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BIRGUI JULIEN OUEDRAOGO : "Je possède des objets d’art anciens pour faire trois musées"

Publié le lundi 13 décembre 2010 à 00h18min

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Dans le cadre de la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance de notre pays et à la faveur de la grande conférence régionale du Nord tenue le 25 novembre 2010 à Ouahigouya, il a été prévu la visite de quelques sites touristiques de la région par les autorités. Dans la province du Zondoma, ce sont les hauts fourneaux de Saye (localité située à 20 Km de Gourcy), le mausolée de Naaba Yadéga et le musée de Gourcy qui ont été retenus par les organisateurs. Nous avons profité de l’occasion pour échanger avec Birgui Julien Ouédraogo (B.J.O), l’initiateur du projet de construction du musée. C’est un homme de culture et passionné des arts que nous avons rencontré à son domicile sis au secteur 04 de Gourcy. Il nous parle sans ambages de ce qu’il a tant aimé.

"Le Pays" : présentez-vous aux lecteurs

B.J.O : Je me nomme Birgui Julien Ouédraogo. Je suis né en 1926 à Gourcy. Après mes études primaires et secondaires, je suis engagé comme moniteur de dessin en 1945 à l’Ecole technique de Ouagadougou mais licencié un an après pour fait de grève (la grève des chemins de fer de l’Afrique occidentale française (AOF) de 1946. La même année, je réussis au concours de Commis de poste à Bamako. A la faveur de la reconstitution de la Haute-Volta (actuel Burkina Faso), je rejoins mon pays d’origine. En 1964 je rentre à l’école supérieure des postes et télécommunications de Toulouse et obtiens le diplôme d’inspecteur. Je suis nommé directeur du Centre voltaïque des arts en 1971. J’y reste jusqu’en 1980, année à laquelle je fais valoir mes droits à la retraite. Elu conseiller territorial en 1957 puis député en 1970 et 1978, je suis également le fondateur du lycée privé mixte Bangr- Nooma de Ouagadougou.

Pourquoi construire un musée ?

En dehors de ma formation professionnelle, j’ai toujours eu une passion pour les objets d’art. Au Cours élémentaire déjà, je faisais des dessins pour mes camarades qui me récompensaient avec des cauris. Au départ, le lycée Bangr-Nooma devait être un centre artisanal, mais l’acquisition du matériel technique a posé problème. Aussi, mon rêve était de bâtir un musée dans ma vie et Dieu merci cela est en train de se réaliser.

Quels sont les objets d’art qui y seront exposés ?

J’ai commencé ma collection en 1965. A l’heure où je vous parle, je possède des objets d’art anciens pouvant faire trois musées : bracelets, colliers, instruments de musique, masques d’Afrique et du Burkina, statuettes sacrées, batiks, objets de culte et de décoration, billets de banque dont le tout premier d’une valeur de 0,5 franc émis en AOF en 1923.

Parlez nous de votre expérience dans le domaine des arts

Je garde de bons souvenirs. J’ai fait ma première exposition en 1957 à Tenkodogo pendant que j’étais receveur de poste. A l’occasion, j’ai vendu quatre tableaux à 42 000 francs et à cette époque c’était une fortune. J’ai participé à un concours international organisé par le ministère français des Postes et télécommunications à Paris en 1970. J’ai reçu le premier prix (la médaille d’or) en arts plastiques et la vingtaine de batiks que j’ai présentés ont été tous achetés. C’est juste après cette décoration que j’ai été nommé directeur du Centre voltaïque des arts. Entre autres distinctions, j’ai été décoré de la médaille du mérite des arts et des lettres de France.

Quel sera le nom de baptême du musée ?

Le musée Naaba Yadéga de Gourcy. Il reste des détails à parfaire avec le ministère de la Culture avant l’ouverture officielle qui ne saurait tarder.

Un dernier mot

Mon ambition est d’installer tous les artisans autour du musée. Il est donc prévu une extension à cet effet. Je retiens aussi que dans toute entreprise humaine, il faut de la conviction et du courage. Sans cela je ne serai pas arrivé à ce niveau de réalisation du musée. Je remercie le Premier ministre, le ministre de la Culture et les partenaires qui m’ont soutenu dans ce projet. Merci également au journal ‘’ Le Pays’’ pour cette marque de considération. Aux autorités locales, qu’elles s’intéressent davantage à cette infrastructure. Merci.

Propos recueillis par P.B. Winninmi ILBOUDO

Le Pays

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