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Prise d’otages au Niger : Polémique indécente autour de deux cadavres

Publié le jeudi 13 janvier 2011 à 01h56min

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Unis dans la course-poursuite contre les terroristes qui ont enlevé vendredi deux ressortissants français dans la capitale nigérienne, Paris et Niamey sont aujourd’hui divisés, après l’échec de l’opération, sur la suite du rapt. Alors que les corps des deux victimes sont arrivés hier mercredi à l’aéroport parisien Charles-de-Gaulle, on n’en sait toujours pas davantage ni sur le déroulement de l’enquête ni sur le modus operandis de l’intervention militaire conjointe, encore moins sur les circonstances exactes de la mort des deux jeunes, tous âgés de 25 ans.

Autorités nigériennes et françaises semant la cacophonie totale, au mépris à la fois de la décence qu’impose le respect dû aux morts et de la douleur des familles, qui ne demandent qu’à pleurer dans la tranquillité leurs proches avant d’espérer savoir ce qui s’est réellement passé.

Raison d’Etat ou stratagème de chacune des deux parties, qui se rejettent la responsabilité du fiasco de l’opération ou encore signes de veulerie pour ne pas s’attirer la furie du tentacule sahélien de la pieuvre Al-Qaïda ?

En attendant que l’autopsie annoncée des corps nous apporte plus de lumière sur ce drame, des questions rageuses taraudent bien des esprits.

Antoine de Leocour, qui s’apprêtait à convoler en justes noces avec sa fiancée nigérienne, et Vinvent Delory ont-ils été tués par leurs ravisseurs pendant ou après le raid, sur le lieu de l’attaque ou ailleurs ?

Et si finalement les deux jeunes avaient été victimes, par mégarde, des balles du commando parti les délivrer des mains des hommes de main de Mokhtar Belmokhar, proconsul de Ben Laden dans le Sahel ? Cette dernière question fâche ? Alors, elle mérite d’être posée. Et elle le sera jusqu’à preuve du contraire.

En attendant, revenons sur cette partie de poker menteur qui se joue sur les cercueils, dont le vernis n’a pas encore séché : mercredi dernier, pour le ministre français de la Défense, Alain Juppé, et bien avant lui le chef du gouvernement, François Fillon, deux terroristes alpagués auraient été remis aux enquêteurs nigériens pour interrogatoire.

« Faux », ont immédiatement rétorqué les autorités nigériennes, par l’intermédiaire d’Ousmane Cissé, titulaire du portefeuille de l’Intérieur : « Il n’existe pas actuellement de terroristes auditionnés par nos services ».

Mais attendez ! Si des auteurs de cet enlèvement ont pu être appréhendés lors de l’attaque de leurs véhicules sur le territoire malien, ils n’ont certainement pas été acheminés au pays du Ténéré sous forme de colis postaux ! A moins qu’ils aient été expédiés mais ne soient pas arrivés à destination !

C’est à croire, faute de ne pas savoir qui croire, que Paris et Niamey "se cherchent" dans cette lutte armée, « sans faille ni faiblesse » (l’expression est de Nicolas Sarkozy), contre le terrorisme. Ce n’est pas une couleuvre que l’on tente de nous faire avaler, mais plutôt un anaconda des sables.

L’une des deux parties prenantes à l’affaire ment de façon éhontée. Pour quelle raison ? On le saura un jour. Car le mensonge n’a pas indéfiniment le dessus.

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga

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