Laurent Bado à propos du cinquantenaire du Burkina : 50 ans de mimétisme socioculturel, une situation politico-économique potentiellement dramatique
Le parti de la renaissance nationale (PAREN) a organisé une conférence publique sur le cinquantenaire de l’indépendance du Burkina Faso le 04 décembre dernier à Ouagadougou. Ce l’occasion pour le fondateur du parti, Laurent Bado de jeter un regard rétrospectif critique sur l’évolution politique, économique et social du pays. A le croire, les 50 ans d’indépendance peuvent être assimilés à 50 ans de mimétisme socioculturel. La situation politico-économique quand à elle serait potentiellement dramatique.
Le conseil burkinabè des chargeurs (CBC) qui a abrité cette conférence publique a refusé du monde. Des élèves et étudiants ont pris d’assaut la salle, car ils savaient qu’ils allaient être servis. Le professeur Laurent Bado avec le langage qu’on lui connait n’a pas mâché ses mots. Parti de la société traditionnelle, Laurent Bado débouche sur celle dite moderne dans laquelle nous vivons aujourd’hui. La conscience du passé détermine la conscience présente et celle du futur ; ce qui justifie cette méthodologie. L’indépendance au Burkina Faso comme dans les autres pays africains a été acquise dans « l’euphorie générale et dans l’optimisme béat », lance-t-il. Entre 1958 et 1960, tous les économistes libéraux comme communistes burkinabè prévoyaient le décollage industriel de notre pays pour les années 1970. Et cela, en tenant compte de deux forces : les potentialités agro-pastorales et la qualité des hommes. « Le burkinabè est un gros travailleur et est très modeste dans la jouissance », rappelle-t-il. Mais, le désenchantement ne tardera pas. Seulement à partir de 1973 avec la crise pétrolière et la sécheresse au sahel.
Conséquence : on assiste à un développement du sous-développement. Fini donc le rêve du décollage industriel. Au fil des années, la désillusion s’installe. Quelques éléments d’appréciation donnée par le conférencier : en 1994 ; 44% de burkinabè vivait en dessous du seuil de pauvreté. En 1996, le revenu moyen du burkinabè était inférieur à ce qu’il était en 1980. Depuis 1997, notre pays est classé parmi les trois plus pauvres de la planète. En 2008, le Burkina a atteint le pic de la misère avec les émeutes de la faim à Banfora, Bobo, Ouahigouya et Ouagadougou. « Cette année 2010, notre pays célèbre le 50e anniversaire de son indépendance sur fond d’une immense majorité en voie de paupérisation consolidée », puisque c’est 46,6% de burkinabè qui sont désormais « des mendiants larmoyants », c’est-à-dire en dessous du seuil de pauvreté. Pendant ce temps, « une infirme minorité est lancée sur les autoroutes d’un enrichissement insinu défini par l’indéfini », souligne Laurent Bado sous les acclamations naïves de l’assistance. Pourtant l’heure n’est pas aux applaudissements. Les statistiques énoncées donnent du tournis.
Ainsi donc, Bado qualifie nos 50 ans d’indépendance, de 50 ans de mimétisme socio-culturel tellement la perte des valeurs identitaires est importante. La solidarité n’existe plus, le burkinabè n’est plus intègre, il ignore la citoyenneté, il n’est plus peu jouisseur… Sans aimer le président actuel, Laurent Bado lui rend néanmoins hommage pour avoir reconnu que le Burkina est à la croisée des chemins en 2001. Sur le plan social, aujourd’hui, il y a une rupture dramatique avec le passé. Le pauvre est crucifié par la minorité de richissimes. Quant à la situation politico-économique, elle n’est guerre reluisante. « Les hommes politiques dans l’ordre moral sont ce que sont les monstres dans l’ordre physique », martèle Laurent Bado. Les intellectuels burkinabè sont des castors. Les opposants burkinabè aiment leur peuple comme le boucher aime son mouton qu’il s’apprête à tuer. « J’ai honte de l’opposition politique de notre pays », finit-il par crier.
Logiquement, le peuple en a marre de la politique, en témoigne le nombre d’inscrits pour l’élection présidentielle de 2010. En établissant une comparaison avec la haute Volta des années 1960, Laurent Bado affirme sans détour que « nous avons fait un grand bon en arrière ». Parlant de notre économie, il la qualifie d’économie grave. La situation politico-économique est potentiellement dramatique. Pour cela, il en appelle au réveil de chaque citoyen. Chacun doit jouer sa partition, d’autant que le Burkina est notre pays à nous tous.
Moussa Diallo
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 7 décembre 2010 à 05:42 En réponse à : Laurent Bado à propos du cinquantenaire du Burkina : 50 ans de mimétisme socioculturel, une situation politico-économique potentiellement dramatique
Sans commentaire ! Professeur vous avez parfaitement raison pour le bilan que vous venez de dresser.
2. Le 7 décembre 2010 à 09:21 En réponse à : Laurent Bado à propos du cinquantenaire du Burkina : 50 ans de mimétisme socioculturel, une situation politico-économique potentiellement dramatique
Le diagnostic est juste. Il faut dire que Blaise en porte la moitié de la responsabilité des 50 ans puisqu’il est au pouvoir depuis 23 ans + 4 ans en tant que N° 2 sous la révolution. C’est finalement, lui le principal responsable de cette régression en terme de paupérisation avancée, de gabégie, corruption galopante, de recul de la démocratie de façade, etc. S’il était honnête Blaise, il aurait dû garder tout cet argent prévu pour le 11 décembre, et l’investir dans des écoles, des dispensaires et hôpitaux... mais comme il est déconnecté des réalités du bas peuple, ce n’est pas son problème.
3. Le 7 décembre 2010 à 10:58 En réponse à : Laurent Bado à propos du cinquantenaire du Burkina : 50 ans de mimétisme socioculturel, une situation politico-économique potentiellement dramatique
"Acclamations naïves" qu’est-ce que vous voulez dire exactement ?
Le 7 décembre 2010 à 13:36 En réponse à : Laurent Bado à propos du cinquantenaire du Burkina : 50 ans de mimétisme socioculturel, une situation politico-économique potentiellement dramatique
il y a rien à applaudir : c’est un bilan triste !
4. Le 7 décembre 2010 à 12:56, par la colère En réponse à : Laurent Bado à propos du cinquantenaire du Burkina : 50 ans de mimétisme socioculturel, une situation politico-économique potentiellement dramatique
Merci Professeur,
vous avez dit haut et fort ce que le Burkinabè conscient (combien sont-ils ?) pense bas et sait. le reste (non conscient) ne sait malheureusement pas qu’il a aussi droit à une vie meilleure,car les biens de se pays sont pour tous les Burkinabè et doivent être équitablement répartis. ceci, Professeur, nous aurons toujours besoin des Hommes comme vous pour la conscientisation des burkinabè qui pensent et vivent comme des "poulets sur bagages" qu’on manipule à sa guise.
5. Le 7 décembre 2010 à 13:27 En réponse à : Laurent Bado à propos du cinquantenaire du Burkina : 50 ans de mimétisme socioculturel, une situation politico-économique potentiellement dramatique
Merci professeur, puisse le tout puissant vous donne longue vie pour nous éclairer.
J’ai déploré votre retrait à la campagne présidentielle qui a été un argument pour beaucoup d’intellectuels burkinabé de ne pas s’y intéresser.
puisse vos apparutions se multiplient pour notre éveil et surtout l’espoir de faire de nous des hommes conscients à même de relever les défis de notre chère nation.
6. Le 7 décembre 2010 à 18:57, par TRAORE Lassina En réponse à : Laurent Bado à propos du cinquantenaire du Burkina : 50 ans de mimétisme socioculturel, une situation politico-économique potentiellement dramatique
Professeur BADO, si vous voulez vraiment être crédible dans vos analyses, merci de rendre au peuple burkinabé l’argent que Blaise COMPAORE vous a remis et qui vous a obligé à vous retirer de la scène politique.
TRAORE Lassina
Le 10 décembre 2010 à 19:36, par T.T.T En réponse à : Laurent Bado à propos du cinquantenaire du Burkina : 50 ans de mimétisme socioculturel, une situation politico-économique potentiellement dramatique
Monsieur informez vous et revenez donnez votre avis on est dans un journal sérieux
7. Le 7 décembre 2010 à 19:12, par Inoussa En réponse à : Laurent Bado à propos du cinquantenaire du Burkina : 50 ans de mimétisme socioculturel, une situation politico-économique potentiellement dramatique
Merçi encore professeur ; mais le hic c’est que ce n’est que 10 ou 15% des BURKINABE qui savent lire. Le jour où 30% comprendrons vos propos ça ira mieux pour le faso. Alors initiez des conférences pareilles en langue nationale pour voir , on ne connait pas la jamais sinon pour le moment on poura pas t’a aider.
8. Le 7 décembre 2010 à 20:00 En réponse à : Laurent Bado à propos du cinquantenaire du Burkina : 50 ans de mimétisme socioculturel, une situation politico-économique potentiellement dramatique
Pourquoi ne dresser que le Bilan négatif, il faut être optimiste, c’est vrai Blaise n’a pas fait beaucoup évolué les choses mais il y a eu des percés dans ce pays. Pour le cinquantenaire il est mieux de se concentrer sur les aspects positif que notre nation a connu et non toujours sur les aspects négatifs !
Le 7 décembre 2010 à 22:40 En réponse à : Laurent Bado à propos du cinquantenaire du Burkina : 50 ans de mimétisme socioculturel, une situation politico-économique potentiellement dramatique
On s’ en fout des trains qui arrivent a l’ heure. Ca devait etre comme ca. Mais les nombreux trains qui arrivent en retard, la plupart qui entravent nos voies parce que tombes en passe, c’est ca nous on regarde.
9. Le 7 décembre 2010 à 22:22 En réponse à : Laurent Bado à propos du cinquantenaire du Burkina : 50 ans de mimétisme socioculturel, une situation politico-économique potentiellement dramatique
PROFESSEUR BADO, VOTRE DOMAINE C’EST LES CONFERENCES POUR CONSCIENTISER LE PEUPLE ET JE VOUS EN FELICITE. ECRIVEZ ET DONNEZ LES CONFERENCES ET LA CONSCIENCE DE LA JEUNESSE VA S’EVEILLER. MAIS PARDON LAISSER LA POLITIQUE QUI EST UN MILIEU DE RAPACES ET D’HOMMES PEU RECOMMANDABLES (au faso je veux dire).