LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

VIH/ SIDA : Dans l’intimité d’un couple sérodifférent

Publié le mardi 21 septembre 2010 à 04h02min

PARTAGER :                          

Le SIDA détruit des vies, brise des foyers. Le « mal du siècle » a fait des orphelins, des veuves et veufs. Il a séparé plus qu’il n’a uni, éloigné plus qu’il n’a rapproché. La seule évocation du mot « sida » fait se bousculer dans les têtes et les conversations une foule de mauvaise pensée. Fort heureusement la vie n’est pas faite que de misère et de désespoir. C’est ce que nous avons découvert chez le couple TRAORE les Chez les TRAORE, comme dans de nombreux couples sérodiscordants, la maladie semble plutôt être le ciment du foyer. C’est envers et contre tout qu’ils se battent au quotidien contre le VIH et les aléas de l’existence humaine. C’est vrai, tous les couples font face aux conflits et aux compromis ; les problèmes liés au sexe, aux travaux ménagers, aux questions financières et à la dynamique familiale sont communs mais en raison du VIH, les couples sérodiscordants sont assujettis à des craintes et à des angoisses additionnelles. Ils doivent composer avec le mal discriminant.

Nous avons voulu comprendre. Comprendre comment on vit dans un couple sérodifférent ? Comment le conjoint séronégatif arrive-t-il à accepter la maladie dans le foyer ? Comment peut-on continuer à avoir une intimité avec son conjoint séropositif au risque de s’infecter soit-même ? Si des couples, comme celui des TRAORE, ont accepté de nous parler de leur intimité, leur vie, leurs craintes, leurs défis, leur espoir certains n’ont pas pu franchir le pas. On les comprend si bien ;mais l’avenir n’est-il pas dans la victoire contre tous les complexes ?.

« J’ai connu Sala à une veillée de prière en 1994. A 46 ans et étant chrétien, je ne voulais pas rester seul. Je voulais, comme le recommande ma foi une compagne. C’est ainsi que je me suis approché des anciens de mon église qui m’ont dit de me choisir une femme. J’ai jeté mon dévolu sur Sala. Elle avait 24 ans et faisait partie des jeunes filles de notre communauté. On a commencé à se fréquenter. Je lui ai montré chez moi, elle est venue connaître où je vivais. Le 22 avril 1995 nous nous sommes mariés devant Dieu et devant les hommes…. », Ainsi a débuté le récit de S. TRAORE, qui jetait de temps à autre, un tendre regard à son épouse assise à ses côtés. C’était le samedi 17 juillet 2010 dans un quartier non loti de Bobo.

Notre histoire avec le couple TRAORE, si l’on peut parler ainsi, a commencé au mois d’avril 2010. Nous faisions partie d’une mission du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) qui visait à montrer à une vingtaine de journalistes, les résultats de l’intervention de la structure onusienne au Burkina.

Le 14 avril au matin, nous étions en visite au siège d’une association dénommée « Espoir et vie ». Une association qui intervient dans le domaine de la lutte contre le sida. Sa spécificité nous disait M Carlos SAWADOGO du PAMAC (Programme d’Appui au Monde Associatif et Communautaire), et « bras armé » par lequel le PNUD appuie l’association « Espoir et vie », « c’est qu’elle soutient et appuie des couples sérodifférents. Ce sont des couples dans lesquels l’un des partenaires est séropositif au VIH, mais au lieu de se séparer, les deux continuent de vivre leur vie de couple. »
Dans la grande salle, tout au fond de la cour, assises sur des bancs, une cinquantaine de personnes, des hommes et des femmes, mais aussi quelques bambins dans les bras de leurs mères. C’est un « groupe de parole », dira M. Arouna BARRO, conseiller en éducation thérapeutique de l’association, qui nous introduit. En 60 minutes maximum, la vingtaine de journalistes avaient à s’entretenir avec des gens avec qui, ils venaient juste d’échanger quelques amabilités. Ils étaient de tous les âges. De jeunes comme de vieux couples. Sur les visages, il était difficile de savoir lequel des conjoints était séropositif, même si sur certains, des signes de maladie et de souffrance étaient apparents. Alors, sur le coup, chaque journaliste, selon ses perspectives se mit au travail.

Mais une heure pour comprendre les péripéties de toute une vie était manifestement insignifiante dérisoire, pour que des gens qui vivent des engagements aussi forts puissent en parler. Nous avons donc entrepris, après concertation avec M BARRO, de revenir approfondir le travail pour témoigner pour notre lectorat et le reste du monde sur les réalités que généralement les gens ne peuvent même pas soupçonner. « Laissez-moi du temps pour vous préparer ça », nous avait-il alors répondu.

« Elle se refusait à moi, j’ai fini par comprendre pourquoi »

On était donc le 17 juillet 2010 et il était 16h quand M BARRO et nous arrivions chez les TRAORE. La famille (les deux parents et leurs deux enfants) habite dans une maisonnette deux pièces. La cour, à peine 50m2, est juste délimitée par quelques amas de terre et de cailloux qui font office de mur. Sous le petit manguier, qui se dresse à côté des toilettes aux murs délabrés, deux vélos. Pendant que l’unique fille de la famille s’occupait de la vaisselle, Mme TRAORE, elle, était aux fourneaux.
Visiblement, nous étions attendus : derrière le hangar qui se dresse contre la maison et lui sert d’auvent, deux chaises, deux bancs et une table centrale sur la table trônaient quatre « verres » en plastique et une carafe qui transpirait l’eau glacée. « A dansè » c’est-à-dire « bonne arrivée » en dioula, s’est empressée de dire Mme TRAORE, une louche à la main ; et M TRAORE de nous inviter à nous asseoir. L’on s’installe un moment de silence et M BARRO nous présente aux maîtres des lieux et rappelle l’objet de la visite. « Il faut boire l’eau de l’étranger avant qu’on ne puisse discuter. C’est la tradition… » Lance M TRAORE avec sourire.

M TRAORE ne porte pas ses 62 ans qu’il a pourtant bouclés. On le dirait plus jeune. Quelques cheveux grisonnants et c’est tout. C’est un bel homme haut de 1,75m, bien charpenté. Il a une très grande aisance dans la langue de Molière. Sa voix, grave et posée, inspire respect et considération. Très croyant, il ne place pas deux ou trois phrases sans faire référence à la Parole sainte. Il est sans emploi, mais s’occupe avec dignité de sa famille. Mme TRAORE, elle, a le visage décharné. Sa lèvre inférieure porte une plaie. Ses yeux mornes dévoilent une convalescence. Son sourire est difficile, son regard fuyant. Mme TRAORE est à terme. « Elle était alitée à cause de sa grossesse » nous souffle à M BARRO. « Elle porte là notre quatrième enfant » nous dira plus tard M TRAORE. Ceci explique –t-il donc cela ? Toujours est-il qu’elle fait plus que ses 40ans comme c’est généralement le cas dans nos contrées.

La sérologie ne se lie pas sur le visage d’un individu. Elle est un secret. Un secret qu’on ne partage qu’avec des personnes de confiance. Quand on en vient à la porter sur la place publique, c’est qu’on poursuit un objectif bien précis : celui de témoigner. Témoigner pour dire à ceux qui souffrent dans le silence qu’ils ne sont pas seuls. Et c’est ce que la famille TRAORE a choisi de faire. « En 1996 nous avons eu notre premier enfant, D. ; il a 14ans aujourd’hui. Quelque temps après la naissance de D, l’état de santé de mon épouse a commencé à décliner. Elle m’a dit un soir qu’elle devait aller à Ouagadougou pour une formation. Elle en est revenue avec un petit chapeau, sur lequel était écrit « Lutte contre le VIH/sida » et des documents. J’ai pris les documents que j’ai lu. J’ai été intrigué. Je me demandais pourquoi aller à Ouaga pour recevoir une formation sur le VIH, et je me souviens encore que c’est moi-même qui l’ai accompagnée à la gare pour qu’elle prenne son car. A son retour, je suis encore allé l’accueillir.

Elle m’a raconté son séjour. Chaque fois qu’on discutait en couple, elle me parlait beaucoup du sida, de l’importance du test etc.
Quand sa santé a commencé à se dégrader véritablement, j’ai commencé à soupçonner, mais je ne lui ai jamais posé de question sur sa sérologie. Elle ne m’en a jamais parlé non plus. J’ai remarqué seulement qu’à chaque fois que je la désirais, elle trouvait toujours un subterfuge pour se refuser. Et comme mes soupçons étaient de plus en plus forts, un jour qu’elle était sortie pour une réunion le cœur serré et malgré moi, j’ai fouillé dans ses documents et j’ai vu le résultat de son test. Sur le coup, j’ai été bouleversé. J’ai fermé l’enveloppe et remis tout à sa place. J’ai pensé que j’étais peut-être à l’origine de sa contamination. J’imaginais déjà les réactions de la belle famille. Les choses devenaient de plus en plus difficiles. Elle pouvait aller à l’hôpital pour voir le médecin ; souvent de 15h jusqu’à 19h voire même au-delà pour dit-on des consultations. Je restais seul avec les enfants et je ne comprenais pas. J’ai décidé alors de faire le test pour me fixer. Je suis allé au centre MURAZ. Une semaine après, je suis allé prendre mes résultats et j’ai vu que j’étais séronégatif.

C’est comme ça que j’ai su que mon épouse était séropositive et moi pas. Du même coup, j’ai compris pourquoi elle me refusait au lit. Mais je lui ai dit qu’il faut qu’elle sache que c’est une affaire de famille. Il est écrit dans la Bible que le corps de la femme est fait pour l’homme et le corps de l’homme pour sa femme. Et que ce n’est pas à cause de la maladie qu’on va s’abandonner. J’ai interrogé ma Bible qui m’a dit de ne pas avoir peur. J’ai continué à vivre ma vie de couple avec mon épouse comme je le faisais avant de savoir qu’elle était séropositive. Sans aucune restriction, ni arrière-pensée. Je n’utilise pas de préservatif, et tant qu’elle se sent bien en santé, on ne se prive pas. Je lui ai dit que ce n’était pas la peine de s’alarmer. » Puis, M TRAORE regarde tendrement son épouse et lui tapote la cuisse. Et pour la première fois depuis que nous étions dans la famille, Mme TRAORE esquisse un sourire franc.

Le Seigneur est vraiment bon et ses voies impénétrables, nous surprenons-nous à murmurer. Comment cela se peut-il ? Monsieur TRAORE est d’une grande âme et donne à réfléchir à plus d’un sur le regard qu’il faut porte aux personnes infectées. Sa démarche pour savoir et son acceptation de la situation dans son foyer fit revenir à nous cette remarque d’un psychologue : « Dans le couple, quand l’un des conjoints est infecté et pas l’autre, tout de suite celui qui ne l’est pas conclu à une infidélité, à une trahison, de la part de l’autre. Bonjour alors les mépris, les rejets etc. ». C’est dire que les préjugés sur les origines sexuelles des infections sont gravés dans l’imaginaire populaire. Evoquer le sujet, revient dans le couple à poser le délicat problème de l’infidélité, de l’adultère. Pourtant, chez les TRAORE, le problème s’est posé autrement comme l’explique le mari : « Ma femme travaillait à la société EGCOF comme nettoyeuse à l’hôpital SANOU Sourou.

Elle était chargée du nettoyage du service des post-opérés. Un jour, elle est revenue du travail presque en larme pour me dire qu’elle s’était faite piquer par une seringue pendant le nettoyage. Une deuxième fois encore, elle est revenue me dire qu’elle a encore été piquée. Je me suis demandé comment on pouvait employer des gens pour nettoyer un service aussi sensible sans leur donner du matériel de protection adéquat. J’étais inquiet, mais j’étais loin d’imaginer que cela allait finir par une infection. D’autant plus que je lui avais conseillé d’être prudente pour ne pas ramasser des maladies. C’est ce que je redoutais qui est arrivée. ». Chez les TRAORE, la conviction est vite faite. Si Mme est infectée, c’est par suite de ces accidents de travail au service des post-opérés et pas autre chose. C’est un sujet clos dans le couple comme l’est celui de la procréation.

« Tant que Dieu lui donnera la force de procréer … »

Le désir de fonder une grande famille est très puissant chez les TRAORE. Pourtant, le couple, comme tant d’autres couples sérodiscordants, s’expose imprudemment à un risque d’infection. Surtout par la méthode de conception naturelle (c’est-à-dire, avoir des relations sexuelles non protégées pendant le pic ovulatoire de la femme). « Des données récentes laissent entendre qu’à l’échelle mondiale, plus de 50 % des nouvelles infections au VIH découlant des épidémies développées et généralisées se manifestent chez les couples sérodivergents » affirme M BARRO. Or, au Burkina, la conception naturelle reste pour l’heure, le seul et unique moyen de procréer. Ce qui pose un certain nombre de défis particuliers pour les TRAORE.

Comment fonder une famille à soi sans mettre en péril sa propre santé et celle de cette famille ? Le risque est présent, mais M. TRAORE semble n’en avoir cure. Dans notre échange, Mme TRAORE, visiblement perturbée par l’attitude du mari, lâche un peu triste : « J’ai beau lui parler des risques qu’ils encourent, lui et le bébé, il ne m’écoute pas. Pour lui, tout vient de Dieu. La maladie comme la santé... ». Son inquiétude est pourtant justifiée car ainsi qu’elle le dit : « Notre fille R est infectée. On a eu notre troisième après R, qui a vécu avec nous un an et six mois et est décédé en 2003. Lui aussi était infecté. » Monsieur de revenir plus conciliant pour dire : « C’est à partir de ce moment, que j’ai constaté que son corps souffrait beaucoup. Je lui ai dit qu’il était mieux qu’on observe une pose, le temps qu’elle retrouve sa forme et sa force. Vers fin 2009 on a commencé à se concerter et l’on est tombé d’accord pour faire notre 3e enfant et voilà qu’aujourd’hui elle attend. L’accouchement est prévu pour la fin septembre. Mais tant qu’elle se sent bien, je ne manque pas d’accomplir mon devoir conjugal. On s’est supporté dans le mariage et le bonheur, on se supporte aujourd’hui dans la souffrance. »

La situation interpelle M BARRO qui reconnaît : « Nous informons les couples sérodifférents sur les risques qu’ils encourent. Nous leur conseillons l’utilisation du préservatif lors de leurs rapports. Mais le message passe difficilement. Ils ne veulent pas en entendre parler. Certains ont été clairs, ils ne veulent pas de rapport avec un condom dans leur couple. Et puis le désir de procréer est tellement fort que les couples transgressent nos prescriptions, c’est le cas du couple TRAORE… »
A 11 ans, la fille du couple est déjà sous ARV. Et cela n’est pas sans conséquence sur sa scolarité. « R, notre fille, fait le CM1. Cette année, elle est tombée malade et a été pendant plusieurs semaines, absente de l’école. Je pense que cela a sérieusement porté un coup sur ses résultats scolaires, elle redouble sa classe… »

Nous dit M TRAORE. La petite R TRAORE participe, tout comme d’autres enfants, et leurs parents, aux activités de l’association notamment aux groupes de parole. Sait-elle ce qu’elle porte comme poids ? Est-elle consciente qu’elle n’est pas une enfant comme les autres ? Une chose est sûre, R a la joie et l’insouciance des gamines de son âge. Elle s’amuse avec ses camarades de quartier et d’école nous ont confié ses parents. Personne, à part les membres de sa famille et de l’association, n’est au courant de son état. Qu’adviendra-t-il si un jour ses camarades d’école ou de quartier apprenaient qu’elle est séropositive ? Il faut dire que le couple TRAORE peut aujourd’hui procréer comme tout autre couple sérodiscordant sans trop de risque d’autant que depuis 2002-2003, le Programme de protection de la transmission mère-enfant (PPTME) leur donne cette opportunité. C’est dire que Mme TRAORE n’a plus à craindre pour son enfant à venir.

« C’est l’amour qui nous fait vivre… »

La non-divulgation du statut sérologique à des personnes extérieures de la relation est un moyen éventuel de protéger la vie privée et d’éviter la discrimination. Les couples se retrouvent souvent confronter à cette épreuve : faut-il oui ou non en parler ? La personne séropositive est la seule, selon les spécialistes, qui peut décider finalement quand, comment et à qui elle veut se confier, sauf en cas d’urgence. Dans la famille TRAORE, ni les parents, les amis, encore moins les voisins ne sont informés : « Dans ma famille, personne n’est au courant de la maladie de ma femme. Si je n’informe pas ma famille, je ne sais pas pourquoi mes voisins seront au courant ? Dans la famille de ma femme, seule sa grande sœur est au courant. »

Dans sa démarche de suivi-conseil des couples et des personnes infectées, c’est une stratégie que préconise l’association « Espoir et vie » : « La divulgation n’est nécessaire que si elle peut et doit apporter réconfort et sécurité au couple mais aussi et surtout à la personne infectée. Le conjoint a le droit de savoir. C’est pourquoi nous initions une approche auprès du conjoint séronégatif au cas où le conjoint infecté a des difficultés à le faire. Ce qui n’a pas été le cas chez les TRAORE. En dehors du conjoint, seul un proche digne de confiance peut être informé. Cela est fondamental pour éviter la stigmatisation… » Selon Mme TRAORE, D et R leurs deux enfants sont au courant de la situation. « Mon mari a tenu à ce que ce soit nous qui informions les enfants de la situation d’autant plus que notre fille est infectée et suit un traitement à l’ARV et participe au groupe de parole au centre ».

