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La Cour des comptes pourrait traquer ses " délinquants "

Publié le jeudi 7 octobre 2010 à 02h31min

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Le Président de la Cour des comptes, Boureima Pierre Nébié

En 2008, le Président de la Cour des comptes, Boureima Pierre Nébié disait ceci dans nos colonnes : " … Je souhaite notamment l’instauration d’une gestion saine et transparente des finances publiques en vue de consolider les acquis réalisés en matière d’assainissement budgétaire. L’un de mes vœux, le plus cher, est de voir l’éradication de la culture de l’impunité, par l’application effective des sanctions administratives et judiciaires prononcées à l’encontre des auteurs d’infractions financières et de leurs complices. La culture de l’obligation de rendre compte doit être inculquée dans les pratiques ". Son vœux était et est partagé par la population citoyenne, désireuse de voir s’installer la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion des affaires de la patrie commune, le Burkina Faso.

Les différents rapports de la Cour ont dévoilé des malversations financières dans l’administration publique burkinabè. Ils ne vont pas de main morte pour les dénoncer et pointer le doigt sur des personnalités et des sociétés.

On se rappelle des nombreux dysfonctionnements dans la gestion de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), de la Société nationale d’aménagement des terrains urbains (SONATUR) et de la Société nationale des postes (SONAPOST), de l’Hôtel de ville de Ouagadougou, des prêts à des personnalités, (présidents d’institutions, membres du gouvernement et députés) qui ne sont pas remboursés à la hauteur de l’accord…

Au regard du traitement réservé aux rapports successifs, beaucoup de citoyens sont sceptiques. Ils estiment que les " fautifs " présumés, à l’exception du menu fretin, ne sont nullement inquiétés. Ces derniers vont jusqu’à défier la Cour clamant urbi et orbi qu’ils seraient prêts à répondre devant n’importe quelle juridiction. La Cour n’engageant pas d’actions judiciaires, elle sème en même temps le doute dans l’esprit des citoyens. Lorsque les faits sont si graves, il faut aller jusqu’au bout de la logique afin de situer clairement les responsabilités et poser en même temps des garde-fous pour éviter d’autres dérives à l’avenir. Dans les démocraties respectables et respectées, ces révélations devraient immédiatement donner lieu à l’ouverture d’informations judiciaires et même de mise en examen. Ailleurs et pour moindre mauvais acte, certains commis de l’Etat se voient voués aux gémonies. Nul n’a le droit de gérer le bien public comme un patrimoine personnel.

En clair, Boureima Pierre Nébié et ses hommes ne doivent pas simplement se contenter de dénoncer. Il faut en plus des mesures coercitives pour punir tous ceux qui siphonnent impunément les finances publiques. Rien ne sert d’empiler des rapports s’il n’y a guère le moindre début d’exécution des recommandations qui y sont contenues.

Mais la Cour ne disposait pas de toutes les conditions pour que son action aille jusqu’à la sanction des fautifs. Les choses pourraient changer car le Conseil des ministres du jeudi 30 septembre 2010 a examiné et adopté un projet de loi modificatif de la loi organique n°014-2000/AN du 16 mai 2000 portant composition, organisation, attributions et fonctionnement de la Cour des comptes et procédure applicable devant elle. Selon le conseil, " le projet de loi modificatif vise un fonctionnement efficace et efficient de la Cour des comptes, en lui permettant d’effectuer le jugement des comptes, de sanctionner des fautes de gestion et de renforcer le contrôle juridictionnel des finances publiques. L’adoption du présent projet de loi devrait permettre à la Cour des comptes d’accomplir sa mission avec toute l’efficacité requise ". Il reviendra à l’assemblée nationale de l’examiner, d’apporter ses amendements et enfin de la voter ou la rejeter.

La probabilité que la loi soit votée est grande. Sans analyser le fond, sans connaître les différents amendements ou les motivations des acteurs politiques, nous pensons que la loi devrait donner tous les moyens d’action à la Cour et que des sanctions suivront les dénonciations si tant est que la transparence et la bonne gouvernance sont des préoccupations pour nos autorités.

Par Bendré

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Vos commentaires

  • Le 7 octobre 2010 à 11:26, par Kabako En réponse à : La Cour des comptes pourrait traquer ses " délinquants "

    Ce n’est pas possible ! Et nous comprenons très bien. Les tribunaux sont trop occupés par les voleurs de cabris, de portables, de fer à béton, de ciment (achetés avec l’argent …), etc. pour appeler les dossiers de la Cours des comptes. Pour le faire, il faudrait que la journée compte 36 heures dont 15 heures de travail. A l’impossible, nul n’est tenu.

  • Le 8 octobre 2010 à 02:00, par AROSS En réponse à : La Cour des comptes pourrait traquer ses " délinquants "

    Dans sa lettre, la mise en place de la chambre de discipline budgétaire n’est pas une mauvaise chose. On attendra de voir ses attributions, ses pouvoirs, sa composition et son audace sur le terrain à prnoncer des sanctions justes, équitables.
    Pour ma part, je trouve qu’en réalité cette chambre risque de ne rien foutre de bon. Car si des révélations sont faites sur des cas flagrants de malgestion, la justice devrait jouer son rôle, quite à ce que les autorités crient harro sur elle. Or en l’espèce, cette justice semble à la solde de ces mêmes autoriés. Si donc la justice est impuissante, ce n’est pas une chambre de discipline qui ferait mieux. Wait and see, car je ne suis pas prophète, c’est simplement une analyse

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