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Laurent Bado à propos du cinquantenaire du Burkina : 50 ans de mimétisme socioculturel, une situation politico-économique potentiellement dramatique

Publié le mardi 7 décembre 2010 à 01h56min

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Le parti de la renaissance nationale (PAREN) a organisé une conférence publique sur le cinquantenaire de l’indépendance du Burkina Faso le 04 décembre dernier à Ouagadougou. Ce l’occasion pour le fondateur du parti, Laurent Bado de jeter un regard rétrospectif critique sur l’évolution politique, économique et social du pays. A le croire, les 50 ans d’indépendance peuvent être assimilés à 50 ans de mimétisme socioculturel. La situation politico-économique quand à elle serait potentiellement dramatique.

Le conseil burkinabè des chargeurs (CBC) qui a abrité cette conférence publique a refusé du monde. Des élèves et étudiants ont pris d’assaut la salle, car ils savaient qu’ils allaient être servis. Le professeur Laurent Bado avec le langage qu’on lui connait n’a pas mâché ses mots. Parti de la société traditionnelle, Laurent Bado débouche sur celle dite moderne dans laquelle nous vivons aujourd’hui. La conscience du passé détermine la conscience présente et celle du futur ; ce qui justifie cette méthodologie. L’indépendance au Burkina Faso comme dans les autres pays africains a été acquise dans « l’euphorie générale et dans l’optimisme béat », lance-t-il. Entre 1958 et 1960, tous les économistes libéraux comme communistes burkinabè prévoyaient le décollage industriel de notre pays pour les années 1970. Et cela, en tenant compte de deux forces : les potentialités agro-pastorales et la qualité des hommes. « Le burkinabè est un gros travailleur et est très modeste dans la jouissance », rappelle-t-il. Mais, le désenchantement ne tardera pas. Seulement à partir de 1973 avec la crise pétrolière et la sécheresse au sahel.

Conséquence : on assiste à un développement du sous-développement. Fini donc le rêve du décollage industriel. Au fil des années, la désillusion s’installe. Quelques éléments d’appréciation donnée par le conférencier : en 1994 ; 44% de burkinabè vivait en dessous du seuil de pauvreté. En 1996, le revenu moyen du burkinabè était inférieur à ce qu’il était en 1980. Depuis 1997, notre pays est classé parmi les trois plus pauvres de la planète. En 2008, le Burkina a atteint le pic de la misère avec les émeutes de la faim à Banfora, Bobo, Ouahigouya et Ouagadougou. « Cette année 2010, notre pays célèbre le 50e anniversaire de son indépendance sur fond d’une immense majorité en voie de paupérisation consolidée », puisque c’est 46,6% de burkinabè qui sont désormais « des mendiants larmoyants », c’est-à-dire en dessous du seuil de pauvreté. Pendant ce temps, « une infirme minorité est lancée sur les autoroutes d’un enrichissement insinu défini par l’indéfini », souligne Laurent Bado sous les acclamations naïves de l’assistance. Pourtant l’heure n’est pas aux applaudissements. Les statistiques énoncées donnent du tournis.

Ainsi donc, Bado qualifie nos 50 ans d’indépendance, de 50 ans de mimétisme socio-culturel tellement la perte des valeurs identitaires est importante. La solidarité n’existe plus, le burkinabè n’est plus intègre, il ignore la citoyenneté, il n’est plus peu jouisseur… Sans aimer le président actuel, Laurent Bado lui rend néanmoins hommage pour avoir reconnu que le Burkina est à la croisée des chemins en 2001. Sur le plan social, aujourd’hui, il y a une rupture dramatique avec le passé. Le pauvre est crucifié par la minorité de richissimes. Quant à la situation politico-économique, elle n’est guerre reluisante. « Les hommes politiques dans l’ordre moral sont ce que sont les monstres dans l’ordre physique », martèle Laurent Bado. Les intellectuels burkinabè sont des castors. Les opposants burkinabè aiment leur peuple comme le boucher aime son mouton qu’il s’apprête à tuer. « J’ai honte de l’opposition politique de notre pays », finit-il par crier.

Logiquement, le peuple en a marre de la politique, en témoigne le nombre d’inscrits pour l’élection présidentielle de 2010. En établissant une comparaison avec la haute Volta des années 1960, Laurent Bado affirme sans détour que « nous avons fait un grand bon en arrière ». Parlant de notre économie, il la qualifie d’économie grave. La situation politico-économique est potentiellement dramatique. Pour cela, il en appelle au réveil de chaque citoyen. Chacun doit jouer sa partition, d’autant que le Burkina est notre pays à nous tous.

Moussa Diallo

Lefaso.net

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