Mine de rien, cela fait 8 ans que la télé Canal 3 trace son sillon dans le paysage médiatique du Burkina. Non sans difficulté, mais toujours avec la volonté d’offrir du spectacle à ses téléspectateurs et d’opérer des innovations. Comme c’est bien connu, en télé il y a 2 grilles : octobre-mai qui marque la rentrée télévisuelle et une autre juin-septembre avec la grille de programmes de vacances. Deux étapes qu’il faut forcément réussir. Pour la rentrée 2010-2011, la chaîne qui trône sur l’avenue Kwame-N’Krumah et qui se veut « la télé qui nous ressemble » a décidé de frapper un grand coup.

En attendant le déménagement de ses studios dans un local beaucoup plus spacieux et offrant toutes les commodités, elle va se doter de matériel de pointe. Ainsi, hormis Ouaga et Bobo où elle émet déjà, Fada, Tenkodogo, Koupéla, Zorgho, Koudougou, Réo, Ouahigouya et leurs villages environnants seront couverts grâce à l’acquisition de 4 nouveaux émetteurs de 80 km de rayon chacun.

« Nous avons le souci de renforcer notre couverture du territoire pour être en conformité avec notre cahier des charges », a affirmé le directeur général de Canal3, Koen Ros. A côté, la télé s’est dotée de 2 cars de retransmission qui vont lui offrir la possibilité de faire désormais du direct à partir de n’importe quel site. Ce matériel lui permettra de jouer dans la cour des grands. Car ce n’est pas donné à tous de faire du direct.

Pour ce qui est de la nouvelle grille de programmes, elle connaîtra une amélioration avec le renforcement de la production locale, notamment avec l’émission quotidienne en mooré « Bi boin ». Cette diffusion répond, selon le DG, au souci de « coller encore plus aux réalités des Burkinabè, mais aussi ceux des campagnes ». Cette saison verra la reconduite des émissions interactives (qui donnent la possibilité aux téléspectateurs de réagir sur certains sujets), ainsi que les magazines de débat.

A ce propos, il y a l’arrivée d’une nouvelle émission de débat qui s’intitule même « Le Débat ». Aussi, les midi-magazines finiront par le traitement d’un sujet donné que l’on pourrait assimiler à l’éditorial de la chaîne. « Cela peut être des faits de société ou des faits politiques », a souligné Remi Dandjinou, le DG adjoint.

« Nous sommes fiers de pouvoir proposer des émissions de sport très variées grâce au partenariat que nous avons développé avec d’autres chaînes de télé. Foot et Sport en seront les innovations », se félicite Dandjinou. Et si les choses se passent comme prévu, toutes les nouveautés seront opérationnelles en début 2011.

Mais tout ceci ne peut aller sans un personnel outillé. « Nous venons de passer cette année la barre de 50 personnes », a fait remarquer le DG de Canal3. Cependant, l’autre revers est que cette rentrée 2010-2011 de la chaîne qui nous ressemble se passe dans un contexte où la télé connaît un exode effréné de son personnel. Les migrants dans leur majorité sont allés voir ailleurs, chez les concurrents bien sûr et la recherche du mieux-être.

Là-dessus, le DG se veut sans équivoque : « Les gens sont libres de partir où ils veulent. Mais je dis que cela doit se passer dans le respect de certaines règles administratives et légales. Travailler à Canal3 est très exigeant, de même que dans n’importe quelle télévision. Chez nous, l’avantage est que tout employé connaît toutes ses exigences dès sa signature de contrat ».

Remi Dandjinou, lui, s’est voulu plus tempéré. Il admet qu’avec les charges fiscales (redevances et droits) et logistiques il est difficile de verser au personnel des salaires extraordinaires, « mais que voulez-vous ? ». Ce qui est regrettable, c’est qu’on a l’impression que Canal3 forme des journalistes reporters pour ses concurrents. Mais c’est cela aussi, la loi de l’offre du marché.

Maintenant, il faut espérer que les départs se fassent dans les normes. En attendant, la chaîne aux couleurs bleu et blanc continuera d’épater ses téléspectateurs (qui sont sa raison d’être) en leur concoctant des programmes alléchants.

Kader Traoré

L’Observateur Paalga