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Méningite en Afrique : un projet en cours de réalisation

Publié le jeudi 20 novembre 2003 à 11h42min

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Entre 1998 et 2002, les pays de la ceinture de la méningite ont signalé plus de 223 000 nouveaux cas de méningite à méningocoques à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Malgré les campagnes de vaccination organisées dans ces pays, les épidémies surviennent de façon cyclique.

Face à cette situation, l’équipe du docteur Marc Laforce a décidé de s’inspirer de l’expérience d’autres pays (industrialisés) pour "bouter la méningite hors d’Afrique’’. Directeur du "projet Vaccins méningite’’, le docteur Laforce en séjour au Burkina nous a fait le résumé du bien-fondé de son projet.

La méningite, un véritable fléau

La méningite est une infection du liquide céphalo-rachidien qui entoure le cerveau et la moelle épinière. Elle résulte d’une infection virale ou bactérienne. Il existe deux sortes de méningite. La méningite virale (causée par un virus) qui est généralement bénigne et disparaît sans nécessité de traitement particulier et celle bactérienne (causée par une bactérie) qui est très grave qui se développe rapidement et peut être la cause de lésions cérébrales, de surdité, de troubles d’apprentissage.

Elle est également associée à un important risque de mortalité. Quelque 80 % des cas de méningite bactérienne sont causées par l’haemophilus influenzae type b (Hib), le streptococcus pneumonae et la neisseria méningitidis. Avant les années 1990, l’Hib était la bactérie à l’origine du plus grand nombre de méningites chez l’enfant, mais les nouveaux vaccins utilisés lors des vaccinations de masse ont fait chuter leur nombre. De nos jours, le streptococcus pneumonae et la Neisseria méningitidis (couramment appelée méningocoque) sont les principaux agents responsables des méningites bactériennes.

Les modes de transmission

A n’importe quel moment donné entre 5 et 11 % de la population sont porteurs de bactéries méningococciques dans l’arrière-gorge ou dans le nez. La plupart de ces porteurs restent en bonne santé et ne développent pas la maladie. Mais dans certains cas, les bactéries viennent à bout de la défense immunitaire de l’organisme ; elles envahissent le corps et créent une infection. Bien que la méningite frappe à tout âge, les groupes les plus à risque sont les nourrissons, les enfants et les jeunes adultes.

Les bactéries Neisseria méningitidis sont transmises de personne à personne par le transfert de sécrétions provenant du nez ou de la gorge lors d’un contact étroit ou intime.

Eternuer ou tousser sur quelqu’un, s’embrasser, partager des ustensiles de cuisine (verres, couverts, tasses) ou de toilette (brosse à dents, rouge à lèvres), des cigarettes ou des instruments de musique avec un embouchoir favorisent la propagation de la maladie. Les individus qui vivent dans des communautés fermées, tels que les recrues militaires, les prisonniers et les étudiants en internat courent davantage de risque que d’autres, et les chercheurs ont démontré que la consommation d’alcool et de cigarettes augmente le taux de portage de la bactérie.

Les personnes souffrant de maladies respiratoires, virales sont aussi plus sujettes à la méningite que les individus sains. La méningite n’est donc pas transmise par simple contact d’une personne à l’autre et on ne peut pas être infecté en respirant l’air d’une pièce où s’est trouvée une personne contaminée.

Que faire pour l’Afrique ?

Une alternative se présente. Elle est l’œuvre du "projet Vaccins méningite’’ (MVP) qui est une initiative de l’OMS et qui entend développer deux vaccins anti-méningococciques conjugués. Le premier est un vaccin héptavalent (contenant sept antigènes diphtérie, tétanos, coqueluche, hépatite B et méningite A et C) et le deuxième est un vaccin anti-méningococcique conjugué de groupe A. Ce dernier sera utilisé s’il voit le jour lors des campagnes de vaccination de masse et concerne les personnes âgées de 1 à 29. Ce vaccin servira à contrôler la méningite à sérogroupe A qui est responsable de la plupart des épidémies méningococciques en Afrique.

En effet, les recherches scientifiques montrent que si l’on couple de manière chimique une protéine telle qu’une anatoxine (toxine inactive ou tuée) diphtérique à un antigène polyoside de plusieurs sucres), le vaccin qui en résulte de la conjugaison est plus efficace et procure une plus longue protection. Ce procédé sera utilisé pour développer le vaccin anti-méningococcique de groupe A à un coût de 0,40 dollar la dose, les phases 1 et 2 des tests de ce vaccin sont programmées pour débuter en 2004.

Les avantages des vaccins conjugués selon le docteur Marc Laforce

Les vaccins conjugués seraient immunogènes (qui assurent réponse immunitaire) chez les enfants, procureraient une protection de longue durée et créeraient une immunité du groupe. Cela veut dire que le vaccin conjugué élimine le taux de partage, c’est-à-dire détruit l’organisme porteur de la maladie et empêche l’individu ayant reçu le vaccin de contaminer d’autres personnes. Ce qui n’est pas le cas pour l’instant, car les vaccins existants pour l’heure protège celui qui les a reçus (pendant une durée limitée) mais ne l’empêchent pas de transmettre l’organisme porteur de la maladie à une autre personne.

Pour le docteur Laforce, le rôle du vaccin conjugué serait de protéger et d’empêcher la propagation de la maladie, d’où une immunité du groupe. Il a également une fonction de mémoire qui permet à l’organisme d’en faire appel en cas d’invasion de la bactérie méningococcique.

Verlaine KABORE
Sidwaya

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