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GROGNE SOCIALE EN TUNISIE : Ben Ali en sursis ?

Publié le jeudi 13 janvier 2011 à 01h54min

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La promesse faite par Ben Ali d’offrir 350 000 emplois d’ici la fin 2011 et d’embaucher, en 2012, tous les chômeurs dont les diplômes datent de deux ans au moins, de même que la répression n’ont apparemment pas suffi à étouffer le feu de la grogne sociale en Tunisie. Idem pour le limogeage du ministre de l’Intérieur et la libération de toutes les personnes arrêtées depuis le début de cette fièvre sociale. Celle-ci a maintenant atteint la capitale Tunis. Pourtant, en temps normal, ces promesses et cette répression auraient pu contenter et calmer les ardeurs.

Ce qui amène à penser que ce n’est pas le chômage seul qui constitue la cause de ces manifestations. Tout porte à croire donc que c’est l’expression d’un ras-le-bol face à un mode de gouvernance qui opprime, crée et renforce les inégalités et laisse en marge de la société, de nombreux mécontents. Dans ce cas, il faut beaucoup plus que de vagues promesses et des coups de feu, qui ont l’inconvénient de reporter le problème à plus tard, sans le régler, pour apaiser la tension qui s’aggrave de jour en jour. La ferme détermination des manifestants fait nourrir l’idée que tout ce raffut pourrait avoir pour but final de déloger Zine el Abbedine Ben Ali du palais présidentiel, et d’en découdre avec un régime pour lequel le respect des libertés n’est pas la vertu première. A l’image de la Chine, ce défaut du pouvoir tunisien est connu de la Communauté internationale, qui n’intervient cependant que d’une bien timide manière.

Cette même attitude est reprochable à la France. Ce qui est remarquable dans la situation qui prévaut actuellement en Tunisie, c’est l’attitude timorée de l’ex-puissance coloniale. On se borne à déplorer les morts consécutives à la répression des manifestations, sans aller plus loin, c’est-à-dire, les condamner ou les soutenir. Il faut dire que c’est de bonne guerre. Le principe du "un pays n’a pas d’amis mais des intérêts" est fortement de mise ici. Ainsi vont les relations internationales. Pour revenir à la Tunisie, il faut dire qu’une telle grogne sociale ne peut enfler de la sorte sans un mobile sérieux. Le terme de "terroristes" utilisé par Ben Ali pour qualifier les manifestants est plutôt une insulte et dénote d’une fuite en avant de la part d’un président qui a imposé un Etat policier à son peuple. On a souvent tendance à qualifier les autres de crocodile alors que l’on a soi-même la peau d’un alligator.

Quoi qu’il en soit, le régime du successeur de Bourguiba risque d’être emporté par cette salve de protestations qui affecte progressivement l’ensemble de son pays, s’il n’y trouve pas de solutions adéquates et satisfaisantes. A moins qu’il veuille continuer dans sa logique de répression systématique. La nomination d’un nouveau ministre de l’Intérieur, intervenue hier mercredi 12 janvier, peut conforter cette hypothèse. Mais est-ce la bonne solution ? Réprimer pourrait, certes, mettre une pause à la volonté d’un peuple d’exprimer son mécontentement, mais n’y mettra certainement pas fin. De toute façon, si le mouvement continue de la sorte, Ben Ali ne pourrait continuer indéfiniment à tirer sur les manifestants, au risque de choquer le reste du monde et ruiner son capital de sympathie. Et, quelle que soit l’issue de ce bras de fer, il reste entendu qu’il y a une fin à tout. Tous les dictateurs, les Etats policiers et autres gouvernants qui oppriment et répriment leurs concitoyens n’échapperont pas à cette loi.

