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CONFERENCE SUR LA VIE DU GENERAL SANGOULE LAMIZANA : Entre témoignages et fortes émotions

Publié le jeudi 21 octobre 2010 à 02h40min

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La salle de conférences de l’hôtel Zella de Tougan a servi de cadre le 16 octobre 2010 à une conférence publique sur la vie du général Sangoulé Lamizana. Organisée par le conseil municipal de Tougan dans le cadre de la coupe en honneur de celui qui, pendant 14 ans, a dirigé la Haute-Volta aujourd’hui Burkina Faso, la conférence a été animée par Adama Fofana, ancien ministre et ancien président du Conseil supérieur de la communication. Elle a été marquée par des témoignages émouvants.

Que d’émotions fortes et de témoignages émouvants ! La communication portant sur la vie de feu le général Sangoulé Lamizana a fait frémir plus d’un le 16 octobre 2010 à Tougan. Robert Bibia Sangaré, qui a été l’une des dernières personnes à serrer la main du général avant qu’il ne décède le 25 mai 2005, n’a pas pu retenir ses larmes. Comme lui, d’autres personnes ont été aussi émues tant les témoignages étaient poignants. Il y a eu aussi ceux qui se sont exaltés. La salle de conférences de l’hôtel Zella qui a servi de cadre à la conférence a refusé du monde, de même que l’enceinte de la cour où étaient dressés des baffles pour permettre à ceux qui n’ont pas eu accès à la salle de suivre les communications.

Dans son introduction, le conférencier Adama Fofana a laissé entendre que le devoir qu’il accomplit l’honorait et découle de la chance que lui a offerte le défunt président lui-même de l’accompagner dans l’écriture de ses mémoires. Cela, dit-il, « m’a permis pendant 4 ans, de 1996 à 1999, de partager avec lui de longs moments de réflexion sur sa vie, son parcours, ses faits et gestes tant dans sa vie militaire que celle civile et politique ». Sa communication qu’il a qualifiée de causerie a été bâtie sur deux grandes parties : la notion de paix avec quelques hommes de paix et la paix à travers quelques actions du président Lamizana. Définissant la paix comme étant la mère de toutes les denrées immatérielles nécessaires à une vie épanouie sur terre, le conférencier a laissé entendre que le président Lamizana, bien que formé essentiellement à l’art de la guerre en tant que militaire, apparaît dès le départ comme un porteur de message de paix. Depuis le 3 janvier 1966 jusqu’à sa mort, il n’a eu ni le verbe trop haut pour exacerber les contradictions, ni le geste trop lourd pour faire éclater un conflit, a fait savoir Adama Fofana. Médiateur, conciliateur, conseiller, mandataire, sage et philosophe, il s’est toujours illustré par la recherche du consensus alors même qu’il disposait du pouvoir, selon le conférencier.

Il a également affirmé que quatorze ans durant, le président Lamizana a dirigé la Haute-Volta avec son énergie, sa sincérité, son dévouement d’homme de tenue, son intelligence, sa bonté et aussi sa naïveté et sa bonhomie. Adama Fofana a confessé que ces quatorze années d’exercice du pouvoir confrontées aux 20 ans qui ont suivi son départ de la présidence offrent aujourd’hui au Burkina de très belles pages de son histoire récente en ce qui concerne la gouvernance étatique, la sauvegarde de la paix, la culture de la tolérance, la promotion de la citoyenneté. De la guerre du Mali en 1975 à la comparution du général Lamizana le 3 janvier 1984 devant le Tribunal populaire de la révolution (TPR) en passant par sa chute le 25 novembre 1980, le conférencier a exalté la vie de ce grand homme d’Etat. Il a terminé sa communication en ces termes : « Homme affable, d’une simplicité sans égal, d’une fine intelligence derrière un air candide, assoiffé de justice et de paix, le président Lamizana mérite de ses concitoyens d’hier, d’aujourd’hui et aussi de la postérité les marques d’attachement et de respect les plus fidèles pour que jamais ne s’éteigne la flamme de l’espoir et de l’amour qu’il a fait naître et qu’il a entretenue en nous par le don de soi à travers les actes qu’il a posés sa vie durant".

D’autres personnes de l’assistance comme le président Jean-Baptiste Ouédraogo, El Hadj Moussa Sanogo ou encore Yacouba Zerbo ont apporté des témoignages sur le défunt chef d’Etat. La richesse et la pertinence de la « causerie » ont fini par convaincre tout le monde qu’il a un devoir de reconnaissance, un devoir de mémoire à l’endroit de cette éminente personnalité. L’exposition des photos relatives au parcours de celui qui a été le premier chef d’état-major de l’armée voltaïque a été un moment pathétique. Elle a plongé certains dans une ambiance euphorique au point qu’on pouvait entendre des propos du genre : "Il mérite bien des hommages". Des hommages, feu le commissaire Mory Maurice Thiéba en a également reçu à travers le baptême d’une rue qui porte désormais son nom. Cette rue à la hauteur de la grandeur et de l’immensité des chantiers du disparu va de l’angle du square à la direction du village de Kouy. A la cérémonie solennelle, c’est un monde fou qui s’y est rendu.


Propos d’acteurs

Sophie Sow, diplomate

"Je pense que le président Lamizana méritait cela et le cinquantenaire est une grande occasion pour qu’on lui dise merci même dans sa tombe pour tout ce qu’il a fait pour la Haute-Volta, pour tous les enfants de ce pays. Je ne parle pas du Sourou.

Le restreindre aux fils et aux filles du Sourou, ce n’est pas voir la dimension nationale du président Lamizana. Il a eu une dimension nationale et internationale et je peux témoigner en tant qu’ambassadeur. Quand il était président, Lamizana n’hésitait pas à descendre comme un agent consulaire pour demander à une ville ou à un village d’être la ville jumelle d’une ville ou d’un village burkinabè, d’être la sœur ou le frère d’une école burkinabè. J’ai hérité de certains de ses activités consulaires en Allemagne. Venir aujourd’hui parler de la vie de Lamizana en une heure, ce n’est pas assez. On aurait dû passer le micro à chaque participant pour un témoignage sur l’homme. Franchement, je suis très heureuse de ce que le conseil municipal a eu à faire. Je félicite le maire, les fils et filles qui se sont approprié cette manifestation. Je félicite aussi les autorités de notre pays qui ont donné leur accord pour la tenue de cette manifestation et qui ont envoyé un représentant pour la coupe de Lamizana".

Dr Marc Thiéba, fils de feu Mory Maurice Thiéba

"Je pense que le conseil municipal de Tougan vient de poser un acte hautement unificateur. Le Sourou est une province qui a regroupé des grands hommes et ces hommes sont restés pendant longtemps dignes. Je pense que cet acte doit permettre à nous autres de pouvoir nous inspirer de ce que nos pères ont fait pour poursuivre l’œuvre (et éloigner désormais la division qui semble régner au sein de la famille) au profit de la région, pour son développement. Le baptême de rue permettra aux générations actuelles et futures de la région de savoir qu’il fût un homme du nom de Maurice Thiéba qui travailla pour cette région. Vous avez remarqué qu’on a cité les œuvres réalisées par Thiéba et je pense que c’est vraiment dans la discrétion et dans l’humilité qu’il s’est consacré à la région. C’est vraiment un grand plaisir pour la famille qu’on le reconnaisse aujourd’hui et qu’on baptise une rue à son nom.

Député Saran Séré Séremé

"Nous félicitons cette initiative du conseil municipal puisque nous sommes tous parties prenantes. Toute action d’unité et de mobilisation, je pense que c’est ce que nous recherchons au-delà de toute autre initiative. Sans la paix et l’unité des valeurs chères pour notre papa le général Sangoulé Lamizana et ses petits-frères, c’est-à-dire le président Compaoré, je pense que nous n’allons pas pouvoir atteindre le développement.

Serge COULIBALY

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 21 octobre 2010 à 12:24, par ph En réponse à : CONFERENCE SUR LA VIE DU GENERAL SANGOULE LAMIZANA : Entre témoignages et fortes émotions

    Très belle initiative du conseil municipal de Tougan. Je souhaite que ces genres de manifestations se produisent fréquemment pour permettre à la ville de Tougan d’être un peu plus animé et sortir petit à petit de cet état de léthargie dans lequel, elle se trouve actuellement.
    Je rends également hommage au président LAMIZANA, on ne finira jamais de parler de ses bienfaits. Selon des spécialistes de la scène politique, son règne a été le plus démocratique au Burkina, rappelons seulement les élections qu’il a organisées en mai 1978 et qu’il a failli perdre.
    Puisse Dieu donner la sagesse à nos dirigeants actuels pour qu’ils se référer à ces périodes et rectifier les choses à temps

  • Le 21 octobre 2010 à 17:11 En réponse à : CONFERENCE SUR LA VIE DU GENERAL SANGOULE LAMIZANA : Entre témoignages et fortes émotions

    On ne peut que rester admiratif devant ce vieux (helas !!!)Samogo, qui a montré tant de devouement pour ce pays et surtout pour son integrité dans la gestion de ce pays très pauvre. Si ce n’etait pas un ange, la certitude au moins est qu’il a été extremement tres humain, très respectueux et tres humble. Permettez cette histoire : vers 22h, un soir, j’etais aligné (9 e ou 10) devant la fenetre de la pharmacie de l’hopital. Une bachée est arrivée et le general Sangoulé est descendu (sans garde corps ni chauffeur)et s’est aligné (15e ou 16e). J’ai remonté la ligne pour informer tous ceux qui etaient alignés de la presence du vieux et tous ont accepté lui ceder le passage. Je suis allé saluer le Samogo qui a accepté passer se faire sevir. Que de remerciements avons nous reçus avec des courbettes de ce brave père et que de murmures d’admirations de tous ceux présents devant tant d’humilité !!Puissions ne connaitre que des hommes de telles valeurs. Repose en paix et fier car tu as la conscience tranquille.

  • Le 21 octobre 2010 à 18:24, par Generation consciente En réponse à : CONFERENCE SUR LA VIE DU GENERAL SANGOULE LAMIZANA : Entre témoignages et fortes émotions

    Saran Sereme n’a pas manqué une fois de plus d’afficher le nom de blaise dans cette commemoration qui etait destinée à rendre hommage au grand homme que fut le president Lamizana.
    Pendant qu’elle y est ce serait peut-être temps de commencer à penser à l’assemblée nationale comment revaloriser nos anciens presidents car les rues et autres avenues c’est bien mais c’est pas arrivé comme le dirait un commercant de sankariaré. Je sais qu’il existe les building Lamizana et les autres chefs d’Etats, de Maurice à Sankara ?il y a les aeroports, les universités, les hopitaux et que sais-je encore.
    A ne moins qu’on ne veuille les reserver pour blaise lui_même. ce qui serait une regrettable erreur car il y a eu plus batisseure et plus patriote que lui.
    Vienne le temps de la revalorisation de nos anciens presidents.

  • Le 21 octobre 2010 à 20:37, par Monsieur Gilles En réponse à : CONFERENCE SUR LA VIE DU GENERAL SANGOULE LAMIZANA : Entre témoignages et fortes émotions

    J’étais à Ouaga du temps du général Lamizana et je dois dire que c’était un homme très simple, j’ai même failli avoir un accident de circulation avec sa vieille merco en 1979. J’ai été très peiné de la façon dont on l’a traité au tribunal en 1983 où les juges allaient jusqu’à lui reprocher d’avoir trois télévisions à la présidence ! je vois qu’il est réhabilité, mieux vaut tard que jamais

  • Le 15 novembre 2010 à 20:21, par mamiwata En réponse à : CONFERENCE SUR LA VIE DU GENERAL SANGOULE LAMIZANA : Entre témoignages et fortes émotions

    lamizana, comme maurice, comme saye, comme jean-baptiste, n’a pas eu de sang sur les mains. et c’est une très bonne chose à noter. C’est capital. Mais je regrette seulement que papa lamizana, qui a eu l’honnêteté de dire que maurice ne lui a jamais demandé de tirer sur la foule, n’ait pas rendu ses droits au premier président, le privant de citoyenneté pendant tant d’années. Il a fallu attendre blaise pour que ce soit fait. mais bon, on ne peut pas tout réussir. que la terre lui soit légère.

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