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Musique : Hommage à Djata dans la cité de Me Pacéré

Publié le jeudi 16 décembre 2010 à 01h51min

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Un hommage particulier a été rendu à l’artiste de la chanson et des Arts du spectacle, Djata Ilébou au Musée de Manéga de Maître Titinga Frédéric Pacéré. C’était Dimanche 28 Novembre 2010. A l’occasion, dans la cité pittoresque, brillant de mille couleurs des traditions architecturales de l’habitat Kassena, la Case de la Reine du Palais, porte désormais le nom de « Case de la reine Djata Ilébou ». C’est un symbole, non moins pittoresque de l’homme de la Culture, et des Défenseurs de la Culture, à rehausser en pérennisant leur nom, la noblesse des hommes, des femmes de notre Pays, qui se consacrent et se sont consacrés à la défense et à l’illustration de notre Patrimoine culturel.

« Ce qui plait à Dieu plait aux Hommes. Que Dieu apaise la Terre pour, les Intègres qui devancent ». Ces propos de Maître Titinga Frédéric Pacéré distribués par un document à l’assistance très nombreuse venue pour la circonstance, traduisent bien ce qui reste à souhaiter à l’illustre disparu Djata Ilébou. L’artiste fut arrachée à l’affection des siens, de ses enfants, de sa famille, de la Nation fortement éplorée, dans la nuit du Mercredi 20 au Jeudi 21 Octobre 2010, aux environs de minuit, à l’Hôpital Yalgado Ouédraogo de Ouagadougou. Djata Ilébou a lutté puis, finalement, succombé au coma dans lequel elle était plongée depuis le Dimanche 17 octobre 2010 date à laquelle, en compagnie d’autres artistes, elle fut victime d’un accident de la circulation.

Elle laisse derrière elle 3 enfants, un Album qu’elle s’apprêtait à mettre sur le marché et une consternation générale dont personne n’arrive à se relever. Du Curriculum Vitae de Djata dressé par Maître Pacéré et distribué à l’Assistance, il ressort que Djata, de son vrai nom Badjata Ilébou, est née le 27 juin 1976 à Kampala, un village de la Province du Nahouri, au Sud du Burkina Faso ; elle est issue d’une famille d’artistes musiciens au sein de laquelle elle a été initiée dès l’âge de 4 ans au chant et à la danse. Elle n’a pas eu cette chance de fréquenter l’Ecole Occidentale ; elle rejoindra à l’âge de 7 ans la Capitale, pour tenir compagnie à sa grand-mère paternelle. C’est, dans cette ville, Ouagadougou, qu’elle fit la connaissance de Madame Moussognouma Kouyaté de la Troupe Wamdé, qui lui ouvre pleinement les portes de sa Troupe où se poursuivra son apprentissage de l’Art de la Musique et de la Scène. Avec cette Troupe, Djata fera des tournées en Suisse, en France et en Belgique.

Battante, Djata refusa de continuer sa vie, accrochée aux stricts dépens de sa famille et de sa grand-mère qu’elle se doit selon elle, plutôt de servir et soutenir que d’attendre à son âge, le soutien. Elle quittera dès lors la famille en 1997 pour braver toute seule, les difficultés de la vie. Une idée, un espoir la hante, sortir un album sur le marché, se faire une place dans le monde du showbiz, défendre la Culture.

En 1999, elle rencontre Yaya Popsy Diallo, qui lui permettra de réaliser son projet d’album. Ce premier album réalisé, intitulé « Dounia » qui veut dire « Le Monde » en langue Kassena, sa langue maternelle, traitait des difficultés de la vie telles que, l’égoïsme, l’ingratitude, la pauvreté, l’exclusion, le refus du partage, etc.

L’album par manque de promotion adéquate, ne connut pas le succès escompté par elle, mais, lui ouvre des horizons inespérés de la Scène Internationale dont les portes de l’Angleterre pour deux années. Elle rejoindra par la suite la Mère Patrie où elle reprit sa vie quotidienne passée et se mit aux rendez-vous des grands spectacles d’expression au sommet de la Culture dont la Semaine Nationale de la Culture (SNC) et les Nuits Atypiques de Koudougou (NAK). Djata est une artiste de la Nation et des NAK dont elle ne se départira pas dans son esprit et sa volonté de défense des couleurs nationales, de la Culture et de la Scène.

Son talent, de bonne heure, attira l’attention des Maîtres avisés de la Musique. Elle est ainsi sollicitée par l’artiste musicien producteur SMOCKEY pour poser sur un de ses titres intitulés, « Les Misérables ». Quelques années plu tard, sa voix douce, perçante, envoûtante, se fit entendre sur un titre du deuxième album du groupe de Rap, Clepto Gang, avec les chanteurs émérites des Yellen et Smockey. Vu sa grandeur d’expression, elle sera sollicitée après, pour poser sur la compilation Burkina Mousso, initiée par Seydoni Burkina, des Divas de la Musique Burkinabé et Ouest africaine.

Dans le titre de la compilation, Djata fait montre de son engagement pour la cause des personnes fragiles dont, l’enfance malheureuse, abandonnée et de l’indigence. Elle sollicite de la Société, leur considération et leur soutien. Elle s’exprime ainsi sur ce domaine : <>. Ce titre lui a valu le KUNDE de la Meilleure Artiste féminine 2006.

Le monde du Cinéma fera appel à Djata et à ses compétences de véritable « Bête de Scène », « Monstre Sacrée de la Culture Burkinabé et Africaine ». Elle s’imposera ici avec bonheur et honneur ; on citera, la série télévisée d’Adama Rouamba alias LE Phoenix intitulée « Petit Sergent » ; on citera aussi, la série Télé, « Testament » d’Apolline Traoré. Polyvalente, multidimensionnelle, Djata travaillait depuis quelque temps sur plusieurs créations chorégraphiques telles que L’Opéra du Sahel, Carmen Falinga d’Irène Tassembédo, la Compagnie Salia ni Seydou.

Les engagements de l’Artiste et ses thèmes vont en s’élargissant, mais, tous, sur l’amour de l’homme avec grand « H », la considération, la construction véritable de l’Humanité. Elle, déplora, s’en prit à la mortalité des femmes des couches difficiles de notre temps actuel et des équipements d’insuffisance des infrastructures de santé, à travers son tube, « Si je voyais la mort ». Ici, elle stigmatise les tristes réalités et constats que la femme se doit souvent de perdre la vie en donnant la vie : cela est intolérable, injuste et illogique. Ce Tube, une véritable apothéose de sa carrière, lui valut le Titre « d’Ambassadrice de Bonne Volonté et d’Honneur », de l’Alliance du Ruban Blanc pour la Maternite ans risque. Elle travailla également avec les Organisations de Défense des Droits de l’Homme dont, Amnesty International, le Rotary Club, le Mouvement International ATD Quart Monde des luttes contre la misère et l’exclusion sociale dont celle des femmes de l’indigence et des déviations de Culture.

Pour sa sagesse, sa disponibilité envers les personnes fragiles, ses admirateurs et admiratrices l’avaient et à raison surnommée affectueusement malgré son âge, « La Vieille Mère », nom, dont elle s’y reconnaîtra, se réclamera et affirmera pour son identité, toute sa vie. La Cérémonie elle-même qui se déroula ce 28 Novembre au Musée de Manéga relève du véritable vertige ; la Famille de la regrettée avait fait parvenir à Me Pacéré pour équiper la Case, les effets personnels et intimes, les effets de scènes et de spectacle, les vêtements qu’elle utilisait pour ses prestations, les éléments de sa literie, ceux de ses prestations cinématographiques, jusqu’aux écuelles, cuillères et fourchettes du dernier repas de l’illustre disparu ; sa perruque, ses bottines de scènes, le tabouret de sa cuisine pour sa préparation du « Tô »…

Très peu sont les personnes qui ont pu retenir leurs larmes en entrant dans cette Case qui s’identifie désormais à Djata

Vu la fragilité des objets, Maître Pacéré a décidé de les enlever après la cérémonie, mais, les remettra en place pendant quatre dimanches et aussi, les Journées de Noël et de Nouvel An pour les hommes de bonne volonté qui souhaiteraient en plus, y laisser des jouets, cadeaux de Noël et du Nouvel An ou soutiens de toutes formes, (matériel, financiers, vêtements, céréales, fournitures scolaires …etc.), pour les enfants de Djata qu’elle laisse, ces orphelins qui n’auront pas leur Mère ces jours là à leur offrir des cadeaux. Maître Pacéré a décidé d’être lui-même au Musée pour raison de sécurité des objets les jours précisés et recueillir ce qui peut être apporté pour les enfants ; la population et les amis ont été invités à penser aux enfants de Djata et à la famille de Djata.

Pour les présences à cette Cérémonie de Baptême de la CASE de Djata à Manéga, on peut citer plus de 40 personnes de la Famille de la regrettée dont les enfants de ladite venu de Kampala (Province du Nahouri, village de la Regrettée à près de 300 Km de Manéga), d’honorables Députés, Préfets, Maires, une trentaine de Chefs coutumiers ; des Dignitaires de la Cour du Roi du Gulmu (le Chef des Mossi du Gulmu), un Dignitaire de la Cour du Chef de Koupéla, plusieurs Chefs Coutumiers venus de Ouagadougou dont le Sankoui Naba de Ouagadougou ; des Artistes Musiciens…Il y avait plus de 5 000 (cinq milles) personnes venues des Départements de Zitenga, Dapelogo et du terroir qui accueille, Ourgou-Manéga..

Il est arrivé aussi au Musée, des Directeurs de Centres de Spectacles, deux Reines Mères du Cameroun dont Madame Werewere Liking, Professeur d’Université, Artiste émérite de la Scène, des Spectacles, Marionnettiste et Peintre des Ecoles et Universités du Cameroun et de Côte d’Ivoire ; ces 2 Reines, étaient venues à Kaya où elles avaient été invitées d’Honneur, pour le Festival Wed-Bindé qui s’y déroulait ; elles ont donc effectué le déplacement de Kaya pour Manéga et pour cette circonstance d’Hommage à la mémoire de l’Artiste Djata ; leur présence, leur modes vestimentaire en Reines du Cameroun, fut un évènement hautement saluée par l’assistance.

Divers témoignages furent faits lors de l’évènement ; du grand témoignage, il est à citer que Sa Majesté le Mogho Naba Baongho, Empereur des Mossé, dès qu’il a été informé du décès tragique de l’Artiste, profondément marqué, traumatisé par l’évènement, lui a composé un Poème, (le premier Intuitu Personnae de tous les écrits de l’Empereur), intitulé simplement, « Djata » ; le Texte de ce Poème, en grand format et illustré de l’Empereur, a été lu de la terrasse de la Case de Djata, terrasse sur laquelle s’étaient portés la famille de Djata, les Officiels de la Cérémonie et les illustres personnalités présentes, pour être bien vus des milliers de personnes venues pour la circonstance. Le Document, dédicacé, signé du Mogho Naba, a ensuite été remis au Représentant de la Famille de Djata.

La Famille de Djata, par son Représentant, a pris la Parole, pour adresser les sincères remerciements de la famille à Me Pacéré, au Village de Manéga, à toutes les Autorités politiques, civiles, militaires, religieuses, coutumières, à toutes les Populations,à tous les hommes de Culture et des Arts du Pays, de l’Afrique et du monde, pour tous ces soutiens multiformes à la Mémoire de Djata. Comme l’a dit Me Pacéré : « Ce qui vient est, ce qui passe » ! Djata Ilébou s’en est allée certes, mais sa mémoire restera vivace partout, dans le cœur des Hommes, dans le cœur de tous les Burkinabé.

Sita TARBAGDO

Sidwaya

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