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Affaire PAI : Philippe respire, Soumane soupire

Publié le mardi 11 janvier 2011 à 23h54min

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Selon le verdict rendu, le 11 janvier 2011, par la chambre contentieuse du Conseil d’Etat, Philippe Ouédraogo est le secrétaire général du PAI (Parti africain de l’indépendance). Cette juridiction confirme ainsi en appel, le jugement rendu par le Tribunal administratif de Ouagadougou le 30 juin 2005 et qui annulait le récépissé délivré en octobre 2001 au groupe de Soumane Touré.

Ce verdict du Conseil d’Etat ramène le PAI à plus de 12 ans en arrière, plus précisément en 1998. A l’époque, un congrès extraordinaire, suite à la démission d’un bureau dirigé par Soumane Touré, met en place un nouvel exécutif. Philippe Ouédraogo est porté à la tête de ce nouveau bureau.

Mais voilà qu’en 2001, Soumane Touré, dont le bureau avait pourtant collectivement démissionné, convoque un congrès au sortir duquel il est élu secrétaire général du PAI. Dans la foulée, un récépissé de reconnaissance lui est accordé par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD).

Ce parchemin dont se prévaut Soumane Touré est contesté par Philippe pour qui son adversaire, parce qu’il avait démissionné, n’avait plus la qualité pour convoquer un congrès du PAI. Voilà le début de la bataille pour le contrôle de la direction de ce parti. L’affaire PAI est ainsi née et est portée devant la justice burkinabè. La tendance Philippe Ouédraogo este en justice contre Soumane Touré et l’Etat burkinabè à travers le MATD. Le dossier est saucissonné et plusieurs jugements sont rendus.

Et les interjections d’appel se sont multipliées au point où on se perdait dans les dédalles de cette affaire politico-juridique. Le camp Philippe remportait des procès mais il y avait toujours un autre pan de l’affaire qui restait pendant. C’est ainsi que Soumane et ses camarades ont pu user du nom du PAI à diverses consultations électorales tandis que Philippe et les siens allaient aux mêmes scrutins sous la bannière du PDS (Parti pour la démocratie et le socialisme).

Lors d’une conférence de presse qu’il a animée en septembre 2008 sur cette affaire, Philippe Ouédraogo a déclaré que « la justice nous a donné raison à six reprises, en annulant, entre autres, les arrêtés de reconnaissance du PAI délivrés à Soumane Touré ».

Hier donc, toujours dans cette affaire, la chambre contentieuse du Conseil d’Etat a examiné l’appel interjeté par Soumane Touré contre le verdict du tribunal administratif rendu le 30 juin 2005 et qui annulait le récépissé dont il bénéficiait depuis octobre 2001.

Il faut rappeler que l’Etat, à travers le MATD, qui agissait aux côtés de Soumane, avait fini par se désolidariser du camarade Touré. Il est vrai qu’entre-temps, Soumane qui semblait filer le parfait amour avec le pouvoir de Blaise Compaoré (la tendance PAI qu’il dirigeait avait même eu deux postes ministériels) s’est brouillé avec ce dernier lorsqu’il a décidé d’être lui aussi candidat à la présidentielle de 2005.

Ainsi, systématiquement, le MATD se désistait des différentes procédures contentieuses et annonçait s’en tenir aux différents verdicts rendus en première instance, lesquels verdicts étaient favorables à la tendance Philippe Ouédraogo.

Il faut dire qu’hier, le Conseil d’Etat a rapidement vidé le dossier. Et pour cause, l’acte d’appel interjeté par Me Banitouo Somé n’était pas soutenu comme prévu par la loi. Et malgré les différentes relances du Conseil d’Etat, l’avocat n’a pas daigné produire les moyens soutenant l’acte d’appel. De plus, ni Soumane, ni son avocat n’était présent à l’audience.

La partie requérante n’ayant pas dument complété son dossier d’appel, le commissaire du gouvernement, dans ses conclusions a demandé au Conseil de déclarer la requête irrecevable.

Après s’être concerté séance tenante, les juges ont rendu le verdict en ces termes : « la chambre contentieuse du Conseil d’Etat, statuant publiquement et par défaut à l’endroit de l’appelant, en application de l’article 28 de la loi 15/2000/AN du 23 mai 2000 portant création, organisation, fonctionnement et procédure applicable devant le Conseil d’Etat, déclare la requête irrecevable pour cause de non production de mémoire ampliatif. Met les dépens à la charge de l’appelant ».

C’est un Philippe Ouédraogo requinqué qui a quitté la salle d’audience. Il a déclaré que « ce verdict signifie que nous étions fondé de nous prévaloir du titre de responsable du PAI ». Et il a ajouté que « nous allons très certainement convoquer rapidement un congrès du PAI de façon à exploiter la décision du Conseil d’Etat ».

Tout porte à croire que c’est bien la fin de ce long feuilleton politico-juridique qui a duré une douzaine d’années. Après s’être battu acharnement contre Soumane, à présent, Philippe Ouédraogo peut enfin respirer.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 12 janvier 2011 à 12:30, par Malick En réponse à : Affaire PAI : Philippe respire, Soumane soupire

    Je n’ai jamais considéré Philippe comme un grand homme politique. Mais je lui tire mon chapeau pour sa foi en la loi et en la démocratie.
    Du reste il faut reconnaitre que ce piètre politique est un homme très bien organisé. Je l’ai constaté lors de son passage à l’assemblée nationale. j’y allait souvent pour suivre les débats et surtout, voir ce que vaut chacun de ces opposants qui ont fait une entrée massive au parlement à la faveur de l’élection de 2002 : toutes tendances confondues, Philippe était l’un (voire le seul) qui préparait minitieusement chaque séance. On sentait dans ses interventions qu’il a lu tous les documents de travail. Là où les autres font de la politique (de la mauvaise fois), lui s’efforçait de raisonner.

    Philippe ne fera certainement pas un bon président de la république, mais un excellent premier ministre, si. De quel gouvernement cependant ? L’opposition n’est pas prête d’accéder à Kossyam.

    Bravo encore, pour cette démonstration, je ne suis pas sûr de pouvoir faire confiance en notre justice. Mais quelle que soit la profondeur de la nuit, le jour viendra. Il est venu pour Phillipe

    • Le 13 janvier 2011 à 12:02, par Le patriote En réponse à : Affaire PAI : Philippe respire, Soumane soupire

      Vous m’étonnez monsieur ! Juste en rappel c’est quant meme le premier polytechnicien du Burkina. Ce qui a mon sens doit par ailleurs relancer le débat sur la qualité de nos dirigeants.

      Moi je suis juste heureux qu’un homme de cette qualité, qui aurait sans aucun doute eu une éclatante carriere, vu son CV, ait décidé de ce battre pour son pays.

      Le Burkina est dirigé par trop de gens médiocres, qui n’ont jamais rien réussi dans leur vie ! Comment le pourront t-il pout toute une nation.

      Il faudrait un réel débat sur nos dirigeants actuels et leurs aptitudes a prendre les meilleurs décissions pour notre pays.

      Le patriote.

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