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REGULATION DES EMISSIONS D’EXPRESSION DIRECTE : DU « PIPI D’CHAT » PAR RAPPORT AU DESEQUILIBRE DES OPINIONS DANS LES MEDIAS

Publié le mardi 28 septembre 2010 à 02h44min

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Le Conseil supérieur de la communication (CSC) a organisé la semaine écoulée, à Ouagadougou, un panel sur le thème : "Quelle déontologie et quelle éthique pour une contribution des émissions d’expression directe à l’ancrage de la démocratie et à la consolidation de la cohésion sociale ?". Il en est ressorti que les déviances verbales constatées de la part des journalistes ont plusieurs causes : « le niveau de formation des animateurs qui ne maîtrisent pas souvent les sujets débattus, les moyens techniques ne permettant pas de prévenir les excès et le manque de conscience citoyenne des auditeurs et liées aussi au fait que les Burkinabè, longtemps gérés par des régimes qui n’admettent pas la liberté de parole, ne sont pas coutumiers des débats libres et démocratiques » (pour reprendre les termes de l’Observateur Paalga).

Oui, c’est vrai mais ce qu’on oublie, c’est qu’aujourd’hui, les Burkinabé sont censés vivre sous un régime qui accepte la liberté de parole. Nous pensons, pour dire les choses tout crû, que le problème se trouve dans le refus de la liberté de parole par le régime, de peur d’être desservi. Il faut donc arrêter de toujours parler de « presse plus ou moins professionnelle », « plus respectueuse de l’éthique » ! Qu’est-ce que fait l’Etat lui-même des vertus républicaines, du droit à la différence ? Non (encore qu’on reconnaisse que le professionnalisme a du bon bien qu’insuffisant pour faire un journaliste respectueux de l’éthique), le problème vient d’abord de nos gouvernants qui doivent avant tout accepter la contradiction et se mettre dans la tête que nous ne sommes plus en régime d’exception.

Mais pour une certaine opinion très remontée, le CSC voudrait surtout par le biais de ce panel, trouver la solution pour éviter les trop fortes critiques contre le pouvoir. Déjà qu’hier, on a exigé, dit-elle, des modérateurs sur les forums du Net où l’on s’est rendu compte que les propos étaient le plus souvent en défaveur de nos gouvernants, si aujourd’hui on menace d’interdire les émissions en direct (dont raffolent les citoyens), que restera-t-il de la liberté d’expression des citoyens ? Sans doute pas grand-chose !

Mais on doit reconnaître que pour l’opinion majoritaire, il arrive aussi que les écrits et propos frisent la diffamation, la désinformation, soit par ignorance, soit par volonté délibérée de nuire et avec des résultats tout à fait regrettables et parfois dramatiques et que la nécessité s’impose donc de trouver des solutions adaptées et justes. Le panel s’y est attelé. Le 3ème communicateur dudit panel, Luc Marius Ibriga, dira par exemple qu’ « il faut, se documenter sur le sujet abordé, user de la vigilance pour mettre de l’ordre dans les interventions (lu dans Le Pays du 24 09 2010). Cependant, il faut éviter de tuer la mouche avec un marteau, d’où le doigté nécessaire pour trouver la juste mesure de régulation qui n’affadisse pas le direct et qui n’en dénature pas l’esprit.

Mais à la vérité, le gros du travail, qui n’apparaît pas ici et qui passionnera l’opinion parce qu’il est celui qui l’intéresse le plus, c’est le traitement diligent de la gestion équilibrée des opinions dans les médias d’Etat en général et en particulier à la Télévision nationale du Burkina (TNB) où il est vraiment triste de voir à quel point elle abêtit et oriente, politiquement parlant, les millions de Burkinabé en faveur bien sûr, des gouvernants ; et cela, à longueur de jour, de mois et d’année. Le gros du travail sera aussi de se pencher sur ces dons de vivres, parrainages et autres coupes de députés dont on nous gave toute l’année dans les médias ! Car ca, c’est beaucoup plus grave que les quelques errements constatés dans les émissions d’expression directe !

Notons pour finir qu’il y a toutefois un frémissement positif dans le domaine de l’ouverture des médias d’Etat à l’Opposition depuis le lancement de certains débats et l’irruption sur le petit écran de figures jusque-là bannies. Le tout, pense-t-on quelquefois, dans la dynamique de cette bienfaisante refondation qui fait des émules partout. Cependant, le mal ici a été si structuré, si global, qu’on n’en est qu’à l’entame du boulot. Alors, à bon entendeur…

La Rédaction

San Finna

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