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Augmentation du prix de la graine de coton : Les huiliers ne sont pas contents

Publié le vendredi 22 octobre 2010 à 03h56min

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Les huiliers regroupés au sein du Groupement des transformateurs des produits oléagineux du Burkina (GTPO-B) ne sont pas contents de l’augmentation unilatérale par leur partenaire SOFITEX, du prix de la graine de coton. Ils l’ont fait savoir au cours d’une Assemblée générale hier, mercredi 20 octobre 2010.

Pour cette campagne qui débutera bientôt, les huiliers devront payer la tonne de graine de coton destinée à l’extraction d’huile et à l’alimentation du bétail à la somme de 120 360 F CFA au lieu de 93 360 F CFA l’année dernière. Ce qui, naturellement aura des conséquences sur le prix du bidon d’huile de 20 litres qui va passer de 12 000 F CFA à environ 17 000 F CFA. Quant à la tonne de tourteaux (aliments bétails), elle sera vendue à environ 136 000 F CFA. Par ricochet, ces prix, s’ils sont pratiqués auront des conséquences douloureuses pour le consommateur, sur le prix de la viande et du lait. Avec pour conséquences immédiates le renchérissement du coût de la vie qui est déjà assez difficile pour les couches les plus défavorisées.

C’est pourquoi, face à la situation, les transformateurs de produits oléagineux sont sortis de leur gong pour dénoncer ce que certains d’entre eux ont qualifié de " mépris de la part de leur premier partenaire " qu’est la SOFITEX. Qui serait allée jusqu’à dire que des acheteurs extérieurs sont prêts à prendre la graine au prix fixé si les membres du GTPOB n’en veulent pas. En effet, alors que les huiliers pensaient à une diminution du prix de la graine à cause de l’embellie, c’est avec beaucoup d’étonnement qu’ils ont accueilli cette nouvelle qui leur a été imposée. Eux qui, au plus dur de la situation, avaient travaillé à sauver leur partenaire. Toutefois, reconnaît-on au sein du Groupement, " nous ne sommes pas en situation conflictuelle, mais en situation défensive ". " Car il est ici question de soutenir l’économie nationale afin qu’elle ne soit pas envahie par des produits d’importation ".

Et les producteurs d’huile sont d’autant plus convaincus de leur argumentaire qu’ils pensent qu’en travaillant la graine sur place, ils lui donnent de la valeur ajoutée, paient des impôts et des taxes à l’Etat ; emploient des Burkinabè et font vivre des familles. C’est pourquoi, ils ont décidé de prendre langue avec la SOFITEX, mais également avec l’Etat à travers le ministère du Commerce, de la Promotion de l’Entreprise et de l’Artisanat, afin de revoir à la baisse dans la mesure du possible le prix de la graine de coton destinée à l’extraction d’huile et d’aliments bétails.

Face à la situation, les huiliers ont instruit leurs membres à réfléchir sur la possibilité de diversifier les matières premières et leurs sources d’approvisionnement. " L’objectif ici, selon le président Camara Mamadi, n’est pas d’abandonner notre position auprès de SOFITEX, mais c’est de prendre des mesures pour ne pas se retrouver dans des situations où nos membres seront menacés de disparition ".

Abordant un autre point de l’ordre du jour, les huiliers ont souhaité que la livraison de la graine soit bien planifiée afin d’éviter les longs temps d’attente devant les usines de SOFITEX. Par ailleurs, ils ont souhaité que les huiliers du Centre puissent directement prendre leur graine à Koudougou ou à Léo ; tout au plus à Houndé. Au lieu de venir jusqu’à Bobo ou à Kourouma, comme ce fut le cas l’an passé. A la fin de leur Assemblée générale, une délégation de dix membres s’est immédiatement rendue à la SOFITEX où elle a eu des discussions sur la question avec des responsables de cette Société.

Ce que les huiliers attendent de l’Etat

Il y a cinq ans, la tonne de graine destinée à l’extraction d’huile était vendue à 25 000 F CFA. Aujourd’hui, la même tonne coûte 120 360 F CFA TTC. " On ne fixe pas un prix d’achat de façon arbitraire ", a lancé un membre du Groupement qui pense " qu’il faut tenir compte d’un certain nombre de réalités comme le pouvoir d’achat des populations, les conditions socio-économiques des populations ". Au GTPO-B, on pense que l’Etat doit prendre ses responsabilités, lui qui détient 65% du capital de SOFITEX ". Il semble qu’en 2008, la même situation s’était produite et l’Etat avait renoncé à la TVA sur la graine.

Séri Aymard BOGNINI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 22 octobre 2010 à 13:16 En réponse à : Augmentation du prix de la graine de coton : Les huiliers ne sont pas contents

    Voilà qui ouvre le débat. A aucun moment, les huiliers ne parlent des producteurs de coton. Question : à qui appartient la graine ?

    Quand on parle de la production de coton, on entend souvent pleins de conneries tendant à mettre au pilori cette culture. Ceux qui soutiennent ces thèses ne savent pas que la sauce qu’ils mangent à longueur de journée est souvent assaisonnée avec de l’huile de coton ! Ils ne savent que la savon qu’ils utilisent provient du coton, que le lait qu’ils ingurgitent souvent le matin est produit par des vaches nourries avec le coton, idem pour la viande, même les galettes (fourou fourou) sont frites avec l’huile de coton,etc.

    C’est connu, quand le coton marche, c’est toute l’économie qui bouge. Les vendeurs de moto dans les campagnes ne diront pas le contraire, encore moins les banques, les transporteurs, etc.

    C’est connu aussi que les plus grandes zones de production de coton sont aussi celles qui produisent le plus de céréales. Les infrastructures sanitaires et éducatives dans ces zones ont été construites dans la plupart des cas par les populations et avec l’argent du coton.

    Bref, on pourrait dire tant d’autres choses. En conclusion, ils sont beaucoup qui ne savent pas qu’une importante partie de leur vie dépend du coton ! Ils l’ignorent !

    Que tous applaudissent la production d’or au Burkina aujourd’hui, c’est bien. Mais en terme de redistribution, les recettes de l’or ne pourront jamais bénéficier au plus grand nombre autant que celles du coton. En conséquence, on devrait mieux considérer cette culture, au lieu de passer le temps à animer des débats contre - productifs.

    Au delà des huiliers, c’est une grande partie de la population qui mesurera, je l’espère, l’importance de la filière cotonnière dans un pays comme le nôtre et le respect et la considération dues à nos braves paysans.

    Merci

    • Le 23 octobre 2010 à 12:57 En réponse à : Augmentation du prix de la graine de coton : Les huiliers ne sont pas contents

      votre message est loin d’être compréhensible. lorsque l’on parle d’une filière, il s’agit d’un tout, producteur, transformateurs et autres prestataires de services. il ne s’agit pas d’opposer un camp à l’autre mais de trouver un mode opératoire qui soulage tout le monde. si l’inter-profession a décidé d’augmenter le prix de la graine, pour permettre l’augmentation du prix d’achat du coton graine aux producteurs, il aurait fallu associer tous les acteurs de la filière à cette démarche.
      la production c’est 2,5 millions de personnes,
      la transformation, c’est directement ou indirectement 1 millions de personnes qui vivent du travail des unités de transformation, du commerce des produits et sous produit de cette activité et du commerce des services induits.
      si aujourd’hui des unités industrielles, comme la SIFA, ont disparu ou connaissent des difficultés comme la SAP, c’est parce ce type de décision est prise de manière unilatérale.
      les banques, qui aujourd’hui investissent des sommes colossales dans la filière, ont permis à la SOFITEX de disposer d’une bonne trésorerie, alors trouvera-t-elle des acteurs du marché international à même de payer cash la graine ???
      je crois qu’il faut raison gardé et ne pas être à l’origine d’un appel d’huile du marché international qui a fait du mal au consommateurs (confère rapport de la commission d’enquête parlementaire de 2008)et à notre économie.
      ayant plus une démarche d’intégration de notre économie, sinon comment comprendre que nous puissions produire du coton et être obligé d’importer les 60 milles tonnes d’huile que nous avons besoin pour satisfaire notre marché, avec ce que cela induit comme déficit de notre balance commerciale ????

  • Le 24 octobre 2010 à 20:10, par VP En réponse à : Augmentation du prix de la graine de coton : Les huiliers ne sont pas contents

    Moi,j’ai un autre problème avec les huileries sauvages qui sont installées anarchiquement deans les Zones résidentielles et qui nous rendent la vie insoutenable.Je pense que cette Association devrait plutot oeuvrer à organiser leur secteur au lieu de sauter du coq à l’ane.C’est une fausse lutte que vous engager car cette revendication appartient à la ligue des consommateurs qui ne vous épargnera pas.La SOFITEX qui est une grande société d’Etat a surement ses raisons.

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