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Boukary Sawadogo, président section football de l’EFO : « Il n’y a pas d’urgence à recruter un nouvel entraîneur »

Publié le jeudi 13 janvier 2011 à 01h56min

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Au lendemain de sa défaite face à l’USO le dimanche 9 janvier dernier, l’Etoile filante de Ouagadougou s’est aussitôt séparée de son entraîneur, l’Ivoirien François Monguéi Guéi. Dès lors, les supputations vont bon train pour le choix de son successeur, même si l’intérim est pour le moment assuré par l’adjoint, Jaurès Baia. On parle çà et là de Pihouri, de Krool, de Lato et même de techniciens étrangers. Pour en savoir plus, nous avons tenté de tirer le ver du nez du président de la section football de l’EFO, Boukary Sawadogo.

L’on ne nous reprochera certainement pas de ne l’avoir pas cuisiné, mais ce dernier n’a pas voulu livrer de nom. Il a quand même donné quelques pistes, notamment les prospections vers la Guinée et le Ghana, sans oublier la possibilité de faire confiance à l’expertise nationale.

Monsieur Sawadogo, on ne peut pas dire que l’Etoile filante se porte bien en début d’année ?

Eh bien !! On ne peut pas dire qu’on se porte bien. Vous-même vous le savez, ou bien vous voulez une confirmation ?

Pourquoi pas ?

Ecoutez, quand on est dernier de Ouaga, on ne peut pas s’en féliciter…

Mais on ne peut pas non plus dire que la situation est alarmante. On n’est qu’à la 6e journée du championnat, vous êtes à 7 points du leader !

Je pense que ce ne pas une situation alarmante vu qu’il n’y a pas un décalage important. Le club peut se ressaisir ; il suffit de faire une ou deux victoires et que certains fassent deux matchs nuls. Il est vrai qu’en calcul, la théorie est différente de la pratique. Mais il n’est pas exclu que ceux qui sont devant nous fassent des matchs nuls pendant que nous, nous enregistrons des victoires.

C’est quand même l’EFO ; quelle que soit votre forme du moment, toutes les équipes tremblent lorsqu’elles vous rencontrent ?

Oui, mais même les rencontres où nous avons fait des matchs nuls ou une défaite, nous n’avons pas été ridicule. Peut-être que certains compartiments du jeu n’ont pas bien fonctionné, mais l’Etoile reste elle-même. Si vous avez suivi notre opposition à l’ASFA-Y, vous vous rendrez compte qu’on a encore du potentiel.

L’actualité des Bleu et Blanc, c’est le départ de votre entraîneur, Monguéi Guéi François ; qu’est-ce que vous lui reprochez exactement ?

Ce qu’on reproche au coach, c’est le résultat. En dehors des détails, des cris des éléments qui amènent à la mesquinerie, c’est le résultat global qu’on regarde. Quand un club de cette taille est dernier de Ouaga à la 6e journée, il faut se poser des questions. Est-ce qu’on mérite d’être à cette place ?

C’est vrai que la responsabilité peut être partagée, mais en premier lieu, c’est le coach qui doit supporter ça, parce que tous les moyens ont été mis à sa disposition. Généralement on dit que quand on veut les résultats, on adjoint les moyens. Donc si les moyens ont été mis en œuvre, on ne peut qu’en attendre les résultats. Je crois que c’est ce qui a été fait.

Hormis les moyens, il y a aussi qu’au sein de votre infirmerie il y avait quelques joueurs cadres blessés.

Oui ! Quelques joueurs étaient blessés, mais ce ne pas forcément des joueurs indispensables pour gagner un match. C’est vrai que c’est des joueurs clés, mais ceux qui les remplacent sont aussi valables même s’il y a souvent une préférence par rapport à ces derniers.

Je crois que ça n’a pas entamé le niveau de compétence de l’équipe. C’est peut-être des insuffisances de la part du coach ; parce qu’un joueur blessé doit être valablement remplacé. Il y avait juste 2 blessés titulaires qui n’ont pas joué en plus du gardien Amadou Séré et d’un milieu de terrain.

