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Pr Geneviève BARRO,première femme Maître de conférences de mathématiques du Burkina

Publié le vendredi 29 octobre 2010 à 13h53min

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Pr Geneviève BARRO

« Aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années », écrivait avec juste raison le français Pierre Corneille. Ainsi, elle a séjourné seulement une journée à la maternelle puis a décidé elle-même d’aller au CP1. Elle n’avait que six ans. Ses rêves d’enfance : être institutrice, médecin ou pilote. C’était hier. Elle est aujourd’hui première femme burkinabè Maître de conférences en mathématiques appliquées et informatique, enseignant chercheur.

Elue femme modèle au forum national des femmes en 2008 au Burkina Faso, elle vient de remporter le Prix régional 2010 de l’Union africaine pour les femmes scientifiques, Catégorie Sciences Fondamentales Technologie et Innovation. Tapis d’honneur au Pr Geneviève BARRO, épouse KABRE.

« À l’époque j’avais des copines jumelles à l’école primaire alors que moi j’étais à la maternelle. Je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas aller à l’école avec elles et je ne voulais pas être séparée d’elles. J’ai alors suivi mes copines à leur école sans trop comprendre », c’est le souvenir que garde Geneviève de son arrivée "précoce " à l’école.
Au début hésitant à l’accepter dans sa classe, l’instituteur finit par garder Geneviève comme auditrice libre. Elle participe au cours, compose les mêmes devoirs que les élèves. A la fin de l’année, les résultats de l’auditrice libre sont brillants et elle est admise au CP2. Début d’un brillant parcours scolaire.

Arrivée à l’école primaire comme auditrice libre, l’excellence de Geneviève BARRO a retenu l’attention de son institutrice Madame Adèle KABORE qui l’a suivie et encadrée jusqu’à l’obtention de son certificat d’études primaires en classe de CM1. Orientée en 6ème au collège Notre Dame de Kologh- Naaba, Geneviève y restera jusqu’en 3ème où elle passera avec succès son examen de BEPC. Elle intègrera ensuite le collège Saint Jean Baptiste de la Salle où elle obtient son BAC série C.
Son premier contact avec l’Université a été l’actuelle Unité de Formation et de Recherche en Sciences Exactes et Appliquées (UFR SEA). Bien que cette orientation n’ait pas été conforme à son souhait (elle aurait voulu faire des études en informatique ou en médecine), elle a, avec le temps, pris goût à l’étude des mathématiques et c’est ainsi qu’elle a réussi à gravir les différentes étapes jusqu’au Diplôme d’Etude Approfondie (DEA) dans cette discipline.

Une ascension fulgurante

En 2005, Geneviève BARRO soutient une Thèse unique de doctorat. Elle obtient la mention Très Honorable avec Félicitations du Jury. Ce doctorat a été préparé au Laboratoire LANIBIO de l’UFR SEA de l’Université de Ouagadougou en collaboration avec des universités partenaires, notamment l’Université Cheick Anta Diop de Dakar et l’Université Antilles Guyane à Pointe à Pitre UAG en France.

De 2005 à 2006, elle est assistante en mathématiques, options Analyse Numérique et Informatique. En juillet 2006, celle qui est devenue entre temps Mme KABRE réussit le grade de Maître Assistant, côte A du CAMES (Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur) toujours dans la même option. En 2008 elle est élue femme modèle sur le plan national. En juillet 2009 au CAMES, elle obtient brillamment le grade de Maître de Conférences, côte A, devenant ainsi la première femme Maître de Conférences en Mathématiques du Burkina Faso.

Remise du Prix régional 2010 de l’Union africaine par le président Jean Ping

La liste est bien longue, mais piochons une dernière médaille dans le grenier à succès de celle qui affirme avec sourire avoir un peu réussi. 2010, année de la gloire internationale. Le 9 septembre à ADDIS ABEBA, cérémonie des Awards de l’Union Africaine, le Pr Geneviève BARRO est lauréate du Prix régional 2010 de l’Union africaine pour les femmes scientifiques. La nouvelle de l’obtention de ce prix lui ai parvenue pendant qu’elle effectuait un séjour d’études au Laboratoire de Mathématiques et de leurs Applications à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour en France, avec le Professeur DOSSO GBETE. L’Union Africaine organisera ensuite son voyage à ADDIS ABEBA où elle participera à la cérémonie de remise du prix.

Ses travaux scientifiques de Recherche, publications à diffusion internationale indexées par les abstracts en particulier dans les journaux SCI, ses différentes distinctions et ses diplômes et investissements en Science de l’éducation, spécialité utilisation des Technologies de l’Information et de la Commutation pour l’Enseignement et la Formation, ont été les éléments déterminants pour l’obtention du prix.

L’équilibre social, un atout dans la réussite des études

Le professeur Geneviève BARRO, épouse KABRE pense avoir réussi à maintenir un certain équilibre social qu’elle estime être indispensable pour aller de l’avant quel que soit le domaine. Voilà ce qu’elle nous confit à ce sujet : « L’équilibre social est un élément important de la réussite. La famille et les loisirs sont des éléments indispensables de cet équilibre. Il faut savoir, tout en faisant la recherche, avoir suffisamment de lucidité pour mener une vie équilibrée tant au plan social qu’à affectif ». Des expériences uniques sur ce plan, elle en a vécues. « Je suis allée en voyage d’étude à six mois de grossesse et mon bébé de moins d’un mois était à ma soutenance de Doctorat unique de mathématique », révèle Mme KABRE. « J’estime que la femme est la clé du bonheur dans le foyer : elle doit tout faire pour séduire et satisfaire son mari et prendre soin de ses enfants. Aussi, je planifie mes activités afin de prendre en compte tous ces aspects. J’adore faire la cuisine, la sape, la lecture, le cinéma, le sport, la musique, la nature surtout. J’aime particulièrement danser et je tiens beaucoup à mon look » » ajoute-t-elle.

Elle a par ailleurs son opinion sur l’égalité entre l’homme et la femme au foyer : « Ce concept me pose vraiment problème. Je pense que la femme peut très bien s’épanouir autant que l’homme. Lorsqu’on parle d’égalité c’est quand même difficile à concevoir parce que l’homme et la femme ont des atouts spécifiques qui font d’eux des êtres complémentaires et complices pour le bonheur du foyer ».
Les valeurs qu’elle défend : la sincérité, l’humilité, la loyauté, le sens du travail bien fait.

« J’ai l’obligation d’aider mes étudiants »

Egalement très présente sur le terrain syndical avec le SYNADEC (Syndicat National des Enseignants Chercheurs), l’on se demande comment elle fait pour réussir sur tant de fronts. Geneviève BARRO a- t- elle un secret ? « Il n’y a pas de secret. Il faut seulement la volonté et beaucoup de travail. Lorsqu’on a la volonté, des convictions à atteindre, je pense qu’on y arrive toujours. Il faut savoir planifier en vue d’avancer dans ses recherches mais aussi en même temps s’occuper de sa petite famille. En résumé c’est la planification, la volonté et le travail », répond- elle sans ambages.

On reconnaît au Pr Geneviève BARRO sa boulimie pour les connaissances scientifiques. Elle a aussi le souci majeur de faire profiter de ses connaissances à l’ensemble des étudiants et particulièrement aux filles. A cet effet elle a pour ambition de mettre en place un système d’information au profit des étudiants et dont le but serait de les aider à s’orienter en fonction de leur niveau d’études. Le Prix régional de l’Union Africaine est pour elle une occasion pour mener plusieurs activités de promotion et de partage. « Je ressens également une forte nécessité et obligation d’aider mes étudiants, et en particulier les étudiantes à réussir dans le domaine scientifique et technologique », foi du professeur.

L’honneur de la conclusion revient d’abord et surtout à l’Être suprême (Dieu). Puis à la moitié du Professeur (son mari), à ses parents et amis, à tous ceux qui ont assuré son encadrement scolaire et universitaire, au Faso.net, à l’Agence Universitaire de la Francophonie ( AUF) et à l’Union Africaine. « Je remercie Dieu. Je ne crois pas simplement en Dieu. Pour moi, il est là. Il a beaucoup fait pour moi. Je remercie mon mari : de lui, je dis souvent que je ne dirai rien car tout ce que je dirai serait insuffisant à mes yeux. Je remercie parents et amis pour leur soutient et encouragements ».
Bon vent professeur !

Koundjoro Gabriel Kambou
Lefaso.net

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