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Tribune de la femme - Amoin Koffi, artiste comédienne : « Il faut écarter Gbagbo et Alassane du pouvoir »

Publié le jeudi 6 janvier 2011 à 00h49min

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La cinquante révolue, Amoin est une artiste comédienne conteuse de renommée. Mariée et mère de quatre enfants, elle vit à Abidjan en Côte d’Ivoire. Invitée au festival international de conte Yeleen, nous l’avons rencontrée le vendredi 31 décembre 2010. Amoin nous parle de ses débuts, mais aussi de la crise politico-militaire que vit son pays depuis une dizaine d’années.

Contrairement aux rumeurs qui disaient qu’elle serait professeur de philosophie dans une université à Abidjan, Amoin déclare qu’elle n’a jamais été ni même une enseignante du primaire. "C’est vrai qu’à notre temps (1978-1980), avec le BECP (elle a arrêté ses études en classe de 3è), l’on pouvait postuler au poste d’enseignant, mais je ne suis qu’une artiste comédienne conteuse et je ne vis que de cela", confie-t-elle. En effet, c’est en classe de Cours élémentaire première année (CE1) en 1969, qu’Amoin a été révélée au public, mais un public jeune et scolaire grâce a son instituteur.

"J’ai joué une scène qui a plu aux gens si fait que depuis ce temps, je participais aux compétitions de théâtre inter-écoles à l’issue desquelles je raflais toujours des prix ", dit-elle. Mais en 1983, cette artiste à plusieurs sobriquets décide de faire carrière dans le théâtre et le conte.
D’Abidjan à Bouaké en passant par Yamoussokro, Amoin va se reveler davantage dans la compagnie "Rigolo". Quelque temps après, elle créé sa propre troupe du nom de " Yêlêma ". Elle va également jouer dans la série « Ma famille », et en 2005, elle obtient un trophée offert par le festival " Yéyé ".

Difficultés

Pour Amoin, les difficultés sont plus nombreuses. L’art est très souvent délaissé par le politique. « Parce que explique-t-elle : en Côte d’Ivoire, lorsqu’un président est élu, il n’a que d’yeux sur les ressortissants de sa région, laissant les autres populations à la débrouillardise ». Si bien que certains artistes sont obligés de sortir hors du pays pour participer à des festivals et autres. " Pour avoir du soutien en Côte d’Ivoire, il faut se lever de bonheur ", déplore madame Agro.
Souvenir
Son meilleur souvenir, c’est la première fois qu’elle est montée dans l’avion. C’était en 2005, et elle devait participer à un festival en Centrafrique. " C’était la première fois que je sortais de mon pays en tant qu’artiste alors que je n’avais même pas de passeport. On me l’a établi le même jour ", se souvient-elle. Amoin Koffi aime la liberté, la liberté de s’exprimer, de poser des actes, mais positifs. Elle déteste par contre les "racontars". La femme pour elle, c’est son cœur. Elle doit avoir un cœur qui reçoit avec gaieté, partout où qu’elle soit.

L’avis de l’artiste sur la situation actuelle dans son pays

" La situation actuelle de la Côte d’Ivoire me traumatise profondément. J’ai laissé mon mari, mes enfants, toute ma famille là-bas. Moi, au moins, je suis à l’abri ici au Burkina Faso, mais toutes mes pensées sont sur Abidjan ", dit-elle avec tristesse. De l’avis de Koffi Amoin, l’acte des dirigeants actuels est criminel. Elle confie qu’elle a écrit une pièce sur Gbagbo et Bédié, mais qui a été censurée. Or la pièce évoquait justement la crise actuelle. Avant les élections, elle dit avoir été chez l’ancienne première dame de la Côte d’ivoire, Mme Simone Gbagbo à la Présidence qui a refusé de la recevoir. Elle l’a plutôt renvoyée chez sa chargée de communication. "Comme je n’avais pas affaire à sa chargée de communication, je ne suis pas allée.

Et quand je sortais du local, j’ai mis en garde les militaires et les gardes-de-corps sur ce qui allait se produire dans les jours à venir. Je leur ai dit que l’histoire se répéterait et que de la manière dont Bédié a été chassé du pouvoir, c’est de la même manière que Gbabgo s’en ira ». Après cet avertissement, Mme Gbagbo a envoyé son directeur de communication pour suivre la pièce, ….et plus rien.
A la question de savoir de quel bord politique est Amoin, elle répond en disant que le rôle de l’artiste est évidemment d’éveiller les consciences, et de défendre les droits de l’Homme. Or avant d’être artiste, on est un humain qui a naturellement un penchant. C’est pourquoi Mme Agro milite dans le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Mais poursuit-elle, « je ne suis pas dans leur histoire de RHDP ».

Un pays à deux têtes, c’est l’appellation que fait Amoin de son pays depuis le 2 décembre dernier. « Ce qui est honteux et malheureux pour les Ivoiriens », à son avis. Le mieux, pour elle, c’est d’écarter Alassane et Gbagbo du pouvoir, de même que Bédié. « La Côte d’Ivoire ne s’arrête pas à ses deux protagonistes. Il y a des jeunes biens valides, et sains d’esprit capables de diriger le pays, conclut-elle.

Bassératou KINDO

L’Express du Faso

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