Plus qu’un époux, M TRAORE est la véritable épaule pour sa tendre moitié. Il la soutient. L’homme est devenu, comme le veut l’association « Espoir et vie », le compagnon de traitement de son épouse. « C’est lui qui me rappelle quand est-ce que je dois prendre mes cachets, et s’assure surtout que cela est fait. » Nous a confié Mme TRAORE. L’une des stratégies efficaces dans la réduction de la transmission chez les couples sérodiscordants est que le partenaire séronégatif subisse des tests de dépistage et qu’il ou elle se prévale des services de counselling de façon régulière. M TRAORE fait chaque trimestre ses tests. Dans les relations sérodiscordantes, les spécialistes affirment que l’absence de discussion peut aboutir à des comportements à risque et à l’augmentation de l’anxiété.

De bonnes stratégies de communication sont essentielles au maintien de la santé de n’importe quel genre de relation. C’est pourquoi les groupes de parole qu’organise l’association « Espoir et Vie » sont d’un grand secours pour les couples. « Le but des groupes de parole est d’offrir, à la fois un espace d’écoute et d’expression, où la parole peut être posée et entendue. Il s’agit pour nous de proposer un espace qui permet aux personnes infectées et affectées, de communiquer efficacement, sur les difficultés rencontrées dans leur vie de couple et ou de personne infectée grâce aux échanges qui s’y produisent. Et le couple TRAORE nous est d’une grande aide » Dira M. BARRO.

Le couple TRAORE a accepté et adopté le VIH dans sa vie. « Nous sommes une famille normale et la maladie n’a pas commencé avec nous, elle ne se terminera pas avec nous. Le péché est plus grave que la maladie qui touche le corps. Si tu es malade, cela ne veut pas dire que si tu meurs tu n’iras pas au ciel. Quelqu’un peut être bien portant et rempli de péché, ça sera la mort éternelle.

La foi est très importante dans une situation de maladie, pas seulement dans le cas du VIH, et l’espoir, c’est Dieu. C’est l’amour et Dieu qui sont notre réconfort, qui nous permettent de tenir et de poursuivre la route. Quand je vois mon couple, je vois que nous continuons de vivre comme les autres couples. Nul couple n’est à l’abri de cette infection. Malgré que les autres n’ont peut-être pas cette maladie, il y en a qui meurent nous laisser tous les jours. Je sais qu’un jour, ça va nous arriver aussi mais pour l’heure, nous nous essayons de vivre pleinement notre vie et la venue prochaine du bébé est importante pour notre famille. C’est vrai qu’il y a des moments où ce n’est pas facile pour nous. Mais comme je le dis, des gens tombent autour de nous et nous allons présenter nos condoléances. »

Le bonheur nous dit Aristote, est le principe et la raison d’être de la vie, le but et la finalité suprêmes de l’existence humaine. Chez les TRAORE, le bonheur, c’est la famille. Voir les enfants grandir, aller à l’école. L’arrivée du bébé est attendue avec joie et espérance. En attendant ce bonheur, les TRAORE partagent tous les mois, leur expérience de vie de couple sérodifférent aux rencontres de groupes de parole. Une façon de continuer de vivre, mais surtout d’apporter force et espoir aux couples qui viennent de rentrer dans le cercle des sérodiscordants.o

Frédéric ILBOUDO


Situation actuelle de l’épidémie

L’épidémie du VIH au Burkina Faso est de type généralisée. Sur la base de la sérosurveillance sentinelle, la prévalence globale du VIH chez les 15 à 49 ans est passée de 2,7% en 2006 à 2,3% en 2007 et à 2,0% en 2008. La tendance générale est à la stabilisation depuis 2005. En termes de répartition spatiale, les sites situés en zone urbaine ont une plus forte prévalence que les sites situés en zone rurale soit 3,1% contre 0,4% en 2008. La prévalence la plus élevée en 2008 a été retrouvée dans la ville de Koudougou avec un niveau de 4,2%. En 2006 et 2007 c’était la capitale Ougadougou qui détenait le niveau le plus élevé en prévalence avec respectivement 5,9% et 5,1%. La prévalence reste toujours élevée au sein de certains groupes spécifiques tels que les professionnelles du sexe avec un taux de 16,3% en 2005, selon l’Enquête de prévalence IST/HIV et des comportements sexuels auprès des travailleuses de sexe et leurs clients à Ouagadougou, Burkina, juin 2006. Concernant la situation de la séroprévalence, selon le rapport 2008 de l’ONUSIDA, la prévalence moyenne de l’infection à VIH au sein de la population adulte du Burkina Faso est estimée à 1,6% en fin 2007, dans un intervalle [1,4-1,9]. Les autres données se présentent comme suit :
130 000 personnes vivant avec le VIH ;
120 000 adultes vivant avec le VIH, dont 61 000 sont des femmes ;
10 000 enfants ;
10 000 décès dus au sida ;
100 000 enfants estimés orphelins du fait du SIDA.

Prévention de la transmission du VIH de la Mère à l’Enfant (PTME)

La couverture de l’ensemble des districts sanitaires (63), le nombre de sites a connu une hausse de 57,8% passant de 803 sites en 2008 à 1267 sites en 2009. Ceci représente 81% des formations sanitaires éligibles à la PTME en fin 2009 (1 564), soit une performance au-delà de l’objectif national fixé à 70%. Le nombre de femmes bénéficiaires de la PTME a été de 310 583, soit un taux d’adhésion de 50,9% si l’on rapporte ce chiffre aux femmes vues en CPN (609 632). Le taux de séropositivité chez les femmes vues en PTME a été estimé à 1,5%.

Protection et soutien

Concernant les groupes vulnérables, 3 200 enquêtes sociales ont été menées pour s’assurer de leurs conditions de vie et établir leurs besoins. Le soutien a concerné 96 562 OEV. Dans le cadre du soutien aux PVVIH, 4 600 groupes de parole ont été organisés au profit de 38 235 personnes ainsi que 2 800 repas communautaires au profit de 37 621 PVVIH.
Données de morbidité.

En 2006, les services de santé ont notifié 5 144 cas de SIDA. Parmi ces cas enregistrés, on dénombre 1 835 hommes et 3 309 femmes soit respectivement 36% et 64% des cas. Le sexe ratio est de 0,55. En 2007, 7 012 cas ont été enregistrés avec 33,55 % d’hommes et 66,45% de femmes. En 2008, les services de santé ont notifié 5 136 nouveaux cas de Sida dont 63,53% de femmes (3 263) et 36.47% d’hommes (1973). On note une évolution en dents de scie entre 2006 et 2008. Près de 2/3 des cas notifiés sont de sexe féminin.

Données de mortalité

Un total de 3 164 cas de SIDA a été hospitalisé dans les districts et les hôpitaux en 2006. Parmi ces patients, 692 sont décédés soit 21,9%. Au cours de l’année 2007, 2 511 cas de SIDA ont été hospitalisés avec 477 décès soit un taux de létalité de 19%. En 2008, ce sont 3 309 cas de SIDA qui ont été hospitalisés avec 686 décès soit un taux de 20,7%. On note une évolution en dents de scie des cas hospitalisés entre 2006 et 2008 mais avec un taux de létalité qui est resté relativement stable sur la même période. Le taux de létalité des enfants de moins d’un an a également connu une évolution.

Sources : RAPPORT UNGASS 2010 DU BURKINA FASOBURKINA


L’amour plus fort que tout !

Dans le combat contre le mal discriminant, le couple TRAORE n’est pas seul. Ils sont nombreux ces femmes et hommes qui ont refusé de sacrifier leur amour sur l’autel de la maladie dite du siècle. Des couples, nous en avons rencontrés qui ont chacun son histoire. Une histoire unique, bouleversante. Cependant, le combat reste le même, vivre l’Amour malgré les qu’en dira-t-on et les affres de la maladie qui ne manquent pas.

Selon une étude du Centre national de collaboration des maladies infectieuses du Canada, le pourcentage des couples discordants en Afrique se chiffre entre 3 et 20 % de la population générale. A l’association « Espoir et vie », sur les 920 patients inscrits sur les registres, 432 sont sous traitement dont 42 couples sérodivergents au sein desquels l’on dénombre 17 hommes séropositifs. Au regard de l’environnement souvent hostile du fait de la discrimination, de la stigmatisation et même du rejet, la plupart de ces couples sérodiscordants vivent dans la discrétion. Ni parents, ni amis, encore moins voisins ou collègues ne sont au courant de leur situation sérologique.

Ils voudraient les en informer que les réactions négatives qu’ils sont certains d’enregistrer de la part de ces personnes de leur entourage les en dissuaderaient. Pourtant une telle démarche est souhaitable dans l’intérêt de tous. Aussi font-ils leur, ces couples, l’adage selon lequel pour vivre heureux, vivons cachés. La peur d’infecter son ou sa partenaire ou de se faire infecter ; les préoccupations relatives à la santé et à la maladie ; l’observance thérapeutique (fidélité au traitement) ; les effets des traitements ou de la maladie sur l’image corporelle et le niveau d’énergie ; les enjeux relatifs à la divulgation et à la vie privée (lorsqu’on parle de son statut VIH et de sa relation avec autrui etc.) sont autant de préoccupations qui freinent le conjoint séropositif dans sa démarche au sein du couple.

L’amour, quand tu nous tiens !

Des témoignages recueillis chez des couples qui ont bien voulu s’ouvrir à nous sont émouvants. Mme SIDIBE nous contera sous forme anecdotique, cette réaction qui n’est pas pour rassurer une personne infectée cherchant un réconfort, une épaule prête à la recevoir pour qu’elle ne se sente pas seule au monde, suivez plutôt ses propos : « Bernard, un ami d’enfance de mon mari, au cours d’un repas familial que nous avions donné, a lancé cette phrase qui restera à jamais en moi. Il a dit : « Le jour que je saurai qu’un de mes amis, ou un membre de ma famille proche ou lointain a cette maladie (entendez par là est séropositif), même une goûte d’eau je ne boirai plus chez lui » Pourtant moi qui lui servais à manger ce jour là, suis séropositive ». Il faut dire qu’il lui a fallu d’énormes ressources à la pauvre dame pour ne pas piquer une crise ce jour-là. Et c’est tout à son honneur.

L’attitude de ce Bernard, hélas, n’est pas isolée d’autant qu’ils sont nombreux les gens qui pensent comme lui mais qui ignorent que l’infection ne prévient pas et que nul n’en est à l’abri. Et la réaction du père de l’époux de Mme SIDIBE est pour nous sidérer. « Monsieur courage », devrait-on l’appeler, cet époux affectueux qui ne veut pour rien sacrifier son amour pour sa femme ; il nous en parle. Lisez-le plutôt : « Je suis l’aîné de ma famille et j’étais responsable des affaires de ma famille. Mon père est à la tête d’une grande société de distribution de produits alimentaires qui marche et c’est moi qui dirigeais cela. Quand la santé de mon épouse est devenue préoccupante et que des soupçons sur sa séropositivité ont été mis sur le tapis, mon père m’a tout simplement demandé de choisir.

C’était soit la direction de l’entreprise, soit mon épouse. J’ai choisi mon épouse. On a dû quitter la cour familiale avec notre fille de 16 mois. Aujourd’hui, aucun membre de ma famille ne sait où je vis, de quoi je vis. Je ne dis pas que nous sommes à l’aise, mais je suis heureux, rien qu’à l’idée de savoir que nous sommes ensemble. » Nous raconte-t-il les yeux humides. Ainsi pour le couple SIDIBE, l’Amour montre une fois de plus qu’il peut tout vaincre et apporter le bonheur. Ce n’est certainement pas dame Maïmouna qui dira le contraire, elle qui se croyait irrémédiablement perdue après avoir été infectée de par la faute de son défunt mari.

Une véritable renaissance

Maïmouna T, à 40 ans et mère de trois enfants nés de son premier mariage, n’en décolère pas contre son défunt mari pour lui avoir transmis le VIH, « il savait qu’il était infecté, il savait qu’il souffrait de la maladie mais il a tout fait pour me contaminer et je ne lui pardonnerai jamais cela », dit-elle. Mais très vite elle retrouve le sourire quand elle pense à ses enfants et à son nouvel époux, Issouf, qui lui a redonné la joie de vire. « Grâce à Dieu, poursuivit-elle, aucun de nos enfants n’est infecté. J’essaie de vivre depuis que j’ai rencontré Issouf. » Elle a en effet, retrouvé l’amour et mieux, un foyer. Les voies du Seigneur sont impénétrables disent les Ecritures : Maïmouna en allant réparer sa moto chez le mécanicien du coin était loin d’imaginer que naîtrait de cette rencontre une idylle qui plantera solidement ses racines dans les deux cœurs et les conduira devant le maire en 2007.

« Elle m’a informé de sa situation sérologique avant qu’on aille au lit ensemble pour la première fois. Je lui ai dit que cela ne me posait aucun problème et que cette maladie ne pouvait pas être un frein à ce que je ressentais pour elle. Malgré tout elle refusait mes avances. Elle m’a même dit que ce n’était pas possible entre nous d’autant plus que j’ai déjà une femme. Mais j’ai fini par la convaincre de ma sincérité en lui proposant le mariage. Elle m’a pris au sérieux. En Mars 2007, nous nous sommes dit oui. » explique Issouf. C’est vrai, le foyer de Maïmouna est polygame mais l’amour qu’elle a pour son époux, qui le lui rend bien, a raison de tous les obstacles. Sa coépouse, qui est informée de sa sérologie, a des ressentiments à son égard mais le mari a su gérer la situation. « Ce dont je rêve aujourd’hui, c’est de lui donner un enfant pour concrétiser notre union. Un bébé me donnera plus de place dans le foyer parce que ma coépouse en a deux. » Dit-elle confiante d’autant que les avancées médicales permettent aux personnes infectées de procréer sans trop de risque et pour l’enfant et pour la mère.

L’amour, c’est ce que Paul et Valérie se battent pour sauver à tout prix de l’emprise de la famille, surtout de la mère du jeune homme. Valérie est séropositive ; en dépit de sa sérologie, Paul tient à concrétiser leur amour par le mariage, mais il y a un hic : « Ma mère tient à voir les résultats de nos tests de dépistage et ça nous pose un véritable problème parce que, si elle apprend que Valérie est séropositive tous nos projets sont à l’eau. Je la connais, elle s’opposera à notre union, à notre amour. Déjà qu’elle ne supporte pas Valé, je ne vois pas comment nous allons gérer ça ! » Et depuis, le couple est dans l’expectative. Comment sortir de cette situation ? Les deux amoureux réfléchissent à tous les scénarii, même celui intégrant la possibilité de quitter le pays. Paul aurait même tenté une « falsification » des résultats du test de dépistage de Valérie pour contenter la belle-mère.

Ces divers témoignages, aussi différents qu’ils sont, montrent que l’amour peut aider à surmonter les regards et les perceptions des autres. C’est dire que le couple discordant au plan sérologique se doit de renforcer la communication en son sein. Il faut d’abord s’accepter mutuellement pour se faire accepter des autres et faire tomber les barrières.
Couteau à double tranchant, l’amour est aussi un vecteur de transmission de la maladie du SIDA. En effet, il est démontré que le lit conjugal est devenu un lieu à risque pour la transmission du VIH. C’est l’endroit où se produisent nombre de nouvelles infections en Afrique. Ainsi le Pr. Vinod MISHRA, directeur de recherche à Macro International, un groupe de recherche basé aux Etats-Unis, déclarait à IRIN/PlusNews : « Nous avons découvert que dans de nombreux pays, tels que le Kenya, la Côte d’Ivoire..., plus de 60 pour cent des couples sérodiscordants étaient formés de femmes séropositives, un phénomène largement ignoré par les activistes de la lutte contre l’épidémie ». D’où l’intérêt de révéler sa sérologie dans le couple afin de mettre en pratique les méthodes qui permettent d’éviter l’infection du conjoint ou la surinfection et vivre sereinement sa vie de couple.o

Frédéric ILBOUDO


La pauvreté, le plus grand ennemi

La pauvreté est un terrain fertile pour le SIDA. L’indigence des personnes infectées et affectées permet à la maladie de mieux s’installer et prospérer d’autant que celles-ci manquent de moyens financiers pour faire face aux dépenses pour les soins et leur entretien en général (alimentation adéquate notamment). D’où la nécessité d’un accompagnement par des institutions et associations.

« Je préfère encore être riche et malade du SIDA que pauvre. Parce que là, tu supportes une double humiliation. » Nous confie Saïdou un jeune de 30 ans affecté par la maladie. Il conduit régulièrement son père dans une structure associative pour ses soins. Pour lui si les produits contre la maladie n’étaient pas gratuits, il y a longtemps que son père serait décédé. « Face à cette maladie, la pauvreté n’a pas de place. C’est une maladie de riches parce qu’elle demande un régime particulier, une hygiène particulière que nous les pauvres ne pouvons pas assurer » soutient-il. Cette situation de pauvreté des victimes du SIDA est réelle. Pendant que beaucoup meurent ou se meurent en silence, souvent complètement rejetés par leur entourage, ceux qui ont l’information et le courage de s’y référer se font assister par les associations qui oeuvrent dans l’accompagnement et la prise en charge des personnes affectées et infectées.

Comme l’affirme un responsable d’association basée à Ouagadougou, « la majorité de ceux qui fréquentent les associations et les structures sanitaires sont ceux qui sont indigents et qui souffrent de la maladie. Ceux qui ont les moyens sont traités et assistés à domicile en toute discrétion. » La situation est d’autant plus critique que ces différentes associations ont des moyens limités qui ne permettent pas cette assistance souhaitée. Aussi, pour donner plus de dignité aux personnes infectées et surtout aux couples afin que la maladie ne soit pas une cause de divorce, M BARRO de l’association « Espoir et Vie » lance cet appel : « il faut que les partenaires nous aident davantage dans le soutien des patients. Il faut qu’on les appuie avec des activités génératrices de revenus plus conséquentes qui puissent leur donner une indépendance et une autonomie financières vis-à-vis de leurs parents et de leur entourage. C’est un moyen de lutte contre les stigmatisations. Nous sommes certains que plus les personnes infectées seront indépendantes financièrement, plus elles auront le respect, plus les stigmatisations disparaîtront…. »

Et pourtant raidissement financier chez les bailleurs de fonds !

Cela est indéniable, la personne infectée, prend plus d’assurance lorsqu’elle est financièrement autonome. Justement pour soutenir certains couples en difficultés financières, l’association « Espoir et Vie » a confié à des dames, dont Mme TRAORE, les travaux de nettoyage et d’entretien des locaux de l’association. « Ce que je gagne par mois n’est pas consistant, mais ça me permet de m’épanouir. Quand je touche mon salaire, je suis fière parce que c’est la sueur de mon front. » Nous raconte cette dernière qui traduit ainsi les sentiments et préoccupations de gens qui sont dans sa situation. Ces propos, il faut le souhaiter, devront interpeller les consciences au moment où les ressources pour le soutien et l’aide aux personnes infectées et affectées par le VIH se raréfient. En effet, au dernier sommet de Vienne, en Autriche, les bailleurs de fonds ont serré encore plus le cordon de la bourse.

Une attitude qui ne pourra que créer des désagréments dans un univers où les besoins sont énormes. Il faut dire que si des structures comme le PAMAC (Programme d’appui au monde associatif et communautaire) n’auront pas de mal à expliquer à leurs partenaires que sont les structures d’accompagnement et de prise en charge comme l’association « Espoir et Vie » que la situation financière est au rouge, M. BARRO, lui, aura du mal à expliquer au couple TRAORE, à Paul et Valérie, à Issouf et sa femme, et même à la petite R, fille du couple TRAORE, qu’il n’y a plus de quoi leur assurer la relative quiétude qu’ils vivaient jusqu’à présent.
C’est vrai, « Espoir et Vie » ne pourra plus, dans un futur proche leur assurer le repas communautaire qui contribuait à restaurer leur dignité d’humain. Comment affronter le regard de ces personnes souffrantes qui ne comptent que sur vous ? Un dilemme pour M. BARRO et tous ces responsables de structures et associations de prise en charge de personnes affectées et infectées du VIH/SIDA.

Comme tous les couples faisant face à des défis spéciaux, les couples sérodiscordants doivent trouver des moyens pour vivre aussi normalement que possible. Bien entendu, ce qui est « normal » pour un couple pourrait ne pas convenir à un autre. Chaque couple sérodiscordant est unique et l’amour que chaque membre porte pour l’autre est déterminant pour la survie du couple. Chacun doit mettre son amour et son attraction à contribution afin de jouir d’une relation saine. Paul et Valérie, Issouf et Maïmouna, les TRAORE, ainsi que les SIDIBE etc. ne demandent qu’à vivre leur amour. Un amour qui résiste au VIH/SIDA mais que les regards des autres peuvent réduire à néant.o

Frédéric ILBOUDO


Dr Issa SIRIBIE, Médecin Généraliste : « Le VIH est une maladie chronique comme le diabète … »

Le Dr Issa SIRIBIE est médecin généraliste, moniteur d’étude clinique au projet MONOD du Centre de Recherche International pour la Santé (CRIS) de l’Université de Ouagadougou, et anciennement médecin clinicien dans un projet de suivi des femmes infectées par le VIH dans le cadre de la prévention mère-enfant et parallèlement médecin chef du centre médical de l’association « Espoir et vie » pour le suivi des personnes infectées par le VIH. Nous l’avons rencontré pour qu’il nous donne un avis médical sur les couples sérodifférents. Entre autres sujets, la vie sexuelle des couples sérodifférents, les risques d’infection dans le couple, la procréation etc., ont été au centre de l’entretien que cet homme d’expérience a bien voulu nous accorder.

Comment se fait la prise en charge médicale d’une personne infectée par le VIH/SIDA ?

Sur le plan médical, la prise en charge se fait à deux niveaux. On a le traitement par les ARV, et le traitement pour la prévention des infections opportunistes. Dans le cas du VIH, il y a ce qu’on appelle « le taux de CD4 » que je vais définir en terme simple. Quand une personne est infectée par le VIH, les cellules de défense de l’organisme sont affaiblies par le virus. Quand on reçoit une personne infectée par le VIH, on essaie de doser ces cellules pour voir leur quantité dans le sang. Est-ce que ces cellules sont capables de défendre la personne infectée ? Est-ce qu’on a besoin de donner des médicaments pour aider cette personne à lutter contre la maladie ? Alors quand on dose ces cellules et qu’elles sont supérieures à 350, cela suppose que l’organisme est à même de se défendre contre l’infection. A partir de ce moment, cette personne est suivie régulièrement et on lui donne des médicaments pour éviter les infections opportunistes.

Mais lorsqu’on dose ces cellules et qu’on se rend compte qu’elles sont inférieures à 350, cela suppose que l’organisme aura des difficultés pour résister à la maladie, il faut immédiatement le mettre sous ARV. Ce nombre a été augmenté par l’OMS (Organisation mondiale de la Santé), il y a environ une année de cela. Avant, le nombre de CD4 était évalué à 200. Quand c’était inférieur à 200, on traitait la personne infectée, mais on s’est rendu compte que c’est un peu tard. Egale à 200 cela veut dire que la maladie a fait beaucoup de chemin donc ce n’était pas bon alors on est monté jusqu’à 350. A ce niveau, la personne a beaucoup de cellules pour se défendre et lorsqu’on lui donne les médicaments, elle peut faire face à la maladie.

Mais dans le couple où l’un des conjoints est séronégatif comment se fait l’accompagnement ?

Bien, c’est ce qu’on appelle dans le jargon médical un couple sérodiscordant, mais ce qui sied le mieux, c’est la dénomination de « couple sérodiagnostic ». Le Couple sérodifférent veut dire qu’il y a une personne dans le couple qui est infectée par le VIH et l’autre qui ne l’est pas. Vous savez que le VIH jusqu’aujourd’hui, est un sujet tabou et ce n’est pas toujours évident pour les personnes infectées de faire face aux stigmatisations. Si on reçoit un homme ou une femme infecté par le VIH, il est important pour nous de savoir si le conjoint est informé. Mais en général, c’est non. Si le conjoint est informé, c’est la meilleure des situations. Alors, nous discutons avec lui afin de lui donner toutes les informations sur le VIH. Mieux, on lui propose le test de dépistage. Aujourd’hui, tout le monde pense que le VIH est exclusivement lié au sexe.

Ce qui crée beaucoup de difficultés. Quand quelqu’un est infecté, on a tendance à croire que la personne n’a pas une vie saine. On peut avoir une vie saine et être infecté par le VIH. Il y a beaucoup de voies de transmission du VIH. Si après le test, le conjoint est positif, il rentre dans le cadre du suivi des personnes infectées. S’il est négatif, on met le plan councelling en marche. Dans les couples sérodifférents, il y a des conjoints séronégatifs qui acceptent la sérologie de leur conjoint. D’autres refusent et commencent les récriminations envers leur conjoint. Nous disons que ce n’est pas ça la solution, car le conjoint infecté a besoin du soutien de son partenaire. Il a été démontré que lorsque la personne informée a le soutien de son conjoint, ça lui donne du baume au cœur et ça l’aide à faire face à la maladie.

En plus de ce suivi, y a-t-il des conseils particuliers que vous donnez aux couples sérodifférents pour éviter les infections ?

Oui, nous donnons de nombreux conseils aux couples qui vivent de telles situations. Ce sont des couples qui ne doivent plus jamais avoir de rapports sexuels sans préservatif. C’est la seule garantie pour ne pas être infecté. Seulement, dans ce genre de couples, la difficulté majeure se situe au niveau de la procréation. A ce jour, il y a des possibilités pour aider les couples sérodifférents à avoir des enfants, s’ils respectent un certain nombre de précautions médicales.

N’est-ce pas un suicide que de ne pas respecter les prescriptions médicales du genre : pas de rapports sexuels sans préservatif ?

Nous en tant que personnel médical, notre rôle c’est de donner l’information juste aux couples. Quels sont les risques que le conjoint non infecté court ? On leur donne toutes les informations nécessaires et importantes. Ils savent ce qu’il faut faire pour ne pas être infectés. Maintenant, c’est un problème de couple et c’est au couple de décider d’appliquer ou pas les conseils que nous prescrivons. En tant que personnel médical, notre travail se limite aux soins et aux conseils. Il y a une barrière que nous ne pouvons pas franchir et rentrer dans l’intimité absolue des couples.

Vous venez évoquer le cas de transmission mère-enfant. Quels sont les risques que court le bébé au cas où la mère est infectée ?

Aujourd’hui, l’un des combats de l’OMS, du personnel médical, c’est d’éviter qu’on ait des enfants qui naissent avec le VIH. Si fait que dans pratiquement tous les pays, il y a un programme qui existe qu’on appelle Programme prévention de la transmission mère-enfant (PPTME). Si je fais un petit repicapitulatif, l’enfant peut être infecté en trois phases : pendant la grossesse, au moment de l’accouchement, et au cours de l’allaitement. Aujourd’hui, le programme PPTME agit sur ces trois phases. Il y a des médicaments que la femme prend lorsqu’elle est enceinte, d’autres au moment de l’accouchement et, pendant l’allaitement, il y a encore des médicaments que l’enfant-même peut prendre, et tout cela contribue à diminuer le risque de transmission.

Il n’y a pas de risque zéro ?

Il n’y a pas de risque zéro. Mais avec une femme qui respecte scrupuleusement la prescription, on a un taux de succès très élevé. Cependant, il y a toujours d’autres facteurs à prendre en compte qui font qu’il n’y a pas de risque zéro.

Quelle explication pouvez-vous donner dans le cas où une mère infectée et suivie met au monde des enfants infectés ?

Une femme, qui a échappé au programme PTME, peut infecter son enfant si elle ne le savait pas. Mais lorsqu’elle le sait, elle met toute son affection pour que son enfant ne soit pas infecté. Il ne faut pas non plus qu’on se voile la face, il y a un gros problème, c’est au niveau de l’allaitement. En Afrique, l’allaitement pour une mère, c’est ce qu’il y a de plus précieux. Toute mère veut le contact et la chaleur de son enfant par le biais de l’allaitement. Au de-là de cette vérité, il y a aussi que le lait artificiel a un coût et toutes les mères ne sont pas capables de l’offrir à leur bébé. Dans le programme PTME, on permet à la femme d’allaiter, et en même temps, de prendre des médicaments pour protéger l’enfant au cours de l’allaitement. Il faut dire aussi que le programme PTME est effectif dans notre pays depuis 2002-2003, si j’ai bonne mémoire, et donc des enfants nés de parents sérodifférents avant cette période peuvent être infectés parce que la maman n’ayant pas été prise en charge par le programme.

Au Burkina, la seule voie de procréation reste pour l’heure, la voie naturelle. Pensez-vous qu’on puisse proposer aux couples sérodifférents une autre voie ?

Actuellement, lorsqu’un couple sérodifférent décide d’avoir un enfant, il ne faut pas faire dans la langue de bois ; il faut être honnête avec le couple et lui dire qu’il n’y a pas de risque zéro. Le couple sérodifférent ne peut en aucun cas avoir des rapports sexuels non protégés parce qu’il veut avoir un enfant et en même temps, penser que l’infection est impossible. On ne peut pas conseiller à un couple de choisir la période de fécondité et d’avoir des rapports sexuels non protégés, et dire que la probabilité de s’infecter est nulle. Il faut être sincère avec les couples, il est très difficile dans notre contexte actuel pour les couples sérodifférents de procréer sans risque d’infection. Ce qui est préconisé d’ailleurs, c’est l’insémination. Si je ne m’abuse, il y a une clinique à Ouagadougou qui a un plateau technique qui peut aider les couples pour l’insémination.

La loi n’interdit donc pas l’insémination, mais c’est une question de moyens ?

La loi n’interdit pas l’insémination au Burkina, mais c’est une question de moyens des couples. Il y a de petites techniques qu’on a, qui ne marchent pas à 100%, qui peuvent aider les couples et suppléer le manque de moyens pour l’insémination. C’est l’occasion pour moi de le dire dans votre journal. Je vais utiliser un langage simple pour que les gens comprennent. Il y a deux méthodes qui sont utilisées. La première méthode : l’homme porte un préservatif, après l’éjaculation, on utilise une seringue sans l’aiguille pour prélever le sperme que la femme introduit dans le vagin. Il y a des couples qui ont essayé et ont eu des résultats positifs. Mais nous n’avons pas à l’étape actuelle, une étude scientifique qui démontre que ça marche. Deuxième méthode : l’homme enlève le préservatif et la femme utilise l’éjaculat qu’elle introduit dans le vagin en faisant un orifice. Toutes ces deux méthodes sont faisables à la seule condition que l’homme soit séronégatif. Si c’est l’homme qui est séropositif, cette condition devient caduque parce que le virus est contenu dans le sperme et si la femme le fait, elle sera infectée. On utilise ces deux techniques rudimentaires que j’ai citées plus haut lorsque c’est la femme qui est séropositive.

Et pour l’insémination artificielle, est-ce possible au cas où c’est l’homme qui est séropositif ?

Je crois que dans ce cas de figure, les cliniques qui le font doivent disposer de techniques pour pouvoir aider ce genre de couple à procréer sans que l’enfant ne soit atteint.

Pensez-vous, Docteur, que les couples sérodifférents doivent procréer surtout avec tous les risques que cela comporte et pour le couple et pour la progéniture ?

C’est vrai qu’il y a des risques pour les couples sérodifférents de procréer. Mais dire aujourd’hui à un couple sérodiscordant de ne pas avoir d’enfant, ce n’est pas indiqué. Non, au contraire, il faut que les couples sérodiscordants sentent qu’ils sont comme les autres. Et ils sont vraiment comme les autres. Ils ne sont pas différents des autres couples. La seule différence, c’est que la grossesse a besoin, comme les autres grossesses même d’ailleurs, d’être suivie. Je veux dire qu’une femme n’a pas besoin d’être infectée par le VIH pour avoir un suivi scrupuleux de sa grossesse. Mais dans le cas de la femme séropositive, la différence c’est que les consultations prénatales sont encore plus renforcées.

Autre chose à ajouter Docteur pour finir cet entretien ?

C’est vous dire merci et merci à mon premier responsable, le Dr Nicolas MEDA, qui m’a donné l’opportunité de répondre à vos questions. Pour finir, je dirai qu’il faut que la société comprenne que le VIH n’est pas une fatalité. Il faut que la société comprenne que de nos jours, on ne meurt plus du VIH. Il faut que notre société comprenne que le VIH en Occident, est rentré dans le même registre que les maladies chroniques. Les maladies chroniques, ce sont des maladies qui nécessitent un traitement à vie. Vous avec comme exemples le diabète, l’hypertension artérielle etc. Chez nous, en Afrique, et particulièrement au Burkina, cela est en train de devenir une réalité parce que tous les patients dépistés tôt, je le répète tous les patients dépistés tôt qui viennent en suivi régulier, ont un taux de survie superposable à celui de quelqu’un qui n’est pas infecté. o

Frédéric ILBOUDO


Athanase NIKIEMA, Psychologue : « Par amour, on peut se laisser infecter par le VIH/SIDA »

Dans la lutte contre le VIH/SIDA, la prise en charge psychologique est fondamentale. Elle aide la personne infectée ou affectée à assumer la situation nouvelle et d’en vivre avec. Nous avons voulu savoir comment se fait le travail de motivation et d’accompagnement psychologique de la personne infectée ou du couple sérodiscordant. M. Athanase NIKIEMA, psychologue et coordonnateur national de l’ONG américain spécialisé dans le renforcement des capacités des organisations à base communautaire qui interviennent essentiellement dans le cadre de la lutte contre le VIH/SIDA, a accepté nous en parler. Homme à multiples facettes : consultant assistant pays pour les campagnes des OMD (Objectifs du millénaire pour le développement) auprès du PNUD, de la société civile et de l’Etat, cet homme est pétri d’expériences pour avoir accompagné plusieurs associations et partant des personnes infectées et affectées par le VIH/ SIDA. Lisez plutôt !

Comment se fait la prise en charge psychologique d’une personne infectée par le VIH/ SIDA ?

Il faut d’emblée dire que la prise en charge psychologique des PV/VIH commence dès lors que l’intéressé est au courant de son infection. Comme vous le savez, en psychologie, on ne court pas derrière le patient ; même si on sent qu’il a besoin d’un appui psychologique, ce n’est pas du ressort du psy de l’approcher. Il faut que le patient manifeste le besoin, ou bien qu’un parent du patient le convainc d’approcher un psy. Dès lors que le patient approche le psy, il s’agit alors pour le spécialiste de voir à quel niveau d’évolution se trouve la disposition psychologique du patient. Vous avez des gens qui viennent vers les psys dès qu’ils ont fait le test et qu’il s’est révélé positif. Donc le stress qui suit, immédiatement dès la découverte du résultat, est une situation qui peut aggraver ou précipiter l’évolution du mal de l’individu vers une phase maladie. La prise en charge va consister à l’aider, à faire disparaître ce stress.

Et dès lors que ce stress disparaît, et que l’intéressé supporte mieux sa nouvelle situation, et qu’il l’a surtout intériorisée, parce qu’il faut d’abord l’amener à accepter et à intérioriser parce que, tant qu’il ne l’a pas acceptée et intériorisée, il ne peut pas vivre avec. Ça c’est l’une des catégories d’individus.

Vous avez également des clients qui viennent parce qu’ils dénient la réalité. Vous avez ce qu’on appelle en psychologie le déni de la réalité : il est infecté, mais il refuse d’accepter qu’il est infecté. Quand vous discutez avec lui, ce n’est pas qu’il n’en est pas persuadé, il est même persuadé qu’il est infecté, mais il ne veut pas accepter lui-même cette nouvelle situation. Il ne voudra donc pas en parler avec quelqu’un, il va vouloir tout garder pour lui-même car même au sein de sa famille, il n’en parlera pas. Pas même avec sa conjointe ou son conjoint, ni avec un quelconque partenaire. Certains d’entre eux l’expliquent par la peur de la stigmatisation, ou bien de la discrimination, ce qui peut être vrai. Mais pour beaucoup, c’est le fait que, eux-mêmes n’ont pas encore accepté totalement leur situation. Il sait qu’il est séropositif, mais son inconscient, n’a pas encore inclu cette réalité.

Vous avez une autre catégorie de personnes qui acceptent de partager l’information avec des tiers donc à des personnes à qui ils font confiance. Ces gens ne rejettent pas le résultat, mais restent dans une certaine peur de ce qui pourrait advenir. Ils ont peur de la mort par exemple, de la souffrance de la phase maladie, et viennent vers le psy parce qu’ils veulent très rapidement contrecarrer cela, aller à une prise en charge médicale. Pour cette catégorie de personnes, quand elles viennent dans une structure de prise en charge, elles vont chez le psy parce que se disant que c’est une porte d’entrée et que le psychologue pourra les aider à ce que le médecin leur prescrive une prise en charge médicale. Tout comme, très généralement d’ailleurs, ce genre de personnes nous sont référées par les médecins.

Maintenant, de façon pratique, comment on procède ?

C’est un vrai parcours de combattant qui peut passer par l’administration d’un test de personnalité pour mieux cerner la personnalité de l’individu et savoir comment l’aider à surmonter la situation. Il n’y a pas de remède passe-partout en psychologie. Il faut d’abord savoir quels sont les différents blocages auxquels l’individu fait face, et ces blocages sont généralement liés à sa personnalité. Mais comme je l’ai dit, c’est l’aider à remonter la pente ce n’est pas à nous de trouver des solutions pour nos patients ou nos clients, nous leur donnons des pistes, et c’est à eux de faire le choix de la solution qui leur convient.

Cette prise en charge est-elle la même dans le cas d’un couple sérodiscordant ?

Lorsque l’on a à faire à un couple sérodifférent, pour la personne infectée, c’est le même procédé que je viens de vous décrire. Mais pour le conjoint non infecté, c’est l’aider, et là par exemple, c’est pour le couple qui était déjà constitué et qui a découvert plus tard la sérodifférence. C’est donc aider l’autre qui n’est pas encore infecté, à mieux comprendre la maladie, à savoir ce qu’est le VIH, comment il se transmet, pour qu’il puisse accepter l’autre malgré cette différence. Il faut travailler à comprendre que, si réellement il y a de l’amour, cela ne devrait pas être une raison pour qu’il y ait dislocation du foyer. Dans ce genre de situation, lorsqu’on amène le conjoint ou la conjointe non infectée à comprendre beaucoup mieux le VIH, généralement on arrive à stabiliser la relation.

Mais quel peut-être le déclic qui amène un individu à accepter la réalité de son infection ?

Cela est tout un processus. Vous aurez des gens qui l’acceptent très rapidement. C’est pourquoi, j’évoquais la question de la personnalité. Vous avez des gens dont la personnalité fait qu’ils acceptent très rapidement la nouvelle situation dans laquelle ils se trouvent. Vous avez des gens qui après l’infection n’ont même pas besoin de prise en charge psychologique. Ils vivent sans aucune difficulté avec leur nouvelle situation. Ceux qui refusent le résultat dès la première minute de l’annonce, ce sont des gens qui généralement se disent sans reproche, qui disent qu’ils ont une vie rangée et donc accepte difficilement l’infection. Il faut alors leur expliquer qu’il y a différents modes de contamination et des fois faire avec eux un retour en arrière. Le mode de contamination le plus connu et là où il y a le plus grand pourcentage d’infection à VIH, c’est la voie sexuelle, mais il n’y a pas que cela. Il y a la voie sanguine qui peut être due au fait que la personne a été en contact avec un objet souillé par du sang contaminé. Il y a aussi la transmission de la mère à l’enfant. Vous avez des gens qui n’ont pas eu de rapports sexuels à risque, qui n’ont pas été en contact avec des objets souillés.

Ce genre de personnes, vous conviendrez avec moi, n’accepteront pas aussi facilement leur situation de personne infectée. Mais lorsqu’on leur rappelle le parcours et le schéma des différents modes de transmission, elles finissent par accepter. Quand on fouille ensemble, quand on refait ce qu’on appelle en psychologie l’anamnèse (c’est l’histoire de l’intéressé depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte), l’intéressé finit par se rappeler de certaines situations d’exposition au risque d’infection au VIH et dès lors qu’il se rend compte de cela, il commence à être beaucoup plus raisonnable et à accepter sa situation ; on peut appeler cela le déclic. Pour d’autre, le déclic vient par analogie. Le fait de leur raconter un témoignage, sur quelqu’un d’autre qui leur est similaire, ou bien le fait pour eux-mêmes de rencontrer quelqu’un d’autre qu’ils estiment plus ou moins supérieur à eux et qui est infecté, fait que, eux aussi, ils se disent : si telle personne est infectée, c’est que pour moi c’est normal.

Et combien de temps cela peut prendre avant que la personne accepte sa nouvelle situation ?

Cela dépend de la personnalité. Et quand je parle de personnalité, ce n’est pas la personnalité politique ou médiatique, etc. Non, en psychologie, la personnalité, c’est ce qui distingue un individu d’un autre, qui fait qu’il est un individu à part entière. Et cela, du point de vue de son fonctionnement mental et psychologique. En fonction de la personnalité de l’individu, ça peut aller très vite comme ça peut traîner des semaines, des mois, voire des années.

Pensez-vous que la foi en Dieu joue un rôle dans l’acceptation de la situation que l’on soit dans un couple ou pas ?

Oui ! Je dis oui sur la base d’expérience. J’ai eu à faire le suivi psychologique de nombre de personnes nouvellement infectées tout comme des gens déjà dans la phase maladie, et j’ai également eu connaissance de nombreux couples sérodifférents, dans le mariage comme avant le mariage et qui se sont acceptés qui vivent ensemble. Là-dessus, je dois dire que la foi en Dieu est un appui pour ces gens-là. Il y en a qui citent des versets bibliques et je crois qu’il y a un verset en CORINTHIEN qui dit que l’amour accepte tout, il endure tout, il pardonne tout… et nombre de couples font référence à ce verset pour dire qu’ils aiment et c’est ça l’essentiel. Pour eux, c’est un signe d’amour que d’accepter vivre avec l’intéressé malgré son infection par le VIH.

L’amour agit-il vraiment ?

C’est vrai que dans la plupart des cas, les gens invoquent la foi et estiment que c’est la volonté de Dieu. Mais vous avez aussi des gens qui, même sans avoir un repère d’une quelconque religion, sur la base de l’amour, décident de rester avec leur conjoint ou conjointe. L’amour est un sentiment très difficile à définir. Chacun va à l’amour à sa façon. Certains, quand ils vous décrivent à quel point ils aiment leur moitié, cela seul suffit pour qu’ils vivent avec lui ou elle sans autre forme de considération. En psychologie, nous prêtons plus attention aux dispositions inconscientes qu’aux dispositions conscientes. C’est pourquoi, quand vous discutez avec ces personnes-là, non seulement ils ne savent pas pourquoi ils aiment mais ils aiment un point c’est tout. Tout ce qui porte sur l’affectivité, le sentiment, a une base inconsciente. Il y a des situations inconscientes qui nous fixent sur telle personne et pas telle autre. Nous n’en avons pas conscience.

Quand on nous demande pourquoi nous aimons, nous donnons des raisons. Mais en vérité, ce sont des raisons conscientes. C’est ce que nous pensions être les raisons. Mais les vraies raisons sont ailleurs. Je crois que Freud dit que l’individu de sexe masculin est généralement porté à aimer une femme qui porte les mêmes traits ou en tout cas, au moins un trait ressemblant de sa mère. A l’inverse aussi, la personne de sexe féminin va aimer une personne qui porte au moins un trait ressemblant de son père et, souvent, il ou elle n’en a même pas conscience.

Et la pitié ? Joue-t-elle un rôle dans l’acceptation du conjoint ou de la conjointe dans le couple sérodiscordant ?

Vous savez, pour qu’il y ait de la pitié, il faut d’abord de l’amour. On ne peut pas avoir de la pitié pour quelqu’un tant qu’on ne ressent pas quelque chose pour la personne.

Pourtant certains pensent plutôt que c’est plus du suicide sinon de l’immaturité que de rester dans un couple sérodifférent avec le risque de s’infecter soit-même. Votre avis ?

J’ai rencontré des gens qui m’ont dit que l’amour qu’ils portent pour l’autre, même s’ils devaient être infectés, ça ne leur posait pas de problème. Le plus important, c’est de vivre avec cette personne. J’ai aidé des gens qui, dans leur couple, malgré le fait que la conjointe fait tout pour ne pas infecter monsieur, par amour, monsieur s’est laissé infecter par le VIH parce qu’il ne supportait pas le fait que ce soit son épouse qui supporte seule le poids de l’infection. C’est pour vous dire jusqu’où peut aller l’amour sincère et véritable. C’est un sentiment puissant qu’on ne peut pas expliquer simplement par des mots.

Est-il normal que dans le couple, l’un ou l’autre des conjoints veuille connaître l’origine de l’infection ?

Très généralement, je le déconseille au couple sérodiscordant, et même à la personne infectée elle-même. Dans la prise en charge psychologique du client, nous demandons à la personne de ne pas chercher à savoir qui l’a infecté. Ni comment elle a été infectée, encore moins à quelle occasion l’infection a pu survenir. C’est un processus qui aide la personne à dépasser un certain nombre de choses. Ce n’est pas mal de le savoir. Vous pouvez faire une introspection et arriver à savoir au détail près, le jour et la personne qui vous a infecté. Dans les couples sérodifférents, nous conseillons au conjoint non infecté de ne pas trop insister pour savoir d’où est venue l’infection.

Quand c’est l’homme qui est infecté, c’est beaucoup plus facile de gérer la sérodifférence. Mais quand c’est la femme qui est infectée c’est tout autre. Comme vous le savez, nous sommes dans des milieux culturels où cela est inacceptable. L’homme n’accepte pas ce genre de situation, alors que la femme est psychologiquement préparée au fait que son homme peut aller voir ailleurs. Mais l’homme n’est pas psychologiquement préparé aux écarts que pouvait avoir sa conjointe. Cependant, il y a des cas où des hommes ont fait preuve de maturité et ont accepté la nouvelle situation de leur conjointe en restant avec elle. Et même aller à la procréation.

Des conseils particuliers pour ceux qui ne connaîtraient pas l’aide psychologique qu’on peut leur apporter pour surmonter les difficultés ?
Il faut dire qu’au Burkina, la psychologie est très mal connue, si bien que la prise en charge psychologique en matière de VIH/ SIDA l’est encore moins. La suggestion que moi je donnerais c’est que lorsque des gens se trouvent dans cette situation où que vous avez des parents, des amis, etc. qui vivent une telle situation, ce serait intéressant d’approcher les structures qui font la prise en charge des PV/VIH et ces structures verront comment ils peuvent être mis en contact avec des psychologues. Dès que ce contact est établi, le reste se fera entre le client et le psy. Mais comme j’ai dit au début, la décision revient à l’intéressé. Nous, nous ne trouvons pas la solution ; nous proposons des solutions, et c’est à l’intéressé d’en choisir celle qui lui convient en fonction de la situation qu’il vit.

Parce que d’une situation à une autre, les solutions ne sont pas passe-partout et une solution n’est pas applicable à tous les couples. Pour terminer, je dirai que nous n’encourageons pas les intéressés à aller à une union, quand ils se savent sérodifférents, mais nous ne les en dissuadons pas non plus. Nous donnons tout simplement un avis éclairé et il leur appartient de prendre la décision. Si la décision est de vivre ensemble, c’est tant mieux, mais si la décision est de ne pas vivre ensemble, c’est tant mieux aussi. En amour, il ne faut jamais forcer la situation, il faut plutôt chercher la communication, le dialogue, chercher des gens qui peuvent vous accompagner, vous aider à avoir une compréhension mutuelle.o

Frédéric ILBOUDO

L’Opinion

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 21 septembre 2010 à 07:06, par Inoussa verite En réponse à : VIH/ SIDA : Dans l’intimité d’un couple sérodifférent

    felicitation à l’opinion pour son travail de fond sur le SIDA. vous nous avez fait decouvrir certains aspects ( surtout psycho sociologiques) de la maladie.Mais il ya des aspects tres disterbants qui m’ont quelque peu mortifié. Je salue le courage des couples serodiscordants à reprendre gout à la vie. ils y ont droit ; mais je suis un peu perplexe lorsque ces couples decident de faire des enfants qui risquent de porter un fardeaux toute leur vie sans en etre responsable.Pire, ce que je trouve irresponsable c’est le Polygamme Issouf qui egoistement va propager la maladie à sa premiere épouse à partir de la seconde (Maimouna) qui elle est seropositive.

  • Le 21 septembre 2010 à 09:52 En réponse à : VIH/ SIDA : Dans l’intimité d’un couple sérodifférent

    Bonjour,
    voici un article qui permet de comprendre que certaines personnes vont au dela des préjugés et des critiques vis à vis du sida, je souhaite à tous ces couples beaucoup de courage car la bataille est longue, le plus important c’est le dialogue, la confinace en son partenaire, et surtout surtout l’amour.

  • Le 21 septembre 2010 à 10:58, par HONO En réponse à : VIH/ SIDA : Dans l’intimité d’un couple sérodifférent

    L’amour pour les enfants doit être le plus fort. Nous ne devons pas exposer la vie des enfants en les mettant au monde s’il y’a risque de contamination.
    Notre souffrance physique et morale ne doit pas être léguée à de pauvres innocents.
    Ayons donc un comportement responsable en ne mettant pas la vie de nos enfants sciemment en jeu.
    La famille Traoré doit penser à cela. La souffrance de leur enfant doit les faire réfléchir. Ils doivent à mon humble avis éviter de faire souffrir d’autres enfants en les mettant au monde.
    Et puis Madame Traoré doit se ménager.
    Félicitations quand même pour ce couple hors du commun.

  • Le 21 septembre 2010 à 11:03 En réponse à : VIH/ SIDA : Dans l’intimité d’un couple sérