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CINQUANTENAIRE DU BURKINA : "Des raisons contre une commémoration faste"

Publié le mercredi 6 octobre 2010 à 05h17min

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Toubé Clément Dakio, président du parti d’opposition UDD, estime que l’heure n’est pas à une commémoration faste du cinquantenaire. Il s’en explique dans l’écrit ci-dessous.

L’indépendance politique du Faso ayant été octroyée depuis une cinquantaine d’années, il est sans doute permis de dresser sans complaisance un bilan de cette indépendance en vue, éventuellement, de prendre les mesures de corrections idoines et non pas, comme le font les pouvoirs publics déjà dans l’euphorie de la future commémoration du cinquantenaire de l’indépendance, commencer par solliciter la mobilisation des différentes composantes de la population en vue d’un "succès éclatant de la fête du cinquantenaire de l’indépendance." Au contraire, nous pensons que plusieurs raisons d’ordre politique, économique et social plaident contre une commémoration faste du cinquantenaire de l’indépendance du Faso et appellent à une réflexion critique sur le bilan de cette indépendance. Ces raisons sont notamment :

L’objectif de construction nationale voulue par les pères de l’indépendance n’est pas atteint.

Les pères de l’indépendance souhaitaient et avaient commencé à travailler pour un Burkina uni et fort, un Burkina où règne la justice sociale, un Burkina sans tribalisme où l’individu a le sentiment d’appartenance à une entité plus vaste que le groupe ethnique restreint, la communauté nationale dont il participe à la vie. A l’accession à l’indépendance des colonies africaines naissent les jeunes Etats africains. Mais la présence du tribalisme dans ces jeunes Etats ne fait qu’exprimer l’éminente position du groupe ethnique et l’absence de sentiment d’appartenance à la communauté nationale. Au Burkina, la construction nationale n’est pas un mythe car la nation reste à être constituée.

Les dirigeants des différents régimes politiques qui se sont succédé au Faso de l’indépendance à nos jours ont souvent évoqué le thème de la construction nationale. En effet, comme partout ailleurs en Afrique, l’Etat a précédé la nation au Burkina. Les tentatives des dirigeants politiques d’utiliser des événements (indépendance, commémoration de l’indépendance, investissement humain, planification, etc) au niveau national pour promouvoir le développement ont jusque-là échoué. Disons aussi que pour la population burkinabè abandonnée à elle-même, les programmes de développement et projets de société du président Compaoré ne mobilisent que lors des campagnes électorales et pour des intérêts particuliers et non pas pour le développement du pays. Par conséquent, au lieu d’émerger, le Burkina voit manifestement s’aggraver son sous-développement. Révélons également que ces événements – commémoration de l’indépendance, investissement humain, développement ont été ou sont conduits par une bureaucratie imbue d’elle-même et qui ne consulte ni n’écoute la population concernée.

De là des échecs retentissants dans divers secteurs. Par ailleurs, le pouvoir clanique et bureaucratique de Blaise COMPAORE a dévoyé la construction nationale au profit du renforcement du pouvoir personnel de celui-ci fondé sur l’extrême domination du groupe ethnique majoritaire sur les groupes ethniques minoritaires. Il est facile pour tout observateur avisé de la vie politique, économique et (ou) administrative du Faso de se rendre compte de cette réalité. A cet égard, il est significatif que le tacite équilibre régional ‘’Est-Ouest’’ observé naguère dans la répartition des hautes fonctions de l’Etat soit abandonné au profit d’un accaparement des hautes fonctions par le pouvoir au profit du groupe ethnique dominant. De même, la concentration des principales activités économiques à Ouagadougou ne favorise pas l’unité nationale en raison des injustices sociales qu’elle provoque.

L’absence d’une véritable politique d’aménagement du territoire trahit le peu de souci que les pouvoirs publics accordent à la justice sociale et à la construction nationale. Ces choix ethnique et régionaliste (accaparement du pouvoir politique, concentration des activités économiques) peuvent hypothéquer dangereusement le développement du Burkina. Pour ce qui concerne le renforcement du pouvoir personnel du fondateur du CDP, il faut reconnaître que les responsables du CDP se sont toujours préoccupés du renforcement de ce parti, donc du pouvoir de celui qui le domine, Blaise Compaoré. La production ne fait pas partie des principales préoccupations du pouvoir. Alors, comme la production n’augmente pas rapidement et suffisamment il est difficile sinon impossible d’atteindre l’objectif de développement à travers l’unité nationale. En raison de cette malheureuse expérience du pouvoir, il va de l’intérêt des ‘’Fasodé’’ de rejeter fermement, même l’idée d’une révision de l’article 37 de la Constitution limitant à deux le nombre de mandats présidentiels exercés consécutivement par une même personne.

