Quel voyage ! Les Etalons cadets et la délégation qui les accompagne n’oublieront pas de sitôt ce voyage sur l’Île de la Réunion. Partis dans la nuit du 1er novembre , les 26 membres de la délégation arrivent sans problème à Paris , à bord de Air France , le 2 novembre à 6h. Ils y attendront jusqu’à 15h10, pour décoller à bord du bœing 777-200 de Air Austral, une autre compagnie française. Ce gros avion de 294 tonnes de masse qui consomme 7 tonnes de carburant par heure de vol (le réservoir a une capacité de 171 200l), prend la direction de Lyon pour y faire escale. Seulement 40 mn de vol (cet avion a une vitesse de croisière de 905km/h).

Nous y sommes. Tout est fin prêt pour parcourir les 8991 km qui séparent Lyon de Saint Denis, la capitale de la Réunion. Il est 20h00 à Lyon, l’avion annonce son décollage. Dans sa course, il va se garer un peu à l’écart et le commandant de bord d’annoncer : "Nous venons de détecter une panne sur une des pompes hydrauliques, celle du côté gauche. Nous allons la réparer. Cela prendra 20 à 25 mn. Nous nous excusons de ce désagrément ». Aucun des 364 passagers à bord (l’avion était plein comme un œuf) n’a trouvé à redire. Et mon voisin qui travaille à AREVA de rassurer : « Ce n’est pas grave ; ça arrive ».

Après 30 mn, chacun commence à se poser des questions. Que se passe-t-il ? Plus d’annonce ! On commence à servir le dîner. Les passagers sont dans l’avion depuis près de 2 heures. Et le commandant de bord de reprendre le micro : "On a vérifié le côté électrique, maintenant, on va voir du côté mécanique. Dans 25 mn, on verra si cela est réparable ; auquel cas l’avion sera indisponible pour longtemps », conclut-il, avant d’inquiéter ses passagers par cette phrase : "Je n’ai jamais eu cette panne".

Saint Denis, après 10 heures de vol

C’est à 21h25, heure de France, que la troisième annonce tombe : "La pompe hydraulique est à changer. La pièce arrive de Paris vers 22h30. La réparation prendra 2 à 4 heures d’horloge. Le départ aura donc lieu demain à 9h20". Tout le monde descend pour être orienté dans un hôtel, à la charge de la compagnie. La panique gagne certains, surtout à la vue de la pompe en question démontée : "C’est dans ça qu’on va monter demain ?" s’inquiète un confrère. Le lendemain, 3 novembre, tous les 364 passagers sont au rendez-vous, avec les mêmes interrogations. L‘avion décolle à 10h55, soit avec un peu plus de 1h de retard. Chacun retient son souffle pendant que notre confrère de la radio nationale avoue : "Je n’ai jamais aimé les voyages en avion ».

Puis de m’interroger : "Dis–moi, Alexandre, toi qui aimes, voyager en avion, cette situation t’est déjà arrivée ?". Je réponds par l’affirmative et il refuse de se rassurer : " Est –ce qu’on ne peut pas prendre un autre vol et repartir à Ouaga," questionne-t-il ? "Et le match ?" lui retorque-t-on. "C’est parce qu’on est en vie qu’on joue des matches", répond-il. Le bœing continue sa route. Il est dans une zone de turbulence terrible. L’annonce est faite : "Nous sommes dans une zone de turbulence ; regagnez vos places et attachez vos ceintures" Mon voisin français ironise : "C’est sûr que c’est une zone de turbulence ?".

Après 10h de vol, notre boeing est à l’aéroport de Saint Denis à 24h00. A son atterrissage, les applaudissements décrivaient toute la joie retrouvée au sein des 364 passagers. "Dieu est gentil", confessent certains. Si pour les uns le calvaire est fini, ce n’est pas le cas pour les jeunes Etalons qui ont dû braver 2 heures de route en bus, sur des routes serpentées et en hauteur pour rejoindre leur hôtel. Ils n’ont retrouvé leur chambre que vers 2h30 du matin du 4 novembre. Trois autres joueurs les avaient déjà devancés la veille, eux qui ont décollé de Paris avant nous, par manque de place dans l’avion à "problèmes". Un autre groupe de joueurs (Bertrand Traoré, Romaric Banaba, Samuel Zidouemba, Gervais Somé, Zaniou Sanon) à qui la FBF a trouvé des visas mardi dernier arrivent finalement ce matin vers 10h, à 24h du match.

Le médecin, lui, est arrivé seul hier 4 novembre. Un voyage en 4 temps qui ne favorise pas les choses, surtout que les jeunes joueurs sont lassés par ce voyage. Mais, ils promettent de se battre pour tenir tête à l’Île de la Réunion qui a eu la prouesse d’écarter la belle équipe angolaise. Convaincus que la route du Rwanda (où se joueront les phases finales) passe par ce match, Sirima , Soungalou et les autres disent être prêts pour relever le défi. Tout est possible et c’est vers 14h45 (heure de Ouaga) que chacune des deux équipes sera située. Les Etalons sont prêts à s’offrir le meilleur plaisir : la victoire.

Alexandre Le Grand ROUAMBA (Envoyé spécial)

Le Pays