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La CEDEAO et la crise ivoirienne : Qui veut la paix prépare la guerre

Publié le mardi 4 janvier 2011 à 01h03min

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S’il y a des pays où les populations ont fêté la fin de l’année 2010 dans l’angoisse, la Côte d’Ivoire y figure en bonne place. En effet, la crise postélectorale a replongé les Ivoiriens dans l’incertitude de lendemains apaisés. Pris en tenaille entre une intervention militaire imminente et les menaces d’exécution extrajudiciaires qui planent sur certains citoyens, ils vivent plus que jamais la peur au ventre.

C’est dans ce contexte de ni guerre ni paix que le dialogue s’est poursuivi hier entre le président Laurent Gbagbo et les trois émissaires de la CEDEAO, qui avaient fait un premier déplacement infructueux la semaine dernière.

Il ne pouvait en être autrement quand on sait que Yayi Boni, Ernest Koroma et Pidro Pires se rendaient à Abidjan pour inciter le chef de l’Etat à quitter le pouvoir pendant que celui-ci posait comme préalable la reconnaissance de son élection par ses pairs.

La base de discussion était donc déjà faussée et ne pouvait donner les résultats escomptés dans la mesure où les positions étaient tranchées. Quel consensus pourrait-on avoir à l’issue de la visite des médiateurs ce lundi 3 janvier 2011, vu que Laurent Gbagbo a, dans son discours de Nouvel An, réaffirmé qu’il est et demeure le président élu de la Côte d’Ivoire ?

D’autant plus que les trois mousquetaires de la CEDEAO ont été reçus avec un renfort en la personne de Raila Odinga, Premier ministre du Kenya, qui a dit haut et fort dès le départ qu’il fallait l’option militaire pour déloger le mari de Simone du palais présidentiel.

Le choix du Kenyan ne s’est pas fait au hasard : d’abord son pays a connu une crise similaire qui a connu son dénouement avec la formation d’un gouvenement d’union nationale ; ensuite, Raila Odinga épouse les idées de la CEDEAO et pourrait tenir un discours ferme face au locataire du Palais de Cocody, comparativement aux trois chefs d’Etat, considérés comme plus conciliants.

Mais avec une telle prise de position officielle de va-t-en-guerre, que peut bien apporter un Premier ministre face à un président qui ne veut pas entendre parler de son départ ?

Dans tous les cas, le Kenya n’est pas la Côte d’Ivoire et Raila Odinga n’est pas comparable à Alassane Dramane Ouattara (ADO). De ce fait, un compromis à la kényanne avec ADO comme chef du gouvernement de Gbagbo est difficilement envisageable.

En fin de compte, l’opération militaire que la CEDEAO veut entreprendre risque d’être la solution finale et les chefs d’état-major des armées affûtent leurs armes. Certes, la communauté internationale pourrait apporter son soutien financier et logistique à l’initiative ; mais quel en sera concrètement le mode opératoire ?

Déjà que les cœurs ne battent pas à l’unisson au sein de l’institution sous-régionale sur cette question, on se demande comment l’intervention armée va être mise en œuvre. Et même si elle est menée avec efficacité, on imagine le bain de sang que cela peut engendrer, surtout qu’il n’y aura pas d’effet de surprise, le camp Gbagbo ne dormant pas sur ses lauriers et se préparant aussi à cette éventualité nuit et jour.

Comme quoi, qui veut la paix, prépare la guerre. Finalement par quel bout faut-il prendre cette affaire, étant dit que sous toutes ses coutures il y a des inconvénients ?

Cela dit, il faut se garder des menaces tous azimuts, qui s’avèrent inopérantes, pour ne pas se rendre ridicule. Jusque-là en effet, les ultimatums n’ont rien donné et le président légal de la Côte d’Ivoire est toujours aux affaires ;

pas plus que les appels à la désobéissance civile et à la grève générale des travailleurs, lancés par le président légitime et son Premier ministre, Guillaume Soro. A force de brandir le fouet sans réussir à intimider l’enfant de Mama, la Communauté internationale et la « République du Golf » se discréditent et confortent chaque jour l’assise et la mainmise de Gbagbo sur le pouvoir.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 5 janvier 2011 à 07:24 En réponse à : La CEDEAO et la crise ivoirienne : Qui veut la paix prépare la guerre

    Gbagbo, fais tout pour eviter la guerre. Quand la CEDEAO va tonner, ca va pas etre facile, hein ? Ca sera pas comme la guerre que tu as eu avec les dossos - la deh ! Ca va tonner et ca va demenager. Je t’assure. Anglais folaah nounou ? Hebe. Tu vas plus voir tes couilles dans ton calecon. Faut partir parce que guerre c’est pas amusement ou bien amuse gueule.

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