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AQMI : Après les enlèvements, les bombes

Publié le vendredi 7 janvier 2011 à 00h12min

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Décidément, le mouvement islamiste, Al-Qaïda, fondé en 1987 par Abdullah Yusuf Azzam et son élève Oussama Ben Laden, est en train de faire une sanglante percée sur le territoire malien. Jusque-là, la nébuleuse, très affectueuse du grand désert qui s’étend au nord de ce pays, remontant en Mauritanie et en Algerie, en avait fait son terrain de prédilection.

Il lui servait de base arrière et elle s’y était cantonnée pour perpétrer des enlèvements de touristes occidentaux. Mais voilà : depuis le mercredi 5 janvier, le modus locis de ces fous de Dieu semble avoir évolué, si l’on observe ce qui vient de se passer dans la capitale malienne. En effet, dans la soirée du 5 janvier dernier, un homme, se réclamant du camp des combattants Katiba, une branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), aurait fait exploser une bonbonne de gaz et ouvert le feu devant l’ambassade de France à Bamako.

Une déflagration qui, heureusement, n’a fait que deux blessés légers parmi les passants. A la vérité, c’est la seconde fois que l’on assiste à un attentat de la même veine en Afrique de l’Ouest ; le premier s’étant produit en août 2009 dans la capitale mauritanienne, où un jeune s’était fait exploser près de la représentation française, blessant légèrement deux gendarmes français et une Mauritanienne.

Plus que jamais, l’Occident, notamment la France, est sérieusement dans le viseur de ces kamikazes, même en sol africain. Tant qu’ils sévissaient dans leur zone de prédilection, on pouvait éviter leur collimateur en ne se hasardant pas dans les sables mouvants du Sahel, et il n’y a pas de problème. Mais dès lors que le crime s’invite en ville, plus personne ne peut se sentir à l’abri.

On n’est certes pas encore à l’échelle de ces attentats aveugles qui font chaque fois des dizaines voire davantage de morts en Afghanistan ou en Irak, mais c’est dès maintenant qu’il faut ouvrir l’œil et le bon. Ces nouvelles actions ciblées montrent en effet que le terrorisme a ses cerveaux dormants dans nos villes et que nul n’est désormais épargné. Aujourd’hui, ce sont les intérêts français qui semblent menacés, demain, la cible peut changer.

Autre fait intrigant, c’est la nationalité du forcené de Bamako et son modus operandi. Al-Qaïda et sa branche subsaharienne ont toujours recruté, rarement sauf erreur en Tunisie, dans les pays où persiste de façon résiduelle l’activisme islamiste. Mais cette fois-ci, il s’agit d’un ressortissant de la Tunisie, un pays assez libéral et qui s’est toujours illustré comme étant bien encadré et modéré. En Mauritanie en 2009, c’était un fils du pays qui avait sacrifié sa vie au « nom d’Allah » pour assouvir le désir de ses maîtres à penser.

Pour ce qui nous intéresse, le terroriste de Bamako ne répond pas, en tout point, au portrait-robot du kamikaze Al-qaïdiste, puisque le jeune homme de 25 ans ne portait pas de ceinture explosive. Toujours est-il que ce tristement célèbre serpent à mille têtes n’est pas prêt à abdiquer. Quelques zones d’ombres subsistent donc quant aux motivations de ce terroriste dont l’appartenance à Al Qaïda n’était pas formellement établie au moment où nous retraçions ces lignes.

Certes il a confessé lors des premiers interrogatoires qu’il a agi par haine contre la France, mais sans doute convient-il d’attendre une revendication formelle de son acte par la nébuleuse pour être définitivement fixé. A tout point de vue, l’Afrique de l’Ouest, déjà soumise à plusieurs maux, n’a pas besoin de ça.

L’Observateur Paalga

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