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Guinée : Le bourreau et la victime demandent à rentrer

Publié le jeudi 13 janvier 2011 à 01h57min

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Toumba Diakité

On ne l’avait plus entendu depuis le 16 décembre 2009 lorsqu’il était sorti du bois pour annoncer sur les ondes de RFI (Radio France Internationale) qu’il refusait de porter le chapeau des massacres et autres violations des droits humains commis le 28 septembre de la même année au stade de Conakry. Mais voilà qu’hier, 12 janvier 2011, le lieutenant Toumba Diakité, l’ancien aide de camp du chef de la junte guinéenne d’alors, le capitaine Moussa Dadis Camara, s’est de nouveau exprimé sur les ondes de « la radio mondiale ».

De cette deuxième sortie médiatique on retient principalement que l’homme qui a attenté à la vie de Dadis souhaite ardemment retourner dans son pays et ne plus être inquiété par la justice guinéenne. Pour cela, il demande que les nouvelles autorités de la Guinée passent l’éponge sur son passé à travers un mécanisme d’amnistie.

Le problème, si problème il y a, c’est qu’au même moment, son ennemi juré, son ancien patron, venu du Maroc pour achever sa convalescence à Ouagadougou, manifeste aussi depuis un bout de temps le désir de regagner le bercail. Autrement dit, le bourreau et la victime demandent à rentrer à la maison.

Si Conakry accédait à leur requête, on créerait alors les conditions optimales pour une rencontre fatale entre deux duellistes, entre deux personnes qui ont toutes les raisons de se détester à mort. Un face-à-face fortuit entre les deux hommes au détour d’une rue pourrait suffire à déclencher un incendie. Sans oublier que, par personnes interposées, leurs sbires notamment, les deux « bandits chefs » pourraient se livrer une véritable guerre de gang. Ce n’est pas seulement de la fiction…

D’ailleurs, avant-hier au micro d’Olivier Roger, Toumba n’a-t-il pas, à propos de Dadis, déclaré sur un air martial que : « celui qui se met sur mon chemin me trouvera ? » Une déclaration malheureuse qui prouve à souhait que l’ancien bouillant lieutenant ne s’est pas du tout assagi avec le temps. A moins que Conakry ne veuille prendre un risque inconsidéré, le moment n’est pas encore venu de permettre aux deux anciens camarades de se croiser.

Cette interview de Toumba Diakité a été diffusée au moment où le nouveau président, Alpha Condé, vient de promouvoir certains membres de l’ex-junte. Parler sur RFI serait-il une façon pour l’adversaire de Dadis de se signaler auprès des nouvelles autorités afin qu’elles n’oublient pas de lui tendre la main… ?

Toumba est fondé à le faire, d’autant plus que, quelque part, à y regarder de près, il est une sorte de messie, un adjuvant de la démocratie guinéenne. Il est vrai que sans sa balle traçante du 3 décembre 2009, la démocratie aurait certainement eu du plomb dans l’aile avec notamment un chef de junte qui était décidé à troquer le treillis contre le costume, pardon, le boubou dont raffolent les hommes politiques de ce pays.

Ainsi, pour service rendu à la Nation, le tombeur de Dadis espère que la patrie lui sera reconnaissante en ne lui créant pas d’ennuis judiciaires, lui qui a permis de rectifier la trajectoire que prenait le patron de la junte et permis un vite retour de la Guinée à une vie constitutionnelle normale.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 13 janvier 2011 à 11:16, par djorio En réponse à : Guinée : Le bourreau et la victime demandent à rentrer

    Le duel virtuel (pour l’instant) entre ces deux hommes est un fait indéniable mais la question du massacre du 28 septembre devrait à mon sens plus préoccuper l’opinion publique. Qu’en est-il des conclusions de l’enquête ? Si elles existent, quel est le niveau d’implication de l’un et de l’autre ? Il serait trop beau de passer sous silence ces événements sous pretexte que l’attentat de Toumba a contribué à faire partir quelqu’un quiu avait des vélleités de maintien au pouvoir. Sans compter que le fait d’attenter à la vie de quelqu’un demeure un délit (même en Guinée) et de fait, l’actedecrait l’objet de poursuite.

  • Le 13 janvier 2011 à 12:12 En réponse à : Guinée : Le bourreau et la victime demandent à rentrer

    JE NE SUIS PAS DACORD AVEC VOUS MONSIEUR LE JOURNALISTE.
    TOUMBA SEST SACRIFIE QUIL PAYE LE PRIX§
    SI CEST COMME SA ON VA PARDONNER TOUS LES ASSASSINS DU CONTINENT AFRICAIN§
    JE VOUS EN VOTRE ARTICLE LANPATHIE POUR DADIS SEULEMENT§
    JE VOIE QUE LA RENTRE DE DADIS DOIT PRECEDER CELLE DE TOUMBA§

  • Le 13 janvier 2011 à 12:13, par john,bf En réponse à : Guinée : Le bourreau et la victime demandent à rentrer

    Je propose que la CEDEAO impose à Laurent Gbagbo de nommer Toumba comme son aide de camp. Le reste suivra:une balle traçante, Gbagbo évacué au Maroc ou en Gambie, c’est au choix, une convalescence du côté du Ghana, le temps que les institutions se mettent en place et on aura épargné le peuple ivoirien du cauchemar qu’il vit actuelement. Dieu sauve l’Afrique !

  • Le 13 janvier 2011 à 13:31, par journaleux En réponse à : Guinée : Le bourreau et la victime demandent à rentrer

    que de confusion ! que de méli-mélo ! qui vous dit que Toumba était le tireur ? qui vous dit qu’il a rectifié en quoi que ce soit le cours des choses en Guinée puisque Dadis Camara sauvé, avait depuis le Maroc demandé à reprendre ses fonctions dans son pays ? que fait ce Dadis au Burkina que faites vous du ministre des affaires étrangères françaises qui à l’assemblée nationale de son pays a déclaré qu’il fallait laisser le Capitaine Dadis finir ses jours là où il était (au Maroc)......... Faites un effort pour mériter l’attention de ceux qui font l’effort de vous lire. Courage tout de même

  • Le 13 janvier 2011 à 15:02, par martopilon En réponse à : Guinée : Le bourreau et la victime demandent à rentrer

    cette histoire la n est pas claire. ou est Toumba et c est RFI seul qui peut le joindre. La France n est pas claire dans cette histoire. Vigilence....

  • Le 13 janvier 2011 à 19:11 En réponse à : Guinée : Le bourreau et la victime demandent à rentrer

    Je n’ai jamais cautionne Dadis a part les quelques mois d’ euphorie qui ont suivi son coup d’etat fait sur un cadavre. Ca devait meme suffire pour savoir que c’etait une passation de service dans les regles de l’art guineen. Des officiers qui retrouvent leurs couilles quand disparait le tyran.
    Mais mon opposition n’etait pas un anti- Dadisme primaire. J’avais reussi a lire dans son anti- imperialisme, une ruse populiste pour mieux s’accrocher au pouvoir. Dadis n’etait guere mieux que tous ces galonnes qui profitent de leurs tenues et baionettes payees sur le dos du peuple pour s’ enrichir. A la difference des autres galonnes qui plastronnent sur les pauvres civils mais si vils de par leur compromission, de par le fait qu’ ils sont toujours l’eminence grise de cette soldatesque a peine lettree, les plus instruits n’ayant fait en fait que le bac mais imbus d’ une pluridisciplinarite douteuse pour avoir suivi ici et la quelques formations et seminaires qui leur apportent en plus d’ obscurite que de lumiere ; ces autres galonnes donc sont plus lucides, ne serait- ce qu’ ils ne dejeunent pas au yamba et autres krak. Dadis, quant a lui, etait un fou qu’ il fallait lier avec des cordes de lianes. Mais on ne l’ a pas fait ; il a donne des ordres pour violer a l’ air libre et en plein jour, Soubahanalaye !et tuer pres de 200 guineens qui manifestaient a l’ interieur d’ un stade, donc qui ne menacaient ni les personnes ni les biens. Il doit repondre blesse ou pas blesse. Je n’ai aucune pitie pour Dadis meme au moment ou il fait semblant d’ eliciter notre pitie. Mais Toumba aussi doit repondre parce qu’ il a attente a la vie des populations et aussi, il a tente d’ assassiner un president. Ce president a beau s’ appeler Dadis, il a beau etre came, sa personne etait presidentielle et on ne peut pas faire comme s’ il n’ y avait pas eu d’ attentat. De plus, un president qui a failli etre tue, on l’ evacue au Maroc, il est gueri in extremis et on l’ empeche de reprendre son pouvoir. Si ce n’est pas un coup d’ etat, dites- moi qu’est-ce qu’ un coup d’ etat. Ensuite on viendra nous bassiner que l’ UA, que l’ UE est contre les coups d’etat ! Ce qui s’ est passe en Guinee est tres grave du point de vue juridique en ce qu’ il fera jurisprudence. Meme si tout le monde n’ a pas sa capacite en droit, personne n’est bete et on apprend en regardant auotour de soi pour voir ce qui se passe. Que l’ attentat ait permis le passage a la democratie n’ absoud personne du devoir d’ observer les lois de la republique et les lois morales qui disent toutes que nul ne doit tuer son prochain, que nul ne doit se faire justice. Une fois que tu tues, tu es un etre abominable, un etre miserable qui sera hante par le sang chaud qui a jailli des veines de ta victime. Tu justifieras ton action apres coup en disant qu’ il fallait tuer pour ne pas etre tue mais comme tu as tue, tu vas etre consomme par le feu lent et tenace de la conscience. Tu vivras chaque jour ton enfer sur terre. Ne tuez plus nos freres chers politiciens, chers militaires. Vous ne pouvez pas fabriquer un corps. Respectez la vie humaine. Aucune ideologie, aucun dieu ne tient la route si sa mise en application, si son adoration demandent que du sang humain soit verse.

    LOP

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