je pense que pour célébrer le cinquantenaire de l’indépendance du Burkina, il est tout à fait insuffisant de faire appel à deux artistes seulement au niveau local, en l’occurrence Idak Bassavé et Jean Claude Bamogo. En invitant le frère de Michael Jackson, je ne sais pas qui est- ce qu’ils voulaient faire rêver. Je pense que cela n’a pas été une bonne idée. En plus, quand on a entendu "Ecran 60", on s’attendait à vivre des sonorités musicales des années 60 jusqu’à nos jours. Ce qui n’a pas été le cas. Si c’était à reprendre, je leur conseillerais de revoir leur organisation.

Quels projets avez- vous déjà pour l’année 2011 qui s’annonce ?

Pour cette année 2011, nous allons rester dans notre vision de promotion de la culture burkinabè. Nous allons faire notre possible pour envoyer 5 artistes en Europe pour des tournées. Nous avons dans notre compteur assez d’artistes à enregistrer et beaucoup de projets d’accompagnement de festivals. Nous avons donc un calendrier bien chargé en cette année 2011.

Propos recueillis par Yannick SANKARA

Le Pays

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