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Alexandre Lebel à Emile Kima : « Évitez de livrer les étrangers à la vindicte populaire »

Publié le mardi 14 décembre 2010 à 02h28min

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Alexandre Lebel Ilboudo

Grand-Reporter, et lauréat du prix CNN 2010 dans la catégorie actualité générale presse écrite, Alexandre Lebel Ilboudo se prononce sur la crise ivoirienne et appelle au respect de la vie des populations.

Comment percevez-vous la crise ivoirienne dans un contexte où le pays se retrouve avec deux présidents qui revendiquent chacun le pouvoir ?

C’est une situation inédite et difficile à laquelle il convient de trouver le plus rapidement une solution. C’est vrai qu’en pareille situation, l’attention est plus portée sur les aspects politiques au détriment de la souffrance des populations. Dans un pays où le seuil de pauvreté dépasse les 48% et où la grande majorité des populations vivent au jour le jour, il faut se demander comment elles se nourrissent, et se soignent en pareille situation. C’est à mon sens criminel de jouer avec la vie et le destin d’un peuple de cette manière. On évoque aujourd’hui près d’une centaine de morts à l’occasion d’une élection dont tout portait à croire qu’elle sera exemplaire et historique. Il faut simplement regretter que les politiciens qui disent aimer la Côte d’Ivoire fassent ainsi preuve d’un égoïsme cynique.

A qui doit revenir le pouvoir selon vous ?

Ce n’est pas au simple citoyen que je suis de dire à qui revient le pouvoir dans une élection où tout le monde était d’accord sur les principes du jeu. La Commission électorale indépendante a proclamé un vainqueur en la personne de Monsieur Alassane Dramane Ouattara. Laquelle proclamation a été certifiée par le représentant spécial de l’Onu en Côte d’Ivoire. En dépit de la proclamation contraire du Conseil Constitutionnel, qui s’est passée dans des conditions évidemment discutables, la Cedeao, l’union Africaine, l’Union Européenne, les Etats-Unis et le Conseil de sécurité de l’Onu ont tous reconnu la victoire de Monsieur Ouattara et ont demandé au président sortant de céder le pouvoir. De mémoire de journaliste, je n’ai jamais vu une telle unanimité au sein de la communauté internationale.

Quelle issue préconisez-vous à cette grave crise ?

Pour moi, il y a de solution que l’acceptation de Monsieur Laurent Gbagbo à restituer le pourvoir. A césar ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu dit-on. Je voudrais rappeler à toutes fins utiles que la rébellion du 19 septembre 2002 qui a plongé la Côte d’Ivoire dans ces huit ans de crise est née des élections viciées de 2000. Vous vous imaginez ce qui pourrait être les conséquences d’une confiscation du pouvoir dix ans après. Il faut tout simplement souhaiter pour la Côte d’Ivoire que Monsieur Laurent Gbagbo entende raison. Car en acceptant de partir, il libère la Côte d’Ivoire d’un cycle infernal de succession de crises.

Le président du comité de soutien des accords politiques de Ouagadougou, Kima Emile, a jugé en fin de semaine dernière le silence de Blaise Compaoré troublant. Êtes-vous d’avis avec lui ?

C’est sont opinion. Mais je voudrais rappeler ici que le président du Faso a fait ce qu’il avait à faire pour que les choses aillent bien en Côte d’Ivoire. Il n’a ménagé aucun effort pour cela. Pas seulement depuis la signature de l’accord de Ouaga mais bien avant. Dire aujourd’hui que son silence est troublant, revient à dédouaner facilement celui par qui la situation connait à nouveau un blocage. Il faudra que Monsieur Kima sache que le président Blaise Compaoré a suffisamment fait preuve d’une grande responsabilité et d’égard pour les acteurs de la crise ivoirienne. Interpeller le président du Faso de cette manière me paraît irrévérencieux de la part de Kima Emile.

M. Kima a aussi désapprouvé la condamnation de la Cedeao qui n’aurait pas pensé, selon lui, aux millions d’étrangers de cet espace qui résident en Côte d’Ivoire ?

Je trouve cette réaction très insidieuse de sa part.La quête de solution à la crise ivoirienne n’exempte pas de dire la vérité. Une telle appréhension de la décision de la Cedeao revient implicitement à livrer les étrangers à la vindicte populaire. Monsieur Kima Emile qui est burkinabé d’origine, sait que l’étranger a toujours été un bouc-émissaire en Côte d’Ivoire ; il n’ignore pas non plus le lourd tribut payé par sa communauté dans cette longue crise. Je pense humblement que quand on s’est prévalu trois ans durant d’un titre sur le dos d’une communauté, quand on s’est servi d’elle comme marchepied pour se faire une place au soleil, on doit savoir lui être reconnaissant. C’est un minimum.

Pensez-vous que les étrangers soient actuellement menacés en Côte d’Ivoire ?

L’instabilité ambiante actuelle menace tout le monde de façon générale, que vous soyez Ivoiriens ou Malien. Il n’y a pas un groupe ciblé pour l’instant. Mais il faut craindre que des réactions comme celle que débitent le président du comité de soutien à l’accord politique de Ouagadougou ne donnent des idées à quelques extrémistes et n’enveniment la situation. La semaine dernière on a déploré la mort de trois Burkinabè abattus dans les communes de Port-Bouët et de Koumassi. C’est pour vous dire que cette situation d’instabilité n’épargne déjà personne.

En tant qu’observateur, quel est le sort de l’accord politique de Ouagadougou selon vous ?

A mon avis c’est un accord qui est désormais en veilleuse. Sa mise sur l’éteignoir s’est faite le jour même où la Côte d’Ivoire s’est retrouvée avec deux présidents. Vous convenez avec moi que le schéma actuel est loin d’être le dénouement prévu par l’Apo.Pour moi ces accords sont enterrés. Et je ne pense pas qu’en dépit de sa disponibilité, le président Blaise Compaoré veuille encore sincèrement traiter de ce dossier ivoirien-là. Après trois ans de dialogue, de débauche d’énergie pour un tel résultat, ce serait ridicule.

Entretien réalisé par Charlène Adjovi,
Informateur.net

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Vos commentaires

  • Le 14 décembre 2010 à 05:45 En réponse à : Alexandre Lebel : « Évitez de livrer les étrangers à la vindicte populaire »

    JE DIS A KIMA EMILE DE FAIRE PREVE DE RETENUE ET LAISER LE PRESIDENT COMPAORE EN PAIX CAR LES PROBLEMES POLITIQUE NE PAS DE SON NIVEAU. ONT SE CONNAIS DANS CE PAYS LA .TU AS TOUJOURS ETE DANS LES SALES AFFAIRES ; ICI TU AS FAIS TUE TES COMPATRIOTE QUAND TU TE FAISAIS PASER POUR UN AGENT DE LA PJ ABIDJAN OR TU ETAIS UN BRAQEUR.TON AFFATRE DE APO LA ES QUITER OU MAINTENANT QUE SA PREND FIN TU VEUX LIVRER ENCORE TES COMPATRIOTE A LA VENDICTTER POUR TROVER A MANGER PAUVRE A TOI. TU ES MECHANT MON FREFRE ARRET CAR TROP C ?EST TROP NOUS BURKINABE VEULENT LA PAIX POUR CE PEUPLE FREFRES IVOIRIENS QUI SONT TRES HOSPITALIER.

  • Le 14 décembre 2010 à 10:07, par ouattara salif En réponse à : Alexandre Lebel : « Évitez de livrer les étrangers à la vindicte populaire »

    stop à cela. Les textes disent que la commission electorale donne des resultats provisoires et le conseil constitutionnel les valides. Au premier tour cela a été le cas . Le porte parole de la commission en lisant les resultats dit " resultat provisoire de la localité de X ou de Y".

    Frere si les grandes puissances se leve contre GBAGBO c’ est parcekil ne fait pas leur affaire. Le reste est du maquillage. Ceux qui souffrent c’ est nous les ivoiriens.

    S’ ils etaient aussi juste que ca , en 2002 quant les rebelles (qui assurent la securité de ADO en ce moment) ont attaqué le president elu la reaction allait etre la meme ou meme le dixieme. Que non.

    En plus ans les deux resultats GBAGBO a plus de 45% . Il faut donc faire attention aux declarations GBAGBOPHOBE.

    • Le 14 décembre 2010 à 13:42, par D.E En réponse à : Alexandre Lebel : « Évitez de livrer les étrangers à la vindicte populaire »

      Ouattara Salif,tu ne merite pas d’ètre repondu.Car selon l’accord c’est l’ONU qui devait valider les resultats.Taches-toi de bien t’informer avant de parler.

    • Le 14 décembre 2010 à 18:50, par JULIO En réponse à : Alexandre Lebel : « Évitez de livrer les étrangers à la vindicte populaire »

      Salut frere Ivoirien !il n’y a pas de gbagbo-phobie au faso ou en Europe:la comunaute internationale a investie des milliars pour ces elections et tout le mettient de la paix pendant pret de dix ans ,combien de fois les elections on ete reportees ?dans les accords de Pretoria et Ouaga c’esttous les acteurs politique Ivoiriennes y compris ton Gbagbo qui on demandee la certification des resultats des elections par les nations unies(manque de confiance aux institutions : CI etCC),au premier tour cela c’est faite bien que les resultats provisoires on ete donne une heure en retard par apport au delai impartie a la CI ,Gbagbo etait gagnant !!(alors pas de probleme si on gagne mieux vaut tard que jamais)Pourquoi cela pose t’il un probleme au deuxieme tour ?soyez logigue ne chercher pas les poux sur les tetes des burkinabe et europeens mais sur les tiennes.Vive la paix en COTE D’IVOIRE et en Afrique .

  • Le 14 décembre 2010 à 17:12, par Jean Eudes En réponse à : Alexandre Lebel à Emile Kima : « Évitez de livrer les étrangers à la vindicte populaire »

    Salut, je voudrais ici poser une question à Monsieur le journaliste. Il dit que si M. Gbagbo quitte le pouvoir, il libèrera la Côte d’Ivoire d’un cycle infernal de succession de crises.
    Je voudrais donc savoir si Gbagbo reste au pouvoir, est-ce qu’il aura des crises. si oui qui sera l’auteur de cette autre crise ? Parce qu’à vous entendre parler M. Gbagbo sera la cause. Qui sera l’auteur ? En tout cas ce ne sera pas Gbagbo, parce que s’il voulait créer des crises, M. Allassane ne serait jamais candidat.
    Vous allez me dire sans doute qu’il a été obligé. Pourquoi n’arrive t-on pas à l’obliger pacifiquement à quitter le pouvoir et on veut passer par la force.

  • Le 15 décembre 2010 à 16:10, par WENDMI En réponse à : Alexandre Lebel à Emile Kima : « Évitez de livrer les étrangers à la vindicte populaire »

    SLT JE VOUDRAIS DEMANDER A KIMA DE QUITTE DANS SA QUAND LA FIN ARRIVE IL FAUT S AVOIR PARTIR LE BLESO N AI PAS TON CAMARADE VA JOUET AILLEUR. ET C I YAKO MM LES BRAQUEURS, VOLEURS, ASSASSINS,INDICS, FONT LA POLITIQUE ON SE CONNAIS LAISSE AFFAIRE SINON DRA VA WAN MON FRERE LAISSE NOS FRERES IVOIRIENS REGLER LEURS BLEM SI TU PEUS PAS LES AIDER NE MET PAS ESSANCE SUR LE FEU QUE DIEU GARDE LA C I ET L AFRIQUE. (man sougri)SAM BIGA

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