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L’élection présidentielle en Côte d’Ivoire : Croisons maintenant les doigts

Publié le mardi 2 novembre 2010 à 02h44min

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Il s’en est fallu de peu pour que les deux pays dans lesquels le président Blaise Compaoré a engagé une Facilitation pour sortir de la crise tiennent leurs élections le même jour. N’eût été en effet le renvoi au 7 novembre 2010, décidé par le général Sékouba Konaté contre l’avis du président malien de la Commission électorale indépendante qui avait, lui, proposé le 31 octobre, les Guinéens seraient repartis aux urnes dimanche pour départager Cellou Dalein Diallo (UFDG) et Alpha Condé (PDG), les deux finalistes de la course engagée depuis des mois pour la conquête du fauteuil suprême.

Partie remise donc dans six jours, le temps de panser les plaies encore ouvertes des dérapages intercommunautaires dans lesquels le pays a dangereusement glissé ces dernières semaines, et de colmater les brèches organisationnelles là où il y a lieu. Car les enjeux sont colossaux. En attendant donc dimanche prochain pour les Guinéens, les Ivoiriens se sont jetés à l’eau.

Et au bord de la lagune Ebrié, les vagues sont encore plus tumultueuses. Voici un pays qui est englué, depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny en 1993, dans un cycle de turbulences sociopolitiques, naviguant, avec l’énergie du désespoir, de Charybde en Scylla jusqu’à ce qu’il se fracasse le 19 septembre 2002 avec l’éclatement de la rébellion et la partition du pays.

Depuis huit ans donc, les Ivoiriens courent après une fugitive sortie de crise dont le scrutin de dimanche et le probable second tour du 28 novembre devraient être l’épilogue. Encore qu’il ne soit pas interdit de penser que le président sortant puisse faire un coup K-O. si, comme on le subodore, le score d’Henri Konan Bédié n’était pas particulièrement reluisant, une telle situation devant profiter à Laurent Gbagbo.

Mais on le sait tous, à commencer par le maître d’ouvrage de l’Accord politique de Ouagadougou qui surveille son affaire comme du lait sur le feu, l’organisation du scrutin est une condition suffisante mais pas nécessaire au retour définitif de la quiétude.

Il faudra ensuite que les perdants reconnaissent leur défaite ; que la paix sociale en attendant celle des cœurs revienne ; que tous les Ivoiriens se sentent vraiment chez eux et qu’ils puissent, en bonne intelligence avec les étrangers, redémarrer vigoureusement ce qui est considéré, à juste titre, comme la locomotive de la sous-région mais qui n’est rien sans les wagons, même brinquebalants, qu’elle traîne dans son sillage. Et c’est peut-être d’avoir oublié cela qu’elle a couru à sa perte.

Ils ont glissé leur bulletin dans l’urne et attendent de voir ce qui va en sortir s’ils ne le savent pas déjà au moment où vous nous lisez, croisons maintenant les doigts pour que la suite se passe sans accroc.

Mais on ne va pas jouer les prophètes de malheur. Il faut prendre les choses comme elles viennent et pour le moment, on ne peut que se féliciter du calme ivoirien qui a prévalu et, cerise sur le gâteau, du fort taux de participation qui dénote qu’après six reports depuis 2005, les Ivoiriens voulaient vraiment en finir avec cette situation de ni guerre - ni paix qui plombe littéralement le développement socioéconomique.

Ce coup-ci en tout cas, on saura, comme on dirait du côté d’Abidjan, qui est garçon ; on saura si les popularités parfois trop rapidement autoproclamées sont effectivement bien établies ou si certaines réputations sont surfaites.

La rédaction

L’Observateur Paalga

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