Mais en ce qui concerne le milieu, on en a suffisamment, parce qu’il y a Soungalo Koné qui est nettement en forme. Celui dont l’absence est remarquable, c’est Ernest Traoré au niveau de la défense. Mais vous savez que là bas aussi, on a de la doublure. En dehors de ces trois-là, je ne vois pas quelle absence peut empêcher l’atteinte des résultats ; surtout que ce ne sont pas les buteurs qui sont blessés et que la défense n’encaisse pas.

A vous écouter, vous semblez dire que quand on est dernier de Ouagadougou, c’est alarmant. Autant dire que votre entraîneur fait les frais de la règle qui renvoie en division inférieure, le dernier club de la capitale ?

Non, non, et non ! Loin de là. Etre dernier de Ouaga, c’est vrai que ce n’est pas un bon palmarès. L’Etoile filante c’est un club d’élite. A chaque fois qu’on joue, on veut être champion, on veut prendre la coupe du Faso, on veut sortir en campagne africaine. Donc, il y a toute une pression.

Vous savez que ça fait pratiquement 3 ans qu’on n’arrive pas à se hisser au sommet de la pyramide. Ce n’est pas forcément le fait d’être dernier de Ouaga, mais nous cherchons à construire une équipe compétitive. Si le coach n’arrive pas à le faire pour le temps qu’il a passé, je crois qu’on doit en tirer les leçons.

Monguéi Guéi a pris le club l’année passée avec un effectif remanié à 80% ; quelle était la sa mission ?

Nous n’avons pas imposé de consignes. Nous visions des résultats. Donc on lui dit : voici ce que nous voulons et voilà ce que l’on a. C’est à lui de dire ce qu’il veut en plus de ce qu’on lui propose comme ressources pour pouvoir faire le travail, c’est-à-dire les hommes, les finances et autres. Je crois que quand il est arrivé, il a trouvé un effectif qui pouvait jouer le championnat.

Si vous fouillez dans vos archives, vous allez constater que malgré la libération d’un nombre important de joueurs, c’est l’effectif restant qui a joué le championnat et qui s’est classé 2e du championnat. Ça veut dire que le balayage n’a pas été inutile. On a bien regardé avant de libérer les joueurs. La preuve en est que le RCK qui les a accueillis, s’est vu reléguer en D2.

Si nous avons estimé que des joueurs n’étaient pas performants par rapport à un certain nombre de circonstances, cela ne signifie pas qu’on ne voulait pas être champion. Je crois que c’est aussi une leçon à tirer pour les autres.

Mais au-delà de tout cela, il faut préciser que l’Etoile avait l’effectif le plus important au Burkina, mais les journalistes n’en parlent pas. Les clubs ont autour de 30. Mais nous, nous étions à 44 joueurs, sans compter les jeunes qui étaient là comme des stagiaires. Alors si vous prenez un effectif qui tend vers 50, et si l’on ôte 15, il reste un paquet qui peut jouer le championnat.

N’empêche que vous avez rappelé Eric Soulama, Jean Noël Lingani … ?

Oui ; j’ai dit la dernière fois qu’Eric Soulama, ce ne pas le président de la section foot qui l’a rappelé. Nous, quand on fait des choix, on le fait parce qu’on veut avancer. Je pense que le cas de ces joueurs qui étaient au RCK et qui sont revenus, c’est le coach qui a exigé leur retour. Il nous a dit que s’il a ces éléments-là, il pouvait être champion.

Ecoutez, on ne peut pas refuser d’être champion. Donc on valide le choix. Si c’est fait, il n’y a pas de raison que les résultats ne suivent pas. Il faut que vous sachiez que personne n’impose un joueur à un coach à l’EFO. J’ai toujours dit que le président ne recrute pas un joueur. Il est là pour pister. Le coach opère ses choix et on valide. La décision technique revient à l’entraîneur et la décision financière, au club.