En termes clairs, il n’est pas acceptable qu’après cette malheureuse expérience le fondateur du CDP veuille encore, en souhaitant faire sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels, tenter une nouvelle expérience vouée inévitablement à l’échec parce que seulement fondée sur son ambition d’un pouvoir personnel à vie, sa mainmise sur l’appareil d’Etat , et le soutien de l’élite du CDP et des principaux opérateurs économiques qui ont intérêt à ce que Blaise COMPAORE perdure au pouvoir. Les Fasodé ne sauraient encore se laisser berner par le pouvoir, ses thuriféraires, laudateurs et autres griots qui préparent une soumission servile du peuple au chef suprême du CDP.

Le pouvoir et ses thuriféraires, laudateurs et autres griots se leurreraient s’ils pensaient qu’en cas de référendum , les citoyens diront amen à la révision de l’article 37 de la Constitution. En effet les citoyens ont tellement compris que pour le président Compaoré, le changement consiste à ne rien changer du tout, c’est-à- dire a continuer la même politique de misère du peuple qu’une information du peuple rondement menée par les adversaires de la révision de l’article 37 conduira le peuple à confirmer son dépit à l’égard du pouvoir actuel.

De grâce, que les dirigeants CDP laissent les Fasodé prendre en main leur destin en s’organisant essentiellement sur le plan de la production au lieu de les préoccuper en permanence par le renforcement du pouvoir personnel d’un seul et même individu. D’ailleurs la priorité donnée à la politique sur la production n’a que trop duré au Faso et explique les grands maux actuels auxquels le pays est confronté : famine, inflation, chômage… avec pour conséquence les émeutes de la faim, la recrudescence de la criminalité, de la délinquance et de la mendicité. Tout le peuple souffre de ses maux dont la source principale est la politique inadéquate du pouvoir CDP.

Le recul notable de la démocratie et la dégradation dramatique des conditions de vie au Faso

Nous parlons de recul de la démocratie par rapport au passé démocratique du Faso qui a déjà enregistré le ballotage d’un président de la république en fonction par le candidat de l’UNDD. Il y a aussi recul démocratique par rapport aux modifications non consensuelles du code électoral et surtout aux tripatouillages de la Constitution en vue d’assurer le pouvoir personnel à vie à Blaise Compaoré. Certaines caractéristiques du CDP, parti dominant au pouvoir, expliquent le recul démocratique au Faso.

• La majorité des militants de ce parti manquent de conviction car leur militantisme tient plus au fait que ce parti soit au pouvoir qu’à toute autre chose.

• Comme ce parti regroupe toutes les couches sociales du pays dont au moins la moitié de l’élite intellectuelle, force est de constater que celle-ci a démissionné par rapport à ce qu’on attend d’elle, à savoir le respect de certains principes.

• Parti dominant, le CDP jugule l’opposition et refuse l’alternance. Pour cela, le multipartisme burkinabè est une supercherie, une imposture. En outre, cela provoque entre le CDP et certains partis de l’opposition des tensions nuisibles à l’unité nationale, donc au développement
- Les institutions burkinabè sont responsables du recul de la démocratie. Bien que la plupart des institutions prévues par la constitution soient mises en place, la démocratie recule manifestement au Faso car ces institutions sont généralement contrôlées par le pouvoir.

• Par exemple, l’Assemblée nationale (AN) dominée par le parti au pouvoir, est utilisée par le président du Faso en vue de satisfaire son ambition de demeurer à vie au pouvoir. L’AN initie et vote des lois favorables au pouvoir et au parti majoritaire :
- Loi en vue de capter au profit du CDP la quasi-totalité des subventions de l’Etat au détriment des autres partis ; S’il est encore vrai que "gouverner c’est prévoir", force est de constater que le pouvoir n’est pas du tout responsable lorsqu’après avoir amputé les partis politiques (sauf le CDP naturellement et quelques partis) du moyen d’action (financement des activités hors campagne électorale) que l’Etat leur octroyait chaque année dans le cadre de leur mission constitutionnelle d’information et d’éducation du peuple, leur demande le 9 août 2010 par l’intermédiaire du Premier ministre d’intervenir dans le processus électoral présidentiel contrarié par l’inadéquate distribution des cartes d’identité, le dépit de la population à travers le manque d’engouement pour le recensement électoral, car les responsables du CDP ne s’attendaient certainement pas à un tel désaveu de leur politique de misère. Pourtant cela n’inquiète guère le chef suprême du CDP qui, facilitateur ailleurs, et en l’absence d’un consensus sur les règles électorales dans son propre pays, a érigé la force en règle. Dans son propre pays, Blaise Compaoré n’est pas un homme de dialogue, mais un dictateur.
- Loi portant parrainage des candidats à la présidentielle éliminant ainsi de la compétition des patriotes compétents. Le parrainage est anti démocratique puisque le peuple doit être le seul juge.

• Le conseil constitutionnel n’a pas remis en question les récentes lois anticonstitutionnelles relatives au financement des partis, au parrainage.

• La CENI a la réputation d’être partiale et au service du pouvoir. On relève souvent la fraude et la corruption électorales. Les élections ne sont pas toujours et partout libres et transparentes. Le recul de la démocratie s’est traduit par une dégradation dramatique des conditions de vie de la population burkinabè dont environ 46% vivent en dessous du seuil de la pauvreté. La misère en milieu rural est telle que certains paysans, à cause de la coïncidence de cette misère avec l’indépendance, demandent avec le plus grand sérieux "à quand la fin de l’indépendance ?". Il y a là un sentiment de déception et surtout de dépit éprouvé par la quasi-totalité des Burkinabè, qui montre que l’indépendance n’a pas été gérée de façon efficace pour l’intérêt national. Ce ressentiment s’exprime donc à l’égard de ceux qui n’ont pas su bien gérer l’indépendance. Ce dépit s’est également traduit par le manque d’engouement de la population pour le récent recensement électoral. Mobiliser cette famélique population burkinabè pour faire la fête de l’indépendance est un non-sens voire un vrai scandale.

L’objectif d’indépendance économique fixé au lendemain de l’indépendance par les responsables politiques du pays n’est pas atteint

A présent l’objectif d’indépendance économique n’est pas atteint car l’économie du Faso demeure une économie sous-développée c’est-à-dire pauvre, dominée et désarticulée. Les multinationales implantées au Faso orientent les produits locaux en fonction de l’état du marché international et non en fonction de l’intérêt national de ce pays. Une nationalisation des multinationales ne diminue guère leur puissance car elles contrôlent la commercialisation de la plupart des produits de base. Les accords de coopération économique et monétaire conclus entre les jeunes Etats africains dont le Faso et la France limitent l’indépendance économique de ces Etats. L’ex-colonisateur contrôle ainsi les économies de ces Etats africains. Enfin le pouvoir, comme les régimes qui l’ont précédé, a négligé les cultures vivrières au profit des cultures de rente. Il en résulte que le pays connaît généralement un déficit alimentaire et le Burkina indépendant mendie l’aide alimentaire pour nourrir sa population.

Or, on peut faire valoir que le premier de tous les besoins est celui de la nourriture et y subvenir est la première des indépendances. Que le pouvoir CDP arrête de distraire les Burkinabè avec son rêve utopique d’un Burkina émergent dans un proche avenir. En effet, il est difficile pour un pays qui n’est pas auto-suffisant sur le plan alimentaire de devenir un pays émergent. Et puis, on a remarqué que les pays actuellement émergents avaient des taux de croissance économique à deux chiffres alors que le taux de croissance économique du Burkina est environ de 5%. Parler d’un Burkina émergent suppose que le pouvoir CDP opte pour la priorité de l’industrie sur l’agriculture. A cet égard, le développement socialement supportable par la population burkinabè, à environ 80% agricole, doit au contraire mettre l’industrie au service du développement agricole c’est-à-dire donner la priorité à l’agriculture sur l’industrie.

Les ressources financières sont actuellement rares

Pour cela, il est plus judicieux d’investir les sommes relativement considérables prévues dans le cadre du cinquantenaire, dans le financement du développement auto-centré et planifié du Faso. En effet la liste de ce qui doit être réalisé est longue.

L’aide extérieure n’est pas consacrée en priorité à la lutte contre l’extrême pauvreté et les résultats obtenus ne sont probablement pas à la hauteur de l’aide totale reçue

Le pouvoir ne consacre pas prioritairement l’aide à la lutte contre la pauvreté. L’aide devrait être répartie en fonction des urgences immédiates. Conformément à cet esprit, au Burkina, elle doit être investie dans l’agriculture pour produire des céréales afin d’éviter la résurgence de la famine. C’est donc à tort que la construction de quatre échangeurs à Ouagadougou a été financée entièrement ou partiellement par l’aide extérieure. Ces échangeurs devraient être le produit du développement du Faso et non financés par l’aide extérieure. Ils poseront tôt ou tard des problèmes de maintenance qui rendent nécessaire, la pérennisation de la politique de la main tendue, ce qui est contraire à l’indépendance.

Les opérations d’établissement et de délivrance de la carte nationale d’identité ‘’burkinabè (CNIB) n’ont pas été un bon test pour la capacité organisationnelle du Burkina indépendant

Ces opérations initiées par le pouvoir et exécutées sous son autorité non seulement ne permettront peut-être pas d’atteindre l’objectif escompté, mais ont aussi révélé le manque de considération, voire le mépris du pouvoir à l’égard du peuple. En effet les conditions pénibles que la population endure pour obtenir cette carte d’identité sont inacceptables.

Pourtant des conditions plus commodes pour les citoyens et le respect de leur dignité sont possibles. Les hautes autorités burkinabè ont importé le progrès technique (machines de production en masse de CNIB) mais dans leur logique bureautique elles n’ont pas, hélas, prévu que sa mise en œuvre. Il heurte, autre les difficultés économiques, à des structures sociales et mentales peu préparées à l’accueillir. Les hautes autorités n’ont donc pas su prévenir cet écueil qui constitue un puissant frein à l’opération des C.N.I.B.

Dans ces conditions, le coût du renoncement de la population à de nombreuse heures de production pour effectuer les opérations nécessaires à l’obtention des C.N.I.B est élevé aussi bien sur le plan individuel que sur le plan national. C’est un aspect important de ces opérations et de la mauvaise gestion de l’économie nationale dont le pouvoir ne semble guère avoir conscience. Quelle justification donner alors à la fête du cinquantenaire si les partisans de cette réjouissance ne sont pas capables de mener à bien de telles opérations, et si le pouvoir politique et le pouvoir administratif sont imprégnés de l’esprit de mépris des peuples du tiers monde propre au colonisateur.

Enfin et surtout le pouvoir reste sourd aux demandes de changement visant à améliorer les conditions de vie des Burkinabè

Le Burkina est réputé être l’un des pays les plus pauvres du monde. Il est classé par la CNUCED, parmi les 20 pays africains les moins avancés. C’est aussi un pays pauvre très endetté (PPTE). Les besoins les plus élémentaires ne sont pas satisfaits pour toute la population.

Le Burkina occupe les derniers rangs dans le classement selon l’indice du développement humains du PNUD. Le revenu moyen par habitant est faible. La productivité de l’agriculture est faible au regard de la croissance démographique rapide. Le taux de mortalité notamment infantile est fort. Le favoritisme et le clientélisme sont privilégiés par les pouvoirs publics par rapport au mérite et à l’ardeur au travail. Depuis plusieurs années, l’inflation et l’explosion démographique jugulent la croissance économique ce qui a plongé, la population dans une grande misère. Face à cette misère du peuple, les refondateurs nationaux ont, dans un élan patriotique adressé une requête au président du Faso en vue d’un dialogue inclusif devant aboutir à des réformes politiques, économiques et sociales en vue du bien être social du peuple. D’autres partis et acteurs de la société civile ont également agi dans le même sens.

Mais le Président du Faso est jusqu’à une date récente resté sourd face à ces demandes de changement justifiées, convaincu qu’il était, que tout allait pour le mieux au Faso, qu’il offrirait dans un très proche avenir un Burkina émergent aux Burkinabè.

Mais si aujourd’hui, les faits l’amènent à plus d’humilité et à reconnaitre que tout est perfectible, même dans sa gouvernance de l’Etat, son invite de décembre 2009 à l’ensemble des citoyens à approfondir la réflexion sur les réformes politiques n’est pas explicitée tant en ce qui concerne le cadre de cette réflexion que des matières à approfondir. Cette invite est équivoque et peut si l’on ne prend garde, aboutir à la suppression de l’article 37 c’est-à-dire encore au renforcement du pouvoir personnel de Blaise Compaoré. Donc, en raison de la faiblesse des performances du pouvoir dans divers domaines et surtout à cause de son refus opposé aux demandes de changement les plus justifiées, se joindre au camp de ceux qui ont intérêt à maintenir la politique actuellement en vigueur si inefficace soit elle du point de vue de l’intérêt national, pour faire la fête, c’est donner une caution au pouvoir pour persévérer dans sa politique génératrice de misère.

Au contraire, refuser même l’idée de faire la fête, c’est révéler au pouvoir que les ‘’Fasodé’’ ne veulent plus être des victimes innocentes de sa politique de misère.

C’est aussi dire qu’il faut que le pouvoir accepte le dialogue pour sortir le pays des multiples problèmes auxquels il est confronté et éviter ainsi des souffrances à la population et surtout aux génération futures. Ce dont a besoin le Burkina, ce n’est pas de la mobilisation prônée par les pouvoirs publics pour fêter le cinquantenaire de l’indépendance, une indépendance qui n’a pas répondu du tout aux aspirations profondes des populations : paix, justice sociale, liberté, égalité, responsabilité, dignité, une indépendance qui les prive de démocratie voire de nourriture. Mais ce dont a besoin le Burkina, c’est de la mobilisation de toutes ses propres forces pour une véritable construction nationale dans l’intérêt des "Fasodé".

Compte tenu de toutes les raisons énumérées dans le présent texte, il est indécent que les pouvoirs publics imposent à la ville de Sya qu’ils ont délaissée, après l’indépendance jusqu’à nos jours, ainsi qu’à la population burkinabé famélique de faire la fête du cinquantenaire. Tous ceux qui ont intérêt à maintenir la politique actuellement en vigueur, si inefficace soit-elle, du point de vue de l’intérêt national, participeront allègrement à cette fête.

Mais, ils doivent se considérer, comme le pouvoir actuel, responsables de la dilapidation des rares derniers publics. En effet, le développement à travers la construction nationale, et notamment l’accroissement de la production agricole et industrielle au Faso, exige plus de créativité, d’imagination et d’efforts que l’organisation d’une fête, consistant en la construction précipitée d’infrastructures routières et de celle de bâtiments sans véritable vocation ultérieure à la fête, ainsi qu’en un feu d’artifice à payer à prix d’or, qu’en un défilé sans âme qu’on veut monstre, et qu’en une soirée de gala pour le pouvoir et sa famille politique, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance.

Toubé Clément DAKIO Président de l’UDD

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 6 octobre 2010 à 15:07, par AROSS En réponse à : CINQUANTENAIRE DU BURKINA : "Des raisons contre une commémoration faste"

    Oui, après 50 ans d’indépendance et avec l’état actuel de notre pays, le premier acte de cette commémoration devrait être un mea culpa et une demande de pardon non seulement aux pères de l’indépendance pour avoir trahi leurs idéaux, mais aussi à l’histoire, pour n’avoir pas tenu parole devant elle. Certes, le bilan hautement négatif n’est pas imputable au seul régime en place car des régimes se sont succédés avant lui, mais chacun doit, selon sa position, assumer ses responsabilités. C’est pourquoi, pour ce qui concerne le régime actuel, le seul que je connais mieux car depuis 23 ans il a installé sur le pays son empire contandant, oppresseur. Comment comprendre qu’après 50 ans d’indépendance,la pauvreté, la misère et le dénuement ovont sans cesse croissants avec des taux records(46 pour cent) ? Que l’autosuffisance alimentaire soit un luxe, que la santé, l’eau et l’école excluent de leur champ des milliers et des milliers de nos populations, que l’injustice et le déni de justice aient pris en otage nos cours et tribunaux, que notre monnaie soit conçue, frappée et régulée par la France qui détient par la même occasion les rênnes de notre économie (Les Vincent BOLLORE et autres). Bref, nous ne sommes indépendants sur aucun plan sauf su le plan du leurre : Pas d’indépendance politique, financièrre ; monétaire, éducative, sanitaire, agricole, industrielle.... Et dans tout ça, on est incapable d’organiser par nos moyens nos élections. Or on sait que les bailleurs de fond, c’est des intérêts !

  • Le 7 octobre 2010 à 10:57 En réponse à : CINQUANTENAIRE DU BURKINA : "Des raisons contre une commémoration faste"

    Mr ou Mme ARROS vous avez tout dit , belle analyse !

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