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Francophonie : Et de trois pour Abdou Diouf

Publié le lundi 25 octobre 2010 à 03h17min

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Qui avait dit que le chiffre 13 portait malheur ? En tout cas, pour le président Abdou Diouf, ce chiffre est porteur de bonheur, puisqu’il a réussi, sans coup férir, à renouveler un bail de quatre années à la tête de l’organisation de l’espace francophone à l’occasion de son XIIIe sommet à Montreux, en Suisse.

Le contraire eût été singulier, puisque l’homme d’Etat sénégalais ne rencontrait aucune opposition significative à sa réélection ; mieux, il avait le soutien sans faille de la quasi totalité de ceux dont la voix porte et compte au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) : or, si on a des soutiens tels ceux de la France, du Canada, de la Belgique, qui sont les principaux contributeurs de cette institution, qui peut bien vraiment vous causer le moindre petit souci dans cette instance ?

Après une vingtaine d’années passées à la tête du Sénégal et deux mandats de quatre ans à celle de l’OIF, Abdou Diouf s’est taillé, sans aucun doute, une belle stature internationale. Avec lui, dit-on, on est en terrain connu : c’est la confiance, la stabilité. Ayant ce privilège de parler d’égal à égal avec les grands de ce monde, il est en phase avec ses interlocuteurs.

Ce qui est loin d’être le cas de celle d’en face, Calixte Béyala, la Franco – Camerounaise qui avait pris aussi la ligne du départ de la course à la tête de cette institution et qui entendait, une fois élue, ramener cette organisation, née à Niamey voilà 40 ans, à sa tâche originelle : la culture.

Ce sera peut-être donc pour la prochaine fois. Ainsi dit, ils étaient en grand nombre, les chefs d’Etat et de gouvernement, à faire le déplacement à Montreux, même qu’ils se bousculaient au portillon.

Sauf erreur ou omission, nous n’y avons néanmoins pas aperçu la silhouette fringante de Faure Gnassingbé du Togo, qui, d’ailleurs, n’aurait officiellement donné aucune raison pour justifier son absence ; pas plus que celles de Laurent Gbagbo, occupé, lui qu’il est, par sa présidentielle du 31 octobre prochain, ni de l’Algérien Bouteflika ; lequel a dit n’avoir pu faire le déplacement parce qu’il aurait reçu le carton d’invitation en retard.

Hormis ces quelques exceptions, même ceux qui boudent généralement bien volontiers les sommets de l’Union africaine avaient répondu en chœur présent à Montreux, ainsi, Paul Biya, le président camerounais, qui brille par ses sempiternelles absences aux messes de l’Union africaine et autres forums du continent, y était en bonne place et a même livré un message circonstancié à l’assistance. Rien d’étonnant au demeurant, vu que la Suisse reste comme une seconde patrie pour le premier des Camerounais.

Au-delà de la culture, même s’il est reconnu officiellement qu’il y a 220 millions de francophones dans le monde, on ne se contentera pas de parler de langues et de diversité culturelle dans l’espace francophone, mais aussi et surtout de politique ; et un accent particulier pourrait être mis sur la résolution de certaines préoccupations de l’heure.

En effet, depuis déjà plusieurs années, l’organisation francophone joue un rôle non négligeable de médiateur et d’assistant électoral à travers des séminaires et d’autres rencontres pour asseoir la démocratie et les droits de l’homme à travers le continent noir.

Ainsi en est-il de l’implication de cette instance dans les pays des Grands-Lacs, au Togo, en Guinée et en Côte d’Ivoire, où, sans tambours battants, l’OIF a contribué à instaurer un dialogue fécond entre les différents belligérants.

C’est exactement dans cette optique qu’il faut placer la nomination du général malien Issaka Toumani Sangaré, expert de cette instance, à la tête de la Commission électorale nationale indépendante de la Guinée, qui éprouve de sérieuses difficultés à tenir un second tour à cause de divergences sur le choix de l’homme juste à même de présider la CENI. Et si, dans les prochains jours on réussissait une élection avec un minimum de casses et un soupçon de transparence au pays d’Ahmed Sékou Touré, l’existence de cet organisme francophone, dont quelques personnes s’interrogent encore sur l’utilité en dehors de la distribution de dictionnaires de langue française dans les écoles, s’en trouvera confortée.

Mais, en toute vérité, les défis futurs consiste à voir comment la langue française, que d’aucuns ne voient que comme un moyen de phraséologie poétique, pourrait aller au-delà pour faire dans le concret, c’est-à-dire résoudre les problèmes fondamentaux des 220 millions de francophones à travers le monde, aller désormais vers plus de pragmatisme anglo-saxon. D’autres, par contre, estiment que les belles phrases, la poésie, c’est d’abord cela la vie. Un vieux débat francophone en fait, mais 40 ans après sa création à Niamey, les années passent, et les questions qui touchent cette communauté de langue demeurent.

La Rédaction

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 25 octobre 2010 à 10:48 En réponse à : Francophonie : Et de trois pour Abdou Diouf

    Encore et toujours une autre forme de colonsiation, j’ai vraiment pitié pour nous les africains francophones. Un africain à la tête de ce machin de l’OIF, la france ne peut pas nous prendre au sérieux. Je regrette d’être francophone, puisse que la langue officielle de mon pays est cette maudite langue française. Après 50 ans les africains sont toujours.......

  • Le 25 octobre 2010 à 14:49, par Le Dôgô En réponse à : Francophonie : Et de trois pour Abdou Diouf

    L’anglais, l’espagnole, le mandarin font des percées en afrique. Et le français alors, il avance ?

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