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Simone prie, Gbagbo achète des armes pour la solution finale

Publié le mardi 4 janvier 2011 à 00h56min

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Depuis le 3 décembre, date de la proclamation du Conseil constitutionnel qui a donné Gbagbo gagnant de la présidentielle après avoir invalidé les résultats de la CEI, Simone, l’épouse du président, est en prière. Elle a transformé le palais en temple de dévotion à Dieu. Gbagbo de son côté réactive ses réseaux africains pour se réarmer.

Gbagbo ne quittera pas le pouvoir vivant. C’est décidé. Pour se donner toutes les chances de conserver ce pouvoir qu’il a acquis en 2000 et qu’il conserve depuis, par tous les moyens possibles, Gbagbo joue sur deux tableaux. Le mysticisme et le réarmement. Son épouse Simone et lui semblent s’être partagés les rôles.

Nous avions déjà expliqué dans ces lignes comment l’ex-première dame avait accueilli et exhorté ses partisans, juste après le forfait de Yao Ndré, le président du Conseil constitutionnel. Elle leur demandait d’entrer en action de grâce pour louer le seigneur de cette victoire " divine ". Depuis, elle a transformé le palais en un grand temple de prière. Les pasteurs évangélistes, qui lui sont fidèles, ont aménagé au palais et passent le clair de leur temps à la prière et au jeûne. Une ambiance surréaliste, selon les propos d’un familier du palais. A la tête de ces évangélistes, un certain Moïse Loussouko Koré, pasteur et homme des missions secrètes. Il serait, selon diverses informations, l’émissaire qui aurait transmis des valises d’argent à l’actuel président du Ghana, John Atta-Mills, pour l’aider pendant la campagne présidentielle qui l’a porté au pouvoir, face au poulain de John Kufor, cet autre ami personnel de Gbagbo. Il semble en vérité que l’ex-président ivoirien, pour se donner un peu d’air sur une de ses frontières, avait soutenu généreusement les deux candidats à la présidentielle ghanéenne.

Aujourd’hui, il en tire les dividendes. Accra et Luanda seraient encore les deux capitales qui ne sont pas fermées aux émissaires de Gbagbo. John Atta-Mills qui était au premier sommet extraordinaire d’Abuja sur la Côte d’Ivoire, le 7 décembre 2010, avait pourtant signé le communiqué final qui enjoignait Gbagbo de " quitter sans délai le pouvoir ". Certains croient savoir que pour se plier à la décision de la CEDEAO, Atta-Mills a dû subir la pression d’un Barak Obama qui, informé des accointances entre Gbagbo et le président ghanéen, avait fait savoir à ce dernier qu’il ne pouvait pas le décevoir. Le Ghanéen s’était alors plié à la décision de la CEDEAO, mais n’a pas totalement fermé la porte à Gbagbo. Accra serait présentement la porte d’approvisionnement en armes de Gbagbo. Il y aurait actuellement sur les bases ghanéennes, trois avions de chasse angolais pré positionnés pour venir en aide à Gbagbo.

En retour, John Atta-Mills devrait recevoir en récompense de Eduardo Dos Santos "plusieurs blindés pour sa propre garde présidentielle". Un autre soutien discret de Gbagbo, le Camerounais Paul Biya. Sur intervention de Eduardo Dos Santos, il aurait permis l’escale d’un gros porteur militaire angolais en direction d’Abidjan. Cet avion militaire aurait fait escale à Yaoundé le 19 décembre avant d’acheminer sa cargaison de mercenaires au secours de Gbagbo. Plusieurs dizaines d’hommes de la division des opérations spéciales. L’ONUCI pense que ce sont ces hommes qui ont appuyé la garde républicaine ivoirienne dirigée par le redoutable général Bruno Blé Dogbo dans la répression qui a suivi la manifestation des partisans de Alassane Ouattara dans leur tentative de prendre possession de la RTI le jeudi 16 décembre dernier. Les Angolais ont été appuyés dans leur besogne par des Libériens. Hellen Searleaf Johnson, la présidente du Libéria, vient de mettre ces Libériens en garde contre des risques de poursuite, s’ils sont identifiés.

