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ACCORDS DE PARTENARIAT ECONOMIQUE : La nouvelle résistance africaine

Publié le mercredi 1er décembre 2010 à 01h35min

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S’unir ou périr. Telle est la devise qui semble guider désormais les Etats africains dans leurs rapports avec d’autres entités du monde, surtout l’Occident. C’est, du moins, ce que laisse penser l’union sacrée dont font preuve les pays africains réunis au sein de l’Union africaine (UA) dans leurs négociations avec l’Union européenne (UE). Au sommet qui a réuni les 29 et 30 novembre, ces deux institutions continentales en Libye, les discussions furent houleuses et difficiles. L’Afrique est décidée à ne plus se laisser faire. Cela se constate, entre autres, dans les propos du président de la Commission africaine, Jean Ping, sur les sujets à l’ordre du jour et surtout sur les Accords de partenariat économique (APE).

On assiste donc à une nouvelle résistance africaine, à l’instar des anciennes résistances face à l’esclavage et à la colonisation. Et ce mouvement est soutenu et facilité par plusieurs facteurs. D’abord, il y a le leadership de moins en moins affirmé de la France sur ses anciennes colonies. Cela est dû, en partie, au comportement de l’actuel président français, Nicolas Sarkozy, qui a réussi peu ou prou, par son attitude méprisante, à rendre les dirigeants de son pré-carré plus méfiants, plus vigilants et moins influençables par la France. Cette situation est favorable à l’émergence et à la consolidation de la solidarité entre Etats africains parce qu’elle leur permet de faire échec avec succès à la politique de division, naguère prisée par les partenaires du continent.

Il y a, parallèlement à cette perte de leadership de la France, la montée en puissance d’autres pays, la Chine, le Brésil, l’Iran et l’Inde notamment, sur le marché africain. L’Afrique, aujourd’hui, sérieusement courtisée par plusieurs entités, se trouve ainsi en position de force dans le choix de ses partenaires. Le moment est opportun pour peser sur toutes les négociations en faveur de ses intérêts. Surtout que l’Occident, qui a été durement secoué par la crise financière, n’est plus si solide et en bonne posture pour imposer ses vues à ses interlocuteurs. Tout cela justifie plus ou moins le bon état d’esprit dans lequel se trouvent les dirigeants africains dans ces pourparlers.

Mais, il faut, aussi et surtout, noter que l’Afrique a également gagné en maturité. Les Africains ont pris conscience du fait que "l’union fait la force". Ils ont compris qu’ils ont vraiment intérêt à aller en rangs serrés dans les discussions avec leurs partenaires européens. Et ce, dans le but de tenir de façon efficace, face à la concurrence surtout commerciale. C’est tout simplement une question de survie. Dans cette résistance africaine, plusieurs personnes, physiques et morales, ont joué et continuent de jouer un rôle non négligeable. En plus des dirigeants qui font maintenant montre de fermeté, il convient de rendre un hommage mérité à tous ces technocrates africains qui travaillent dans l’ombre et qui tiennent tête, sans complexe, à leurs homologues européens dans les débats. Leur travail permet sûrement aux autorités étatiques et continentales de prendre des décisions suffisamment éclairées.

Il est également évident que si l’Afrique s’est réveillée et montre des signes de résistance, surtout face aux APE, c’est grâce principalement à l’action de sa société civile. Cette société civile qui est montée au créneau et a joué son rôle à fond, favorisant ainsi l’émergence d’une opinion publique africaine face aux questions de développement. Plusieurs organisations de la société civile en Afrique ont su tisser, au fil du temps, des liens avec d’autres organisations du même type en Occident et cela donne plus de relief à leur action. Reste à espérer que cet esprit de résistance qui anime les différents acteurs africains perdure et aboutisse à des résultats, au grand bonheur des populations du berceau de l’humanité.

Relwendé Auguste SAWADOGO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 1er décembre 2010 à 10:07 En réponse à : ACCORDS DE PARTENARIAT ECONOMIQUE : La nouvelle résistance africaine

    L’ afrique a gagne en maturite. Elle a realise sur le tard que l’ union fait la force. Les primairiens ne prennent pas tant de temps. Deja au cp1 ils forment des gangs pour defendre leur interets contre ceux des groupes etrangers. Pourquoi faut qu’ il y ait la maturite en tout donc le facteur temps pour comprendre ? Ca devient maintenat agacant, cette clause de style. Apres on va me ditre que l’ afrique avance maintenant sur le chemin de la democratie, qu’ il fallait une experience. Mon oeil.

    LOP

  • Le 1er décembre 2010 à 12:22, par Paris Rawa En réponse à : ACCORDS DE PARTENARIAT ECONOMIQUE : La nouvelle résistance africaine

    - Pourquoi faut-il toujours des accords qui lient l’Afrique en matière de partenariat économique, au moment même où ceux qui insistent pour nous les "proposer" (l’Europe) ont prêché et prêchent encore la libéralisation de l’économie ? Il y a là une contradiction qui cache mal que ces APE se feront sur le dos des africains. Le commerce, c’est une affaire de marché : qu’on laisse les africains s’essayer pour une fois à la conquête du marché mondial en compétition avec tous le monde. On l’a fait pour la banane et le sucre.

    - Les APE signés aujourd’hui seront les soucis de demain pour les africains. D’Europe a-t-elle des accords de ce type avec les USA, la Chine le Brésil ? Pourtant, elle fait bien du commerce avec ces pays. Les pays émergeant ont-ils fait contrôler leur politique économique par l’Europe pour s’en sortir ? Espérons que nos dirigeants seront assez sages pour refuser ce nouveau type de traité de protectorat qui rappelle la colonisation. Nos grands parents avaient signé ces traités qui étaient censé être de protectorat et se sont retrouvé colonisés. L’Afrique doit avoir le courage de prendre le risque de la liberté économique, au moment où elle émerge. L’Europe trouvera toujours les moyens de protéger son marché. Il si vraiment les APE tournaient au désavantage de l’Europe, les syndicats et la société civile obligerait leur dirigeants à faire cesser immédiatement ces accords. Ce qui ne pourra jamais être le cas pour l’Afrique.

    - L’Afrique n’a pas besoin de dépendre de l’Europe, elle n’est pas demandeuse des APE qui risquent de faire davantage de l’Afrique, une Poubelle de l’Europe (APE). Pourquoi accepterons-nous des accords qui, de nouveau, feront de l’Afrique un pré-carré de l’Europe, en nous empêchant de mettre l’Europe en compétition avec la Chine, le Brésil, les USA ? Il ne faut pas brader notre liberté économique. Qui oserait imposer telle idée à la Chine ou au Brésil aujourd’hui par exemple ? Au moment où l’Afrique commence à amorcer sa renaissance, l’Europe développe ses appétits pour nous proposer des APE (Accords de Pillage de l’Afrique)

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