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Sida : L’AFUD en campagne

Publié le jeudi 16 septembre 2004 à 06h58min

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L’Association des femmes unies pour le développement (AFUD) a entrepris une campagne de sensibilisation contre la discrimination et la stigmatisation envers les personnes vivant avec le VIH/Sida. Commencées en juillet, les activités se poursuivent jusqu’en fin septembre.

"Dans les centres médicaux, beaucoup de malades sont abandonnés à eux-mêmes ; parce qu’ils sont infectés par le Sida, leurs proches les abandonnent. Cet état de fait ne peut qu’aggraver le mal parce que tout malade a besoin que l’on prenne soin de lui". C’est ce que nous a confié la présidente de l’AFUD, Mme Bintou Traoré. Un constat qui a motivé l’AFUD à entreprendre la campagne de sensibilisation. Un plaidoyer en direction des leaders d’opinion, tels que les responsables religieux et coutumiers, a eu lieu dans la journée du 5 septembre 2004, respectivement dans les secteurs 17 et 18 de Ouagadougou et dans le village de Zongo dans le Kadiogo.

Devant chaque leader d’opinion, l’AFUD a fait cas de la stigmatisation et de la discrimination dont les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) sont victimes. L’AFUD en a profité pour rappeler les modes de transmission du VIH/Sida, afin de rassurer les populations et aides-malades que ce n’est pas en côtoyant les PVVIH ni en prenant soin d’elles que l’on s’infecte.

Le chef coutumier de Cissin ("le Cissin Naba"), a fait comprendre à l’AFUD qu’on ne lui a jamais signalé un cas de malade dans son secteur. "Si les malades eux-mêmes cachent leur maladie, comment pouvons-nous les aider ?", a-t-il demandé.

Pour la présidente, c’est parce que les malades ont peur d’être rejetés qu’ils cachent leur maladie. Elle estime que dès que l’on soupçonne qu’une personne est malade, il faut aller vers elle, la mettre en confiance et lui faire savoir que même si elle venait à être infectée, elle ne serait pas abandonnée. "Manger avec le malade, utiliser les mêmes toilettes ou la même douche qu’eux, dormir à leurs côtés, etc., ne constituent pas de danger", a soutenu Mme Traoré.

Cependant, elle a révélé qu’au stade où le malade a des plaies sur le corps, il faut porter des gants pour le laver. Le port de gant est aussi nécessaire lorsqu’il s’agit de faire la toilette ou la lessive à la suite d’un accouchement de toute fille ou femme séropositive.

L’apport des religieux

De l’avis du catéchiste de Zongo, M. Michel Ilboudo, Dieu nous commande d’aimer notre prochain comme nous-même. Le catéchiste estime que c’est le manque d’amour qui justifie l’indifférence, alors que le fait d’être aux petits soins des malades du Sida permet de prolonger leur espérance de vie.

L’AFUD a encouragé le catéchiste a exhorter les fidèles, en collaboration avec les autorités ecclésiastiques à combattre la stigmatisation des PVVIH. Cependant le catéchiste a révélé que des personnes ne croient toujours pas à l’existence du Sida, faisant fi de toute sensibilisation.

"Pour ces gens, il leur faut voir des projections-vidéo, car cela les aidera à croire", a dit le catéchiste.

Dans ce sens, l’AFUD est d’accord pour les projections de films et même des théâtres-forums qui font partie de la campagne de sensibilisation.

Pour le président de la Communauté chrétienne de base (CCB), M. Raphaël Nanéma, "beaucoup souffrent du Sida mais n’osent se signaler. Ce qui est regrettable car l’Eglise à travers l’OCADES, soutient les malades du Sida".

Tour à tour, les leaders d’opinion après avoir échangé avec l’AFUD ont promis de redoubler d’effort dans la sensibilisation des populations. Ces leaders d’opinion ont été d’autant plus enthousiastes d’apprendre que dans leurs secteurs respectifs, l’AFUD y entretient des malades victimes de discrimination et de stigmatisation.

Témoignage d’une femme vivant avec le VIH

Y.J. a 32 ans et habite le secteur 15. C’est à l’âge de 16 ans qu’elle a été donnée en mariage à un monsieur qui l’a amenée au Gabon. Après des avortements involontaires, son mari est venu la confier à ses parents au Burkina. Son mari est alors parti pour l’Italie. A son retour, elle est tombée enceinte peu de temps après. Mais l’enfant est décédé après l’accouchement. Puis une seconde fois, le mari est réparti en Italie.

Après plusieurs maladies répétées, Mme a décidé, à la demande des parents de son mari, de faire le test de dépistage. Le résultat a été positif et le mari en a été informé par un coup de fil. Ce fut là le début du calvaire de Mme. Ses amies l’ont abandonnée et personne ne voulait s’approcher d’elle.

De plus, on la montrait du doigt à chaque fois qu’elle passait son chemin.

Le pire est que, revenu de l’Italie, son mari l’a répudiée. Mme s’est alors retrouvée toute seule et sans soutien, dans une maison qu’elle a louée. En revanche, avec les visites des agents communautaires de l’AFUD, leur soutien moral et alimentaire, Mme a retrouvé la joie de vivre. Bien plus, elle combat à sa façon, le Sida autour d’elle. Elle ne cesse de donner des conseils et invite ses pairs à faire le test de dépistage le plus tôt possible.

Un exemple à suivre !

Rappelons qu’à la faveur du Sommet des chefs d’Etat de l’UA, le FMI qui était présent a fait don de cinq mille (5 000) dollars US, soit plus de deux millions cinq cent mille (2 500 000) FCFA au groupement féminin "Sugr-Noom-Wende", le 9 septembre dernier. Ce don est intervenu suite au cri de cœur que les femmes de ce groupement avaient lancé dans les colonnes de Sidwaya. Vivement que d’autres structures emboîtent le pas du FMI, en appuyant financièrement les associations féminines.

Aimée Florentine KABORE
Sidwaya

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