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Pr AUGUSTIN LOADA, DIRECTEUR EXECUTIF DU CGD : "Il faut débarrasser le vote de la corruption électorale"

Publié le jeudi 25 novembre 2010 à 01h48min

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Le Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD) a organisé une conférence publique le dimanche 24 octobre 2010 à Manga. Les élections et les réformes constitutionnelles ont été les deux thèmes développés par le conférencier, le professeur Augustin Loada, directeur exécutif du CGD.

Ils étaient nombreux à se rendre à la salle polyvalente de Manga pour suivre la conférence. Avant de développer les thèmes, le conférencier, Pr Augustin Loada, a présenté le CGD qui est une organisation de la société civile, apolitique et non partisane. Abordant le premier thème, le conférencier a indiqué que les élections ont deux fonctions : permettre de désigner les gouvernants et être un moyen de demander des comptes à ces derniers. Pour le professeur Loada, le peuple est dépositaire du pouvoir ; il ne transfère pas sa souveraineté aux dirigeants.

Il peut changer d’équipe si, à l’issue d’un mandat, il estime qu’il n’est pas satisfait. C’est pourquoi le vote doit être un moyen d’améliorer la gestion des affaires communes. Mais le directeur exécutif du CGD estime que la corruption empêche de rendre compte. "C’est important que les électeurs comprennent que l’argent qu’on leur distribue, le plus souvent, c’est leur propre argent qui a été recyclé". Pr Loada a également indiqué que "lorsque quelqu’un vous donne de l’argent, il achète vos suffrages. Ne soyez pas étonnés qu’il ne veuille pas vous rendre des comptes après !...

C’est pour cela que dans toutes les démocraties qui se respectent, on n’accepte pas la corruption". C’est la raison pour laquelle pour lui, il faut débarrasser le vote de la corruption électorale en interdisant la distribution des gadgets et autres dons et en plafonnant les budgets des campagnes. Analysant le faible taux d’inscription sur la liste électorale, moins de 4 millions sur un potentiel de 7 millions d’électeurs, le conférencier dira que l’explication se trouve dans le fait que pour la population, il ne sert à rien de voter puisque l’acte qu’il accomplit ne change pas qualitativement son quotidien. Les réformes constitutionnelles ont été le deuxième thème développé au cours de la conférence publique. Le directeur exécutif du CGD estime que les modifications de la Constitution intervenues en 1997 sont contestables parce qu’elles n’ont pas été opérées pour le bien commun mais plutôt pour les intérêts d’un clan.

Il soutient que la limitation du nombre de mandats, définie par la Constitution de 1991, elle-même rédigée sous l’inspiration du Front populaire, n’est pas venue du néant. C’est le résultat d’un compromis. Cependant, a remarqué le conférencier, la clause limitative du nombre de mandats n’a jamais été respectée au Burkina. C’est pourquoi, à la lumière des réflexions actuelles dans certains milieux tendant à réviser la Constitution pour sauter le verrou limitatif du mandat présidentiel, le CGD a initié une pétition/proposition de loi constitutionnelle visant à prémunir l’article 37 dans sa version actuelle de toute modification. La pétition a été expliquée aux participants. Une traduction des propos du professeur a été indispensable car tous les participants ne comprenaient pas français. Les nombreuses questions posées ont témoigné de l’intérêt que les participants ont manifesté pour cette conférence.

Dominique DIPAMA (Collaborateur)


Des participants apprécient

Sylvie Nébié/Bélemgnégré

"Par rapport à la rencontre de ce matin, c’est une bonne initiative du CGD que j’apprécie positivement parce qu’elle permet d’éclairer la population sur certains aspects de la vie politique de notre pays. Cela permet d’éviter certaines dérives qui pourraient entraver la paix et la stabilité dans notre pays. Il revient à nous, participants, de relancer cette discussion avec ceux qui n’ont pas pu être à cette rencontre, de faire une large diffusion de ce que nous y avons appris. Pour la pétition, je pense qu’elle permettra aux gens de voir ce que la révision de l’article 37 peut avoir comme enjeu, ce que cela peut causer comme problème et susciter comme trouble au plan politique. Si les premiers décideurs en tiennent compte, cela va changer beaucoup de choses dans notre démocratie".

Adama Bamogo

"Cette conférence est une bonne initiative. Elle participe à la sensibilisation de la population sur la démocratie et, partant, à l’ancrage de celle-ci. Les débats menés ont permis à tout un chacun de s’imprégner de la chose démocratique et de comprendre aussi l’importance de la loi fondamentale dans notre pays. A mon avis, la pétition est une bonne chose puisque c’est un droit consacré par la loi fondamentale ; ce n’est donc pas illégal. Et lorsque l’Assemblée nationale prendra connaissance de la pétition, elle comprendra la position d’une frange de notre population. La démocratie doit se construire sur la base de la prise en compte des préoccupations des différentes franges de notre population".

Propos recueillis par D. D

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 25 novembre 2010 à 10:45, par Vox Dei En réponse à : Pr AUGUSTIN LOADA, DIRECTEUR EXECUTIF DU CGD : "Il faut débarrasser le vote de la corruption électorale"

    l’initiative du CGD est à saluer, je crois que les partis politiques doivent méner des campagnes d’éveil des consciences et expliquer au Peuple qu’on est entrain d’instaurer une Monarchie ici au Burkina, mais qu’à celà ne tienne, comme le disait Norbert ZONGO : "on peut tromper une partie du peuple tout le temps, on peut tromper tout le peuple un temps, mais on ne peut pas tromper TOUT LE PEUPLE TOUT LE TEMPS"

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