Abdou ZOURE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 15 janvier 2011 à 19:59 En réponse à : GROGNE SOCIALE EN TUNISIE : Ben Ali en sursis ?

    merci, Zoure. Et si on ramenait cette situation tunisienne si bien decrite par le journaliste a l’ aune de la situation burkinabe ? Moi je n’aime pas les theories isolees. Les theories sont bien mais il faut les lier a des cas pratiques. Au Burkina, nous avons aussi un president qui a a peu pres la meme duree au pouvoir que Ben Ali et on voit ses faucons (teleguides par le boss himself ?)qui veulent nous faire croire que l’ eau n’est ps incolore, inodore. Ils ont fait toute l’ecole pour mettre leur intelligence au service de causes piteuses de ce genre. Par exemple, ils reviennent encore a ce debat qui devait etre depasse et selon lequel la limitation des mandats est anti- democratique. Les gars, nous ne sommes pas dans une democratie nabale. C’est bien de democratie a l’ occidentale qu’ il s’ agit. Ceux qui nous ont appris leur democratie disent qu’ au bout de deux mandats, si tu n’ as pas pu faire le bonheur de ton peuple, c’est que ton programme politique est meme du bluff. Et que, si tu as pu faire le bonheur de ton peuple en deux mandats, que tu n’avais plus de raison de rester au pouvoir puisque ton peuple est heureux tel que tu l’ envisageais. Reste maintenant a ce que quelqu’ un d’ autre puisse developer le type de bonheur selon son entendement. Pour que le peuple vole de bonheur en bonheur. Moi je crois que si les gens du CDP reflechissent un peu, ils doivent abandonner ce projet funeste de toucher encore a notre article 37, car "on n’ en sait jamais" Les Tunisiens etaient calmes, suffisamment apeures par un president militaire cravate mais aujourd’ hui, elle n’a pas ete epargnee par la rage sociale. Il ne faut pas abuser de la patience des populations. Les peuples patients sont comme un chat noir enferme et agresse dans une chambre close. Le chat va se battre pour sa vie. Il n’ en a qu’ une. Donc, il n’ a plus rien d’ autre a perdre en jetant tout son va- griffes dans la bataille. A bon entendeur, salut ! N’ Gaw.

    LOP

    • Le 16 janvier 2011 à 18:58, par dilma En réponse à : GROGNE SOCIALE EN TUNISIE : Ben Ali en sursis ?

      la situation en Tunisie n’a rien à voir avec celle du Burkina. en Tunisie on a un peuple qui vie dan la peur depuis belle lurette. Des hommes qui ont peur de la police comme des enfants apeurés devant un chien enragé. un peuple qui pour parler de leur président, ne serait ce que répondre à la question d’un étranger à savoir qui est ce homme dont on voit la photo partout ; il faut regarder à gauche et a droite avant de chuchoter : c’est le président, il s’appelle ben Ali. J’ai posé la question à un étudiant pour voir la réaction et il m’a dit à la fin qu’il m conseillait de garder l’image en tête et d’oublier le nom. des taximètres , une université menacée d’être fermé parce que le recteur a oser dire que les tunisiens sont privés de leur liberté. c’est vraiment incroyable ce que les tunisiens vivent.il faut le voir pour croire. le Burkina est loin d’être dans cette situation et en ce qui concerne le président burkinabé il est très intelligent, pour changer une fois encore la constitution croyez moi.

  • Le 15 janvier 2011 à 20:03 En réponse à : GROGNE SOCIALE EN TUNISIE : Ben Ali en sursis ?

    Les promessses de 350.000 emplois ont deja commence a etre concretises. Deja 10.000 emplois ont ete pourvu en l’espace de deux jours pour enterrer les morts, selon Les Guignols. En plus if faut au moins 50.000 pleureuses professionnels. Qui a dit que les promesses des hommes politiques n’engageaient que ceux qui y croyaient ? Moi je n’ y ai pas cru et me voila Gros Jean comme devant.

    LOP

  • Le 15 janvier 2011 à 20:05 En réponse à : GROGNE SOCIALE EN TUNISIE : Ben Ali en sursis ?

    C’est constant. Ainsi finissent toujours les longs regnes.Sachons apprendre la lecon qui sauve les peuples de ce qui se passe chez les autres.

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