En outre, le président angolais a offert d’aider à contourner l’embargo économique qui enserre progressivement le gouvernement Gbagbo. Ce sont des Angolais qui protègent actuellement le palais présidentiel de Cocody, mettant le chef d’Etat-major général des armées dans une situation délicate. Le général Mangou qui ne contrôle plus rien joue les faire valoir, en restant au service d’un président qui ne lui fait plus confiance depuis presque une année maintenant.

Le scénario probable pour faire partir Gbagbo

La communauté internationale a actuellement la trouille de sa vie et se démène pour ne plus laisser longtemps la situation actuelle en Côte d’Ivoire. L’ONU et les grandes puissances sont convaincues que Gbagbo ne reculera devant rien. Le scénario qui effraye actuellement l’ONUCI et la Licorne, c’est de voir, comme cela se prépare, Gbagbo avec le soutien de son ministre de la Jeunesse Blé Goudé lancer des hordes humaines, infiltrées par des mercenaires, contre leurs positions. Une telle éventualité se soldera inévitablement par une boucherie. Pas forcément par la faute des Forces impartiales qui ont les moyens de contrôler une foule déchaînée, mais parce que les mercenaires infiltrés auraient pour rôle de tirer sur la foule en faisant le plus de victimes possibles pour les faire endosser par la communauté internationale.

Devant une telle perspective macabre, une course contre la montre semble s’être engagée à Abidjan pour neutraliser Gbagbo avant qu’il ne mette en oeuvre son plan machiavélique.

Ce début de semaine a été marqué par des événements qui ne laissent aucun doute sur les actions à venir. Tous les occidentaux ont conseillé à leurs ressortissants de quitter Abidjan. Les autorités françaises se sont résolues à le faire le 22 décembre dernier. Elles ont demandé aux Français qui sont en Côte d’Ivoire de partir " provisoirement ". Le Nigeria vient aussi de procéder à l’évacuation du personnel de son ambassade à Abidjan.

Un ECOMOG pour bouter Gbagbo hors du palais

Selon toute vraisemblance, le sommet " d’urgence " de la CEDEAO a été préparé depuis quelques jours et après la mission du président de l’UA à Abidjan. Le président de la commission Jean Ping avait été mandaté par le président en exercice de la CEDEAO de remettre un message sans équivoque à Gbagbo Laurent. S’il ne part pas de son plein gré, il s’en ira par la force. Le message qui lui a été adressé est très explicite. Le fait que ce soit Jean Ping qui a porté le message signifie que c’est l’UA qui donne mandat à la CEDEAO d’utiliser la force contre Gbagbo. Ensuite, les festivités d’investiture de Blaise Compaoré ont été mises à profit pour monter de façon précise l’opération "restaure légalité" en Côte d’Ivoire. Le président burkinabè qui a maintenu le contact avec Gbagbo s’est proposé pour une ultime tentative auprès de Gbagbo. Juste après l’investiture, il a employé son temps à cela au point d’arriver épuisé à l’investiture de Alpha Condé le lendemain.

Est-ce cette dernière et épuisante tentative qui a conduit Gbagbo à faire sa déclaration surprise du 21 décembre ? Certains ne sont pas loin de le penser. Seulement elle semble n’avoir pas été dans le sens attendu. Même si elle donne le prétexte aux soutiens de Gbagbo, les Angolais notamment, à demander à la communauté internationale d’arrêter "l’ingérence" dans la crise ivoirienne. Cette adresse de Gbagbo, de l’avis d’un diplomate, a été faite pour "diviser le camp" africain.
La convocation du sommet "d’urgence" de la CEDEAO sur la Côte d’Ivoire signifie qu’il ne faut plus laisser le temps à Gbagbo.

Les Etats-Unis et la France qui sont fortement engagés contre Gbagbo sont prêts à soutenir matériellement et militairement cette action militaire contre Gbagbo. L’Union européenne a décidé de débloquer en urgence une enveloppe pour faire face à la situation. Le cas Gbagbo est devenu une préoccupation de l’ensemble de la communauté internationale. La rencontre de la CEDEAO est donc attendue avec beaucoup d’appréhension. Une source américaine a affirmé dans la journée du mercredi 22 décembre, Gbagbo s’en ira avant l’opération contre lui. Il faut souhaiter que cette source ait raison. Mais on en doute. Gbagbo et les siens ne se voient plus en dehors du pouvoir. Pour s’en débarrasser, les Ivoiriens paieront un lourd tribut de sang.

Les ressortissants de la sous région aussi. Particulièrement les Burkinabè. Le facilitateur, Blaise Compaoré, a voulu tout faire pour les épargner, mais il n’y est pas parvenu. Dans l’opération de force contre Gbagbo, qui est arrêtée à Abuja, l’axe Ouaga-Abuja est considéré par la communauté internationale comme le pilier de l’opération. Que Blaise Compaoré ait tout fait pour retarder l’échéance ne fera rien. Les nôtres seront pris pour cible. Sauf que cette fois, et contrairement aux précédentes situations de crise, l’ONUCI et les Forces impartiales sont sur le terrain et les populations ont su s’organiser pour se protéger. Il y aura sans doute des morts, mais ce sera cette fois dans les deux camps. Les militaires qui soutiennent Gbagbo sont appelés à choisir définitivement leur camp. Beaucoup réfléchiront avant de se mettre au ban de la communauté internationale. Dans la présente situation, il est impossible à Gbagbo de gagner

Par Newton Ahmed Barry

L’Evénement

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Vos commentaires

  • Le 4 janvier 2011 à 02:45 En réponse à : Simone prie, Gbagbo achète des armes pour la solution finale

    Prière de laisser le président paul Biya en dehors de votre propagande merci

  • Le 4 janvier 2011 à 09:02, par Simeon Konate En réponse à : Simone prie, Gbagbo achète des armes pour la solution finale

    Tres bonne analyse de Monsieur Ahmed Newton Barry. La declaration de l’ambassadeur du Ghana au Burkina n’apporte aucune lumiere sur la situation si ce n’est qu’elle permet de nous convaincre de l’analyse de Monsieur le journaliste de l’EVENEMENT.

    • Le 4 janvier 2011 à 16:44, par jopèh En réponse à : Simone prie, Gbagbo achète des armes pour la solution finale

      enfin les vrais infos sortent de l’ombre
      au fait,j’avais du mal a comprendre que koudou laurent
      puisse,malgré l’interpellation de la communauté internationale,continuer a s’accrocher au fauteuil de la
      presidence,à confondre abidjan a la cote d’ivoire.c’est honteux tout celà.on se rappelle d’il ya si peu de tps,
      tu souriais mem avec les bebes yoruba.ohooo,dja c’est tes dents tu montrais dehors pour dire je peux te manger avec mes dents(te croquer).

  • Le 4 janvier 2011 à 13:17, par journaleux En réponse à : Simone prie, Gbagbo achète des armes pour la solution finale

    dans une situation aussi tendue que celle-la il est mieux lorsqu’on n’est pas en mesure d’être lucide d’éviter les approximations. mais surtout il faut savoir lire les sources généreuses qui en pareille occasion font feu de tout bois. cela crée des illusions et contribue à envenimer les rancœurs. qu’appelez-vous "forces impartiales" dans la situation actuelle. êtes-vous réellement naïf au point de croire que des échanges de chargements d’armes et de blindés se mettent en place en l’espace d’un mois ou voulez-vous induire vos lecteurs en erreur ? la France est si partisane du départ de Gbagbo que c’est pratiquement le seul pays de l’Union Européenne à avoir séché la réunion de Bruxelles sur les sanctions contre la Côte-d’Ivoire. quelle est la nature des rapports entre l’UA (organisation politique) et la CEDEAO (organisation économique) pour que la première mandate la seconde.... voyez-vous dans ce type de situation beaucoup de gens parlent. le journaliste lui doit beaucoup réfléchir. s’il ne peut pas le faire, il s’abstient. toutes les spéculations ne sont pas forcément analyses.

  • Le 4 janvier 2011 à 17:00 En réponse à : Simone prie, Gbagbo achète des armes pour la solution finale

    Le psychopathe : Certains utilisent le mot sociopathe mais c’est la meme chose. J’ emploierai les deux termes dans la meme acception. Les psychopathes savent la difference entre le bien et le mal. Ils ne sont pas des attardes mentaux. Cependant, quand il font le mal, ils ne ressentent aucune honte ni aucun remord. Ils peuvent donc tout justifier en accusant leur victime ou la geopolitique ou l’ etranger. ou le diable ou simplement les circonstances comme le temps qu’ il fait.
    Les Sociopathes font parfois "ce qu’ il faut— si cela leur apporte quelque chose a eux. Cela peut etre l’approbation du public ou une image rehaussee car ils sont laids moralement donc, physiquement pas beaux. Mais la raison pour laquelle ils le font est toujours basee sur ce qu’ ils pensent, pas sur ce qu’ ils ressentent. Faire du mal ne rend pas mal a l’aise un psychopathe. Faire le bien ne le rend guere plus heureux. Pourquoi ? Pour un sociopathe, la vie se reduit a gagner. Les autres sont justes la pour etre utilises ou pour servir de points dans leur jeu. La relation, ca n’ a pas de sens avec ces personnes-objects. Sauf si la relation les amene a gagner.
    Les sociopathes n’ ont aucune envie de changer, de s’ ameliorer. C’est d’ailleurs rarement qu’ ils s’ y essaient. Sauf quand on les contraint parce qu’ ils pensent qu’ il n’ a rien a reprocher a leur etat actuel. C’est le reste du monde qui est mauvais.
    Gbagbo est un sociopathe, come beaucoup de dirigeants africains malheureusement. Mais c’est un sociopathe des plus crus. Tous les sociopathes ne sont pas des dangers reels et effectifs pour les autres. Mais Gbagbo, lui, l’ est. Autant que tous ces illumines qui veulent nous faire la lecon de la resistance anti- colonialiste. En plus de leur manque de discernement.O l’ ignardise qui se masque dans le lettrisme !

    LOP

  • Le 4 janvier 2011 à 20:36 En réponse à : Simone prie, Gbagbo achète des armes pour la solution finale

    Cet article est intéressant. Il démontre qu’il faut rapidement passer à l’action contre Gbagbo pour le déloger du pouvoir et faire le moins de victimes innocentes collatérales possibles. Nous sommes bien en face d’un couple diabolique, fanatique, illuminé et je ne sais qui est prêt à faire couler le sang de dizaines, centaines voire million d’ivoiriens, conscient ou non, manipulés ou non, etc. pour espérer rester au pouvoir par tous les moyens. Il faut se référer à l’histoire (ne pas oublier que Gbabgo est historien !!!). Il ne faut jamais faire preuve de faiblesse face à un dictateur car on ne peut négocier avec lui. Rappelez vous de ce qui s’est passé avec Hitler et les pays démocratiques européens en 1938 qui ont arraché un accord pour préserver la paix. Vous connaissez la suite : au moins 50 millions de morts, etc.
    J’espère que tout le monde en tire les conséquences face à ce Gbabgo si on veut éviter un génocide ivoirien dans les jours ou semaines à venir.

  • Le 26 janvier 2011 à 23:15, par nac En réponse à : Simone prie, Gbagbo achète des armes pour la solution finale

    qui ne guelle la vérité quand il la sait se fait eviedemment le complice des menteurs et des faussaires. souvent est-on tenté de se demander ce que gagnent bien certaines vomissures quand elles s’érigent farouchement en defenseurs des régimes médiocres ou quand elles defendent éperdument des causes qu’elles ignorent vraiment...l’analyse de monsieur BARRY est scientifique et salutaire...n’en deplaise aux sangsues que j’exhorte vivement à employer leur energie pour l’afrique en panne. soyez souvent intellectuellement honnetes et dites vous que le doute n’est pas toujours une preuve d’esprit critique.pour finir abstenez vous de toute négation si vous n’en avez pas les preuves.

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