L’année passée, de l’ensemble des joueurs que nous avons convoyés pour que le coach fasse sa sélection pour complément d’effectif, il a retenu 10 à 15. Et tenez-vous bien, il n’y a que 2 ou 3 qui ont joué. Et le plus utilisé a disputé 3 matches. Or personne ne l’avait obligé à les recruter. Et cette année, il a libéré pratiquement 100% des recrues de 2009-2010. Et si les résultats ne suivent pas, il y a de bonnes raisons de le limoger.

L’intérim est assuré par son adjoint ; est-ce pour un bout de temps ou bien Baia Jaurès sera confirmé au poste de numéro 1 ?

Nous sommes en train de travailler là-dessus avec les premiers responsables. Nous essayons aussi de faire des prospections. Pour le moment, Jaurès assure l’intérim, mais il n’est pas exclu qu’il soit confortable dans sa position si toutefois il donne de bons résultats. Pour le moment, nous n’excluons rien.

Vous laissez combien de temps à l’intérimaire pour qu’il fasse ses preuves ?

Ce n’est pas une question de temps. Nous observons et analysons l’ambiance du groupe. Je pense qu’il n’y a pas le feu dans la maison. Nous sommes serein.

Des voix font dire que vos pistes vous mèneront à Krool Zerbo, Pihouri Weboanga et même à un ancien de la maison bleu blanc, Ousmane Compaoré Lato. L’éventail est-il plus large que ça ?

Ecoutez, l’éventail est plus large que ça, car nous ne cherchons pas uniquement parmi les personnes ci-dessus citées. On est là et on examine. Nous voulons quelqu’un qui soit capable de nous produire des résultats. Et dans cette quête, il n’y a pas de frontière. Nous cherchons toujours…

Vous parlez de frontière géographique ?

Oui, bien sûr. Que ce soit quelqu’un de l’extérieur ou d’ici, nous sommes regardant sur l’exigence de résultats. On n’a pas en tout cas fixé des idées sur une personne.

Mais vous savez dans quelle direction vous partez ; vous avez des vues sur certaines personnes ?

Oui. Personnellement, j’ai des vues. Mais chacun à les siennes. Je ne peux pas vous dire à qui je pense. Le choix de notre coach revient à toute l’équipe dirigeante. Les gens vont se concerter et voir, par rapport à nos moyens, celui qui peut conduire notre club à bon port. Chacun va exposer ses arguments. Et en dernier ressort, nous allons trancher.

L’entraîneur adjoint actuel des Etalons cadets, Séraphin Dargani, ne vous intéresse-t-il pas ?

Quand on dit que quelqu’un ne vous intéresse pas, cela suppose que vous le rendez ridicule ou que vous le négligez. Dargani est un bon coach, mais dire qu’il nous intéresse, c’est comme si on a porté notre choix sur lui. Il fait partie de nos prospections.

Et qui d’autres encore ?

Eventuellement tous ceux qui sont libres et qui sont compétents.

Tout le monde ne peut pas entraîner l’EFO, président !

C’est vrai, mais quand vous prenez dans l’éventail, vous-même vous savez qui peut entraîner l’EFO. Nous faisons des prospections en Guinée, au Ghana. Cependant, on n’est pas pressé, au risque de créer d’autres problèmes.

Quand un championnat est à la 6e journée, il faut faire beaucoup pour ne pas créer une rupture de style qui peut amener le désordre au sein de l’équipe. Donc nous essayons de faire un travail. Aujourd’hui en tout cas, ce n’est pas une urgence dès lors que l’intérim est assuré. Nous irons tout doucement pour trouver la personne indiquée.

Il y a également qu’on sent un manque de motivation dans votre club. Est-ce que les joueurs sont dans de bonnes conditions ?

L’Etoile est le club qui paye le mieux et régulièrement ses joueurs au Burkina. Je n’ai pas les statistiques des autres. Qu’à cela ne tienne, les échos qui me reviennent montrent que nous sommes à jour. C’est vrai que pour ce mois-ci, nous sommes en retard, mais si vous comptez le nombre de clubs qui n’ont pas payé x fois les mois de salaires, ce n’est pas négligeable.

Mais tout le monde n’est pas l’EFO ?

Oui, mais tout le monde est au Burkina. Quand vous jouez contre des clubs qui ne sont pas plus à l’aise que vous, vous ne pouvez pas évoquer l’argument de traitement.

Y a-t-il une tension de trésorerie à l’Etoile filante ?

Non pas du tout. Les ressources sont telles qu’elles ne sont pas pré-mobilisées. Ça fait qu’on a l’impression que c’est une absence de ressources, mais en réalité, vous savez que l’EFO n’est pas une entreprise où l’on programme les ventes et les achats pour pouvoir dégager les sorties de fonds.

Les clubs comptent sur des partenaires et vous savez par exemple que si le partenaire est absent du pays, si vous voulez des ressources qu’il a promises, il faut bien qu’il revienne. Il y a des choses comme ça qui font que forcément, on ne peut pas dire qu’on a des problèmes. On a toujours réglé l’ensemble des dus des joueurs.

Pour la saison passée, on ne doit à aucun joueur, encore moins à un fournisseur. Je pense que les joueurs sont bien traités à l’Etoile. En plus, il y a de petits gestes que l’on fait à nos éléments. Ce qui est coutumier dans tous les clubs.

Je comprends que celui qui s’attend à un salaire et qui voit qu’à la fin du mois, il ne reçoit rien, il peut être un peu vexé. Mais je dis que ce n’est pas un motif pour occasionner de mauvais résultats.

Il faut que les footballeurs se départent de l’idée qu’ils jouent la contrepartie du salaire. Si quelqu’un pense de la sorte, il a perdu le football. Car il faut espérer aller loin. Lorsqu’un joueur est à Chelsea par exemple, il espère mieux que Chelsea, même si à l’instant T, le club londonien est le meilleur.

Je veux dire qu’il ne faut pas jouer le ballon de 100 000 F parce que c’est le salaire de 100 000 F. Si vous vous entêtez à jouer le ballon de 100 000 F, vous allez rester à Ouagadougou avec nous. Et ici, vous n’aurez pas de retraite, vous ne pourrez pas survivre quand vous aurez 40 ans ou 50 ans. Et c’est nous qui allons continuer à vous donner 500 ou 1000 F ; si nous sommes là, bien sûr. C’est quelque chose que les joueurs doivent intégrer dans leur comportement.

Comment expliquez-vous que des clubs qui ont 4 ou 5 mois d’arriérés de salaire battent des clubs à jour ? Ça veut dire qu’il y a des joueurs qui veulent aller loin. Ceux-ci veulent se voir plus tard dans des clubs plus nantis. Si ceux qui sont dans des équipes où le salaire est régulier regardent autre chose que d’aller ailleurs, ils auront perdu. Ceux qui sont en bas vont toujours les gagner parce qu’ils cherchent leur place.

Interview réalisée par Kader Traoré

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 13 janvier 2011 à 12:01, par john,bf En réponse à : Boukary Sawadogo, président section football de l’EFO : « Il n’y a pas d’urgence à recruter un nouvel entraîneur »

    Je suis un admirateur(pas supporteur car je ne puis appuyer financièrement le club) de l’EFO depuis ma tendre jeunesse. Mais, avouons que les résultats que nous avons maintenant n’ont jamais existé. Même si le coach a failli, force est de reconnaître que les dirigeants aussi ont leur part de responsabilité. En effet, lorsque celui-ci déclarait l’année passée que l’EFO jouait pour le maintien, j’ai cessé d’aller au stade car l’entraîneur était sans ambition. Les dirigeants n’avaient pas rectifier cette bourde. Je suppose que ces déclarations ont été alors à la mesure des objectifs des dirigeants. C’est pour cela, je dis que le football doit revenir aux footballeurs et les finances aux bailleurs de fonds. Quand Zico était là, les résultats avaient suivi. Aussi, au lieu de faire la valse des joueurs et maintenant les entraîneurs, Le dirigeant section football surtout devrait être un ancien joueur (Professionnel de préférence) et monsieur SAWADOGO chef de file des bailleurs du club. Vous verrez immédiatement les résultats point barre !

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