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UNION DE L’OPPOSITION AU BENIN : La menace se précise pour Yayi Boni

Publié le lundi 20 décembre 2010 à 00h56min

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Un comme unité. UN comme Union fait la Nation. L’opposition béninoise a décidé d’aller à la conquête du pouvoir d’Etat. Son objectif, faire tomber le président sortant, le Dr. Yayi Boni. Pour ce faire, elle a mis en place une machine électorale : la coalition politique Union fait la Nation. Celle-ci vient de porter à sa tête, comme candidat à l’élection présidentielle de 2011, Adrien Houngbedji. C’est lui qui défendra les couleurs de la grande coalition des partis d’opposition du Bénin, face au président sortant, Yayi Boni, qui tente de rebeloter pour un second mandat de cinq ans.

On a cru au début de la formation de cette coalition, qu’elle ne résisterait pas au choc des egos des leaders politiques qui la composent ; et que comme d’habitude, sous nos tropiques, des partis politiques embusqués, le moment venu, sèmeraient la zizanie dans cette coalition pour la déstabiliser. Bien au contraire, au fil des mois, tout au long de l’année 2010, l’Union fait la Nation a plutôt consolidé son assise politique, se payant même le luxe de puiser dans le vivier de la majorité présidentielle, un poids lourd telle l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) de l’ancien président Emile Derlin Zinsou. Ce parti qui se dit déçu de la politique du président Yayi Boni, vient de signer une convention d’appartenance à l’Union fait la Nation le 15 décembre dernier. Cette coalition est remarquable par sa sérénité, sa méthode.

En investissant l’avocat Adrien Houngbedji, au détriment du fils Soglo, Leady, elle a fait le choix de l’expérience pour ratisser au-delà du camp de la coalition avec une répartition claire des responsabilités dans l’organisation de la campagne et dans le partage du pouvoir en cas de victoire. L’opposition béninoise est en campagne depuis l’investiture de Yayi Boni en avril 2006. Les professionnels de la politique n’ont jamais digéré l’oukaze de 2006, où, profitant de la bataille rangée entre les partis politiques du moment, le Dr Yayi Boni leur avait raflé la mise par le truchement d’une coalition, encore une. C’est une intrusion qui est restée en travers de la gorge de biens des politiciens de la place.

Et comme chat échaudé craint l’eau froide, une bonne partie de la classe politique de l’opposition a décidé de ne plus se laisser surprendre, d’où cette campagne permanente qu’elle a imposée au président élu. Depuis mars 2008, seulement deux ans après son élection à la présidence, Yayi Boni savait que sa réélection serait tout, sauf une promenade de santé. Sa situation s’est compliquée avec l’annonce éventuelle de la candidature de son successeur à la présidence de la BOAD (Banque ouest-africaine de développement), Abdoulaye Bio-Tchané. L’homme ne s’est pas encore lancé officiellement dans l’arène politique, mais les Amis de Bio-Tchané s’activent déjà dans l’éventualité de cette candidature.

L’Union pour la majorité présidentielle plurielle (UMPP), en plus de perdre ses membres, voit sa base électorale s’effriter. C’est dire que l’opposition est en train de se donner les moyens de créer l’alternance. Elle y croit dur comme fer parce que cela est dans le domaine du possible. Du jour au lendemain, Mathieu Kérékou est passé de la présidence de la république à l’opposition, avant d’y retourner. Pareil pour Nicéphore Soglo.

Chaque fois, c’est une large coalition qui a eu raison d’eux, faisant de l’alternance politique une réalité vécue. Elle ne fait pas peur aux Béninois comme ailleurs en Afrique, parce que l’opposition, chaque fois que cela était nécessaire, s’est donné les moyens du changement démocratique. Pour réussir à chaque fois un tel pari, il faut une bonne dose d’abnégation, d’humilité et de confiance mutuelle. Ce qui n’est pas toujours le cas au sein des oppositions africaines où chacun préfère être tête de lion que queue d’éléphant.

Abdoulaye TAO

Le Pays

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