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PRESIDENTIELLE DU 31 OCTOBRE EN GUINEE : Tiendra, tiendra pas ?

Publié le jeudi 28 octobre 2010 à 03h29min

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Le second tour de l’élection présidentielle en Guinée pourrait se tenir le 31 octobre prochain. C’est du moins ce qu’a proposé le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le général Siaka Toumani Sangaré, à l’issue de ses consultations tous azimuts, entamées dès le lendemain de son arrivée à la tête de l’institution. La nomination de ce général malien en remplacement du très controversé président Louncény Camara, avait, de toute évidence, contribué à faire baisser considérablement la tension dans une Guinée prise en otage par ses hommes politiques.

En effet, depuis le premier tour de l’élection présidentielle du 27 juin dernier, tant d’eau a coulé sous les ponts que l’on ne sait plus finalement à quel saint se vouer. La résolution d’un problème en appelle chaque fois un autre plus sérieux et énigmatique. Le problème de la Guinée, il est peu de le dire, embarrasse plus d’un observateur.

Alors que l’on croyait pouvoir enfin sortir du tunnel, l’un des candidats au second tour, en l’occurrence Cellou Dalein Diallo, avant même que le président de la transition, Sékouba Konaté, ne se prononce sur l’opportunité de la date du 31 octobre, émet des réserves. Il demande un prolongement du scrutin afin, soutient-il, de "permettre à la Guinée de panser ses plaies". Toute chose qui laisse poindre un gros nuage d’incertitudes sur ladite date. Sans jeter l’anathème sur le nouveau président de la CENI, on se demande d’ailleurs pourquoi, lui qui disait être en consultation avec les forces en présence, est parvenu, contre toute attente, à proposer une date qui ne fait pas encore l’unanimité. Voudrait-il tenter un passage en force ? Ou bien est-il victime de l’ordinaire duplicité des hommes politiques guinéens ? L’un dans l’autre, il ne faut plus fixer une date pour le simple plaisir d’en fixer. Les Guinéens veulent d’une date réaliste.

Ce nouveau délai, en toute objectivité, paraît relativement court pour permettre une participation massive et un déroulement serein du scrutin dans la mesure où certains citoyens guinéens, face au déferlement de violence de la semaine écoulée, ont, à leur corps défendant, migré vers d’autres localités pour avoir la vie sauve. Aussi parle-t-on d’ores et déjà, de part et d’autre, de matériel volé, de listes électorales fictives qui circulent d’un bout à l’autre du pays et de la nécessité d’adopter un procédé fiable de comptage de voix. Le sentier est sans doute abrupt et escarpé. Il y a donc lieu de régler tous ces contentieux plutôt que d’aller précipitamment vers un scrutin à l’issue incertaine. La relative accalmie qui règne est si délétère qu’elle n’est pas rassurante.

Le malheur de la Guinée, on ne le dira jamais assez, repose fondamentalement sur la haine ethnique qui anime ses fils et filles. Les récents accrochages entre les communautés peule et malinké montrent à suffisance que si rien n’est fait pour éradiquer une telle gangrène, la Guinée pourra un jour basculer dans un pogrom. Mieux vaut donc prévenir que guérir, dit-on. En tout état de cause, le général Sangaré doit s’aviser que le chemin est encore long. Il doit se donner le temps qu’il faut pour régler du mieux qu’il peut tous les contentieux qui émaillent le processus électoral au risque d’ouvrir la porte à une nouvelle escalade de violence. En tout cas, rien n’est encore apparemment gagné. Et c’est peut-être pour toutes ces raisons que le général Sékouba Konaté tarde à signer le décret pour appeler ses concitoyens aux urnes le 31 octobre prochain.

Boundi OUOBA

Le Pays

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