Au lendemain de la proclamation par le Conseil constitutionnel de ce qu’il considère comme les résultats définitifs de l’élection à la présidence du Faso, il me plaît d’adresser par le présent communiqué mes remerciements à l’ensemble du peuple burkinabè pour son attitude à mon égard et pour le chaleureux soutien que j’ai reçu tout au long de mes rencontres avec lui durant la campagne électorale. Durant ces trois semaines de campagne, dans toutes les régions du pays, au centre, comme du sud au nord et de l’est à l’ouest, dans toutes les provinces que j’ai traversées, quelles que soient les populations visitées, j’ai partout été accueilli avec beaucoup de foi et d’enthousiasme.

Cette foi et cet enthousiasme m’ont conforté et édifié sur l’ardent désir de changement politique qui anime la nation burkinabè. Ils traduisent certainement aussi l’appréciation largement positive et l’adhésion au projet de société ainsi qu’au programme de transformation que j’ai proposés. Tout au long des jours pendant lesquels je suis parti à la rencontre de mon peuple, j’ai vu grandir, étape après étape, l’espérance qui habite nos populations.

A l’écoute de mes messages, elles étaient animées par l’espoir que le changement était désormais possible et à portée de main, alors que pendant des décennies, ceux qui exploitent leur misère, les avaient convaincues qu’elles n’avaient pas d’autre choix que la résignation. Et cette espérance est la forme de leur résistance à la politique néolibérale qui ne leur a apporté que désolation et pauvreté. Malgré les démonstrations de force de l’adversaire, malgré ses cargaisons de tee-shirts, de pagnes et de gadgets de campagne dont la diversité signait le nombre d’opérateurs économiques adossés au pouvoir actuel, malgré les importations d’artistes étrangers, malgré les transports massifs par bus et par trains de personnes payées pour grossir le public, applaudir et crier, malgré les forces de sécurité mobilisées, les résultats sont là, témoignant de la volonté de changement.

Malgré les graves lacunes dans l’organisation du travail de la CENI, malgré les cartes d’électeurs illégales, malgré le fichier électoral non fiable, malgré la présence intimidante des personnes postées aux abords des bureaux de vote, malgré les votes multiples de certains électeurs, malgré les cartes d’électeurs délivrées jusqu’au jour du scrutin par des bureaux parallèles, malgré les votes réalisés sans pièces d’identité, malgré les bureaux de vote supprimés à l’insu de leurs électeurs ou situés dans des lieux privés, malgré les substitutions de procès-verbaux, les électeurs ont réussi à exprimer de manière éloquente, leur refus de la politique en cours et leur désir ardent de changement d’hommes et de politique.

Comme chacun le sait, dans les semaines qui ont précédé le scrutin du 21 novembre 2010, et dans celles qui l’ont suivi, avec trois autres candidats de l’opposition, j’ai demandé l’annulation de ce scrutin illégal et truqué, annulation que le Conseil constitutionnel nous a injustement refusée. Dans l’action de résistance contre la politique en cours, contre les scrutins systématiquement non transparents ni équitables, de nombreuses provinces se sont illustrées en m’accordant de manière forte leur vote. Je cite notamment parmi elles les provinces de la Comoé, du Kadiogo, de la Komondjari, de la Kompienga, de la Kossi, de l’Oudalan, du Seno, du Soum, de la Tapoa, du Yagha, du Yatenga. En remerciant les populations de toutes les régions du pays pour la confiance qu’elles m’ont ainsi manifestée ainsi qu’à la coalition politique qui a soutenu ma candidature, je voudrais les exhorter à persévérer dans leur refus de continuer à subir les conséquences néfastes d’une politique qui n’a de considération que pour les intérêts des plus puissants.

Je voudrais exhorter les populations à continuer de se mobiliser, à renforcer et à resserrer encore plus les rangs de la résistance à la confiscation par une minorité du destin des millions et des millions de compatriotes, privés de leurs droits de citoyens actifs de la République, condamnés à s’épuiser dans une lutte permanente pour leur survie, sans bénéficier des services sociaux élémentaires ni du minimum d’infrastructures nécessaires à la production et aux échanges. Aujourd’hui comme demain, ensemble, je les exhorte à poursuivre le combat pour une citoyenneté responsable, pour une participation et une responsabilisation de l’ensemble de notre peuple à la construction des bases du développement et du décollage économique de notre pays, de sa démocratie et à la juste répartition des richesses produites par le travail de tous.

Aujourd’hui comme demain, nous devons poursuivre le combat pour "bâtir ensemble une nation forte, démocratique et solidaire", pour un "Burkina nouveau et fier". Bienvenue dans nos rangs à tous ceux qui veulent participer à ce combat patriotique !

Et que Dieu sauve le burkina faso !

Ouagadougou, le 8 décembre 2010

HAMA ARBA DIALLO

Le Pays