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Présidentielle libérienne : Un bourreau dans l’arène

Publié le lundi 27 septembre 2010 à 05h43min

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Si l’exécution et la mutilation du président Samuel Doe, filmées au détour d’une gorgée de bière, l’ont révélé aux yeux du monde, il doit aussi sa triste réputation à l’histoire de son Liberia natal de cette décennie qu’il aura contribué à écrire en lettres de sang.

Lui, c’est l’ancien seigneur de guerre, Prince Johnson, qui peut revendiquer la mort de plusieurs milliers de ses compatriotes durant la guerre civile déclenchée à la veille de Noël 89. Coupable au même titre que le rouquin de Monrovia, Charles Taylor, de l’enfer qui s’est ainsi installé dans cette partie de l’Afrique de l’Ouest, c’est la terreur faite homme. Peut-on d’ailleurs relater ses hauts faits d’armes sans se rappeler sa mort annoncée, et son cercueil exposé, avec un corps méconnaissable, reprise en boucle par les chaînes télévisuelles en son temps ?

Si son comparse Charles Taylor est aujourd’hui entre les mailles de la justice internationale pour répondre de ses crimes de guerre et de sang perpétrés en Sierra Leone, lui a réussi l’exploit de migrer, depuis, au Nigeria, où il se la coule douce, après s’être converti en chrétien évangéliste pour espérer l’Au-delà. Mais la mue a-t-elle réussi pour autant ?

En tout cas, c’est ce bourreau de Monrovia et monstre de Nimba, son fief du Nord Liberia, qui a aussi réussi à se faire élire, malgré tout, au Sénat, qui frappe maintenant aux portes du palais présidentiel. A-t-il seulement oublié que les peuples ont de la mémoire ? Question sans objet aujourd’hui, puisque, contre toute attente, et à peine les braises de la guerre civile éteintes, le « révérend » a reçu, en milieu de semaine dernière, le quitus de la Commission électorale pour briguer le scrutin présidentiel de la fin 2011.

Une gifle au peuple libérien, considérée à juste titre comme une seconde mort des milliers de victimes de la guerre civile, après que ladite commission a déclaré son parti (l’Union nationale pour le progrès démocratique) légal et qu’il remplissait toutes les conditions. On dit sa popularité indéniable dans sa tanière de la province de Nimba ; mais la joie du loup pourrait être de courte durée, poursuivi qu’il est par un rapport de la Commission Vérité et Réconciliation pour les pires exactions qui lui collent à la peau.

Toutefois, s’il en sortait indemne, Prince Johnson prendrait le départ de la course vers la consécration nationale avec le footballeur Georges Weah qui, soit dit en passant, s’est découvert une nouvelle vocation, et l’actuelle présidente Ellen Johnson Sirleaf que l’ancien chef rebelle accuse du reste d’être au commencement et à la fin de la guerre civile. La lutte sera certainement âpre, et le pire est à redouter, car on ne sait trop l’accueil qui lui sera réservé durant la campagne sur les multiples charniers.

Alors, la Commission électorale a-t-elle été bien inspirée en accordant l’onction à un tel candidat, aux mains toujours tachées de sang ? En tout cas, le risque est grand qu’elle réveille les vieux démons et qu’elle complique davantage la tâche de la Communauté internationale au chevet du pays depuis de très longues années. Pour la paix et la stabilité du Liberia, le pasteur devrait faire valoir ses prétentions dans d’autres prairies. Car, Prince Johnson au State House à Monrovia, ce serait un prédateur de plus pour l’Afrique qui ne sait trop comment s’en débarrasser.

La Rédaction

L’Observateur Paalga

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