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Boukary Kaboré, dit le Lion : Premier coup de feu à Koudougou, bain de foule à Poa

Publié le mardi 9 novembre 2010 à 01h36min

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Le commandant Boukary Kaboré, dit le Lion, a lancé sa campagne à Koudougou, chef-lieu de la province du Boulkiemdé et de la région du Centre-Ouest, le 4 novembre 2010. "Ce premier coup de feu", comme l’a appelé le candidat à la présidentielle du 21 novembre, pour coller au jargon militaire, a été le début d’une caravane qui l’a conduit le même jour à Poa, son village natal, et à Pouytenga.

La soixantaine bien sonnée, Boukary Kaboré se fait tout de suite distinguer des six (6) autres candidats par sa barbe et sa moustache bien fournies et blanchies par la succession des années. Pourtant, sa vigueur semble rester intacte. En effet, il ne manque pas de défier ses interlocuteurs en faisant de la gymnastique dans le domaine où il est professeur.

Mieux, il tenait à lancer sa campagne présidentielle par une marche Ouagadougou-Koudougou en deux jours mais son staff, au prix d’énormes efforts, l’en a dissuadé.

"Je lui ai dit qu’une telle initiative, même si elle était bonne, est inopportune d’autant plus qu’elle nous épuiserait dès le départ alors qu’il nous faut assez d’énergie pour aller à la rencontre de l’électorat à travers tout le Burkina", nous confie le vice-directeur de la campagne, Romain Konombo, par ailleurs président du Conseil national pour la renaissance/Mouvement sankariste (CNR/MS).

C’est ce qui nous a finalement amené le jeudi 4 novembre 2010 à Koudougou pour le premier "coup de feu" du commandant. Il est 10 heures et nous voilà dans sa cour. La presse nationale y est mobilisée, attendant sa sortie. Le candidat sort enfin autour de 10h 15 dans un véhicule de marque Mercedes 300, appelé par certains "la guerre est finie". L’un des siens se précipite pour y monter alors qu’il n’y a pas assez de place pour tous.

Colère du candidat : "Bassirou, ressors, c’est pas une histoire de famille, c’est plus sérieux que ça. On commence comme cela et après on ne contrôle plus rien", martèle-t-il avant d’assener : "On a dit que François ne doit pas succéder à Blaise. Pourquoi voulez-vous qu’on débute dans le favoritisme ?"

Le convoi s’ébranle vers le palais du Laalé Naaba Sanem de Koudougou où il a fait allégeance et demandé, comme à son habitude, des bénédictions pour que ses sorties soient réussies.

Vous me connaissez

C’est sur le coup de 11 heures que le candidat, vêtu d’un jean bleu, a fait son apparition au meeting où l’attendaient militants et sympathisants. Comme accueil, il a été servi de slogans révolutionnaires : "L’impérialisme, à bas !", "la bourgeoisie, à bas !", bonheur, au peuple !", "dignité, au peuple !".

Le premier intervenant, Romain Konombo, s’est appliqué à expliquer à l’auditoire le pourquoi de l’entrée en politique de cet officier de notre armée qui était en exil depuis 1987 avant de regagner le pays en 1991 à la faveur du vent démocratique.

Malgré son grade d’officier, il s’est retrouvé dans son champ pour, selon lui, éviter la misère qu’on a voulu lui faire subir et gagner dignement sa vie. Pour tout discours, le Lion s’est exprimé, une statuette de Lion en main, en langue nationale mooré, pour dire :

"Vous me connaissez, vous savez ce que j’ai fait pour mon pays, je ne suis pas venu vous promettre mais vous proposer un Burkina où chacun sera fier d’apporter sa pierre pour la construction. La démocratie vous donne une chance ; si vous donnez votre voix à un voleur, ne dites pas un jour à Boukary qu’il vous vole, si vous donnez votre voix à un sorcier, vous n’aurez que vos yeux pour voir mourir vos enfants ; à ce moment Boukary serait en train de cultiver son champ comme il sait bien le faire". Tonnerre d’applaudissements.

Un lieu hanté

Au cours de cette cérémonie, son sosie et gendarme retraité surnommé aussi Lion Zagré lui a remis un chapeau de cow-boy de couleur noire qu’il a toujours porté depuis le début de sa campagne. Pour un bain de foule, s’en était un à Poa sur la route nationale n° 14 où la population s’est massée de part et d’autre.

A l’arrivée du véhicule du candidat dans cette localité qui l’a vu naître, la route a été littéralement barrée par des gens de tous âges scandant : "Le Lion au pouvoir". Difficile donc de les faire taire pour entendre des allocutions. Après un bon quart d’heure de tohu-bohu, une voix se fait entendre pour faire les éloges du Lion :

"Tu es un de nos dignes fils. Tu as rendu énormément service à la Nation. Qui dans ce village ne t’a pas admiré lorsque tu es revenu de la guerre de Noël tout le véhicule perforé de bals ? On se rappelle encore, lorsque tu as dit non au coup d’Etat du 15 octobre 1987, que nous avons subi une attaque le 27 ;une semaine après, tu es tout simplement un héros et nous sommes tous avec toi". Réponse de l’intéressé :

"Aujourd’hui je suis l’homme le plus heureux de la terre, et voir les siens autour de soi pour une cause noble, on ne peut qu’être très ému, et ce n’est pas le moment indiqué pour trop parler ; même si ma campagne se limite ici, il y a de quoi être fier".

C’est dans la liesse que la population sans tee-shirt, ni casquette ni autres gadgets a laissé partir le Lion pour d’autres horizons. Cap donc sur Pouytenga où des militants et sympathisants attendaient depuis le matin. Malheureusement, à quelques kilomètres de Sapaga, le véhicule qui transportait les journalistes, dont notre modeste personne, a percuté la moto de deux femmes, dont l’épouse du commandant de brigade de Pouytenga.

Ce lieu, selon des témoignages concordants, est hanté et a entraîné des accidents mortels dont au moins quatre (4) victimes ont été enterrées sur place. Heureusement, nous ne déplorons pas de perte en vie humaine et les vies des deux dames, transportées d’urgence à l’hôpital Yalgado, ne sont pas en danger. Finalement, la rencontre de Pouytenga s’est résumée en des échanges entre le candidat et des leaders d’opinion qui ont duré jusqu’à 00 heure.

Nous avons suivi le Lion qui a secoué sa crinière sur l’itinéraire Tenkodogo-Garango-Pô-Léo-Saponé dont les échos vous seront donnés dans nos prochaines éditions.

Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur Paalga

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