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Gilles Peltier ; président de la SOCOMA : "Conserver intact le sanctuaire du Gulmu"

Publié le mardi 7 septembre 2004 à 07h17min

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Après la signature, le vendredi 3 septembre 2004 à Bobo, du protocole d’accord entre les différents intervenants de la filière coton du Burkina, le président de la Société cotonnière du Gourma (SOCOMA) dit, dans l’entretien qui suit, les ambitions qu’il nourrit pour la zone Est (celle de Fada), achetée à la SOFITEX pour la somme de 11 milliards 150 millions de FCFA (1).

Quelle fonction précise occupez-vous dans la nouvelle société cotonnière du Gourma, en plus d’être le PDG du groupe DAGRIS ?

• Vous savez que DAGRIS regroupe, y compris maintenant la SOCOMA, une vingtaine de filiales majoritaires. Le parti pris dans mes responsabilités, c’est d’assumer la présidence d’une nouvelle société pendant quelques mois, mettons pour le déroulement de la campagne. Ce n’est pas qu’il n’y ait pas parmi nos administrateurs, notamment les cotonculteurs, des gens de grande valeur ; mais nous avons pris, nous, sur la zone Est, un engagement dans le sens d’un développement durable.

Avec des défis qui doivent être relevés immédiatement ; et je veux absolument prendre cette responsabilité et assumer les difficultés directement.

Voilà pourquoi je suis président de la SOCOMA. Le moment venu, je passerai la présidence à quelqu’un d’autre.

Ce quelqu’un est-il déjà connu ?

• Non, c’est encore trop tôt. Cela dit, le directeur général est déjà nommé, en la personne de M. Lucien Godard, un cadre supérieur de DAGRIS, qui a passé près de 20 ans à la SODECoton comme directeur agronomique. Le directeur financier est également de DAGRIS, mais dans son comité exécutif, les cadres de la SOFITEX, qu’il connaît maintenant très bien, seront à ses côtés.

Qui sont les actionnaires actuels de la SOCOMA ?

• Au premier rang, il y a bien sûr les cotonculteurs de la région concernée ainsi qu’un groupe d’investisseurs privés burkinabè, et la majorité est détenue d’une manière relativement confortable à hauteur de 55% par DAGRIS. Mais le moment venu, nous pourrions descendre à 51%. Notre politique en la matière est assez calquée sur celle de la SOFITEX, d’où les 20% au moins réservés aux cotonculteurs.

Avant la signature du protocole d’accord, vous avez eu une série de manifestations à Fada et à Ouaga. De quoi y était-il question ?

• A Fada, nous avons rendu une visite de courtoisie au roi du Gourma, Sa Majesté Yoabli ; ce qui était un moment tout à fait important et privilégié pour nous. Nous avons également installé le Conseil d’administration (CA), préparé 3 conventions et visité rapidement tous les sites à Fada et aux alentours, qui constituent les actifs que la SOFITEX nous a cédés.

A Ouaga, nous avons signé avec la BICIA-B une convention de financement portant sur la somme de 10 milliards de FCFA, sur une durée longue (8 ans), pour contribuer au programme d’investissement de cet exercice.

Concrètement, il s’agira de la modernisation et du renforcement ainsi que de la mise aux normes environnementales de l’usine d’égrenage de Fada.

Il faut notamment une cage à poussière et aménager le site pour qu’il puisse accueillir une production beaucoup plus importante. Il y a aussi la construction d’une deuxième usine à Diapaga, qui est déjà en route.

Si on excepte cela, quel est le reste de votre programme d’investissement à court terme ?

• Nous devons aussi ériger le siège social, la Direction générale, qui sera bien entendu basée à Fada, et construire cette année quelques villas de passage. La physionomie globale de la société va donc s’installer. Ensuite, pour l’année prochaine, nous aurons très probablement une unité de production d’aliments pour bétail dans la région de Fada, mais sa localisation n’est pas encore effective.

Quelle est la situation actuelle de la zone dont vous héritez ?

• C’est d’abord un potentiel formidable. Aujourd’hui, si l’on s’en tient à la convergence des opinions, la production attendue est de l’ordre de 50 000 tonnes de coton graine et le potentiel naturel de la région est de 100 000 tonnes. On peut donc doubler la capacité de production en 3 campagnes. Par ailleurs, la région est encore économiquement sous-développée, s’agissant notamment de l’élevage et de la production vivrière. C’est sur tout ce potentiel que nous allons nous appuyer.

A quelle sauce le personnel que vous lègue la SOFITEX sera-t-il mangé ?

• Le personnel est automatiquement transféré avec ses rémunérations, ses droits et ses devoirs d’une société à l’autre. Je dirais même que les travailleurs de la SOCOMA vont évoluer dans le cadre du personnel du groupe DAGRIS, un peu comme leurs collègues de la SN-Citec, avec le plan de formation de groupe, avec un plan de recrutement et de renforcement, etc. Le passage se fait donc sans aucun souci, et je dirai même dans la joie de vivre.

Quelles sont les ambitions que vous nourrissiez pour la zone Est ?

• C’est d’abord que cette zone, qui est majestueuse du point de vue de l’environnement, reste intacte, car je le compare à un sanctuaire qu’il faut préserver. C’est ensuite que les populations laborieuses puissent y vivre décemment et accroître leurs revenus, et qu’on ait, là, un pôle de développement.

C’est enfin que la zone Est soit le dernier grand bassin cotonnier de l’Afrique de l’Ouest. Car je ne connais pas de région tout autour qui puisse se prévaloir d’un potentiel de doublement de sa production en 3 ans.

Propos recueillis à Bobo par Ousséni Ilboudo
L’Observateur Paalga

(1) La zone du Centre a été cédée, rappelons-le, à Faso Coton à 5 milliards 527 millions.

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