LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

SITUATION EN CÔTE D’IVOIRE : Que la CEDEAO exerce son autorité !

Publié le mardi 7 décembre 2010 à 01h55min

PARTAGER :                          

La communauté internationale s’active pour trouver une solution à la crise ivoirienne. Les appels pour que le camp de Laurent Gbagbo se plie aux résultats de l’élection présidentielle tels que proclamés par la Commission électorale indépendante (CEI) fusent de toutes parts. C’est dans ce contexte que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se réunit d’urgence aujourd’hui à Abuja au Nigeria. Elle devra, après avoir appelé les Ivoiriens à respecter le verdict des urnes tel que annoncé par la CEI, prendre les mesures qui s’imposent pour faire entendre raison au camp Gbagbo.

La Côte d’Ivoire sera-t-elle suspendue des instances de l’organisation communautaire comme cela avait été le cas pour le Niger alors sous la houlette de Mamadou Tandja et de la Guinée après le putsch de Dadis Camara ? La CEDEAO va-t-elle, à l’instar de l’Union africaine (UA), tenter une médiation ? On attend de voir et on ne manque pas de s’interroger également sur le degré d’efficacité des mesures qui seront prises. Toujours est-il que la CEDEAO doit exercer son autorité dans ce dossier. Cette organisation sous-régionale, qui est le premier rideau de la communauté internationale dans la zone, devra formuler des propositions de solutions à l’endroit de cette communauté, notamment de l’UA. Elle aura probablement à prendre des décisions qui ne plairont pas au président sortant.

Quant à l’UA, elle a déjà envoyé Thabo Mbeki, en Côte d’Ivoire, à la rencontre des protagonistes. Une mission des plus difficiles pour l’ex-président sud-africain. Certainement que le choix de ce médiateur ne s’est pas fait au hasard. L’on se souvient que dans la quête d’une solution à la crise qui secoue leur pays, les pas des Ivoiriens les avaient conduits à Pretoria avant les négociations ayant abouti aux Accords de Ouagadougou. En son temps, les négociations qui avaient accouché des Accords de Pretoria étaient placées sous l’égide de Thabo Mbeki, alors chef de la Nation arc-en-ciel. C’est dire donc qu’il est un de ceux qui connaissent le mieux le dossier et les acteurs ivoiriens et qui, de surcroît et cela a toute son importance, bénéficient encore d’une oreille attentive auprès de Laurent Gbagbo .

Pour l’heure, Alassane Ouattara a reçu le soutien de plusieurs Etats et organisations internationales. Comment devront-ils matérialiser leur soutien au candidat proclamé vainqueur par la CEI ? Cette solidarité internationale avec Ouattara résistera-t-elle au temps ? En effet, le temps joue en faveur de Gbagbo. La crainte que les uns et les autres se ramolissent, révisent leurs positions et fassent même des volte-face spectaculaires n’est pas inexistante. On s’aperçoit d’ailleurs que la solidarité internationale en faveur d’Alassane Ouattara, n’est pas sans faille. En effet, des voix discordantes, et non des moindres, s’élèvent au sein de la communauté internationale : la Russie et la Chine refusent de rejoindre les autres membres influents de l’ONU dans la coalition pro-Ouattara. Cette situation n’est pas vraiment surprenante pour qui connaît les "grands" de l’ONU qui ont rarement brillé par leur unité sur un dossier. La logique des intérêts des Etats a trop souvent primé la défense de la légalité et de la légitimité par ces pays. Une fois de plus, cette logique des intérêts risque de plomber cet élan de solidarité. En outre, la vague nationaliste sur laquelle le candidat de la majorité présidentielle a toujours surfé allègrement lui vaut une certaine sympathie face aux critiques "extérieures".

Dans ce contexte, l’on peut, une fois n’est pas coutume et sous réserve que cette fermeté reste de mise, saluer le courage de la France qui a pris ouvertement position pour Alassane Ouattara. Elle l’a fait à ses risques et périls, étant entendu que si Laurent Gbagbo venait à prendre le dessus dans ce bras de fer, les intérêts occidentaux, surtout français, en Côte d’Ivoire, risquent fort d’en pâtir. En ce qui concerne la solution, certaines voix refusent d’ores et déjà un scénario à la kenyane ou à la zimbabwéenne. L’on se souvient du fait que dans chacun de ces deux Etats, le chef d’Etat dont la réélection a été contestée, est resté malgré tout au pouvoir et le leader de l’opposition, censé avoir remporté l’élection, est devenu seulement Premier ministre.

En attendant qu’une solution soit trouvée à cette crise post-électorale, l’évolution des choses prouve à souhait que la réunification du pays n’avait pas été effective, du moins, que c’était une réunification de façade, sans sincérité. L’on se retrouve donc avec deux présidents et deux gouvernements pour la seule Côte d’Ivoire. Fait insolite, chaque camp veut s’attacher les services de l’ex-ministre des Finances, Charles Koffi Diby. Une sorte de bataille dans la bataille pour le fauteuil présidentiel. Sûrement que cela est tout à l’honneur de cet homme issu de la société civile qui, visiblement, brille par sa compétence à son poste. Dans cette quête de solutions, pourquoi ne pas reprendre l’élection dans les départements dont les suffrages posent problème avec toutes les mesures d’accompagnement qu’il faut ? Cela pourrait aider à mettre tout le monde d’accord si tant est que la bonne foi prévaut.

"Le Pays"

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 7 décembre 2010 à 04:18, par Ange En réponse à : SITUATION EN CÔTE D’IVOIRE : Que la CEDEAO exerce son autorité !

    Merci mon frere du burkina pour cet article. Si simple et objectif.

  • Le 7 décembre 2010 à 09:42 En réponse à : SITUATION EN CÔTE D’IVOIRE : Que la CEDEAO exerce son autorité !

    Mrci pour cette question plein de sens à mon avis. Pourquoi ne pas reprendre les élections tout simplement dans ces zones ? Que ceux qui s’y connaissent nous donnent des explications plausibles. S’il ya des constitutionnalistes dans le forum pour nous éclairer ; ce sera la bien venue.

  • Le 9 décembre 2010 à 11:00, par gbakre opate En réponse à : SITUATION EN CÔTE D’IVOIRE : Que la CEDEAO exerce son autorité !

    La Cote d’Ivoire est un pays souverain donc ne peut etre influencer par la CEDEAO qui est une émanation de Pays. La décision de la cour constitutionnelle est irrévocable selon la constitution ivoirienne. Seul Le Président Gbagbo peut avec l’article 48 casser cette decision de la cour et démissionner. Il n’y a plus de recours legal.

    De grace je pense que vous devriez chercher à voir les PV frauduleux dont Gbagbo parle et savoir que les election ont été invalidées en France et à fresco par ce que il y a eu des troubles et des evenements bizarre. Pourquoi est ce qu’on ne pourrait on pas invalider les resultats dans le Nord du pays ou nous savons que des rebelles ont des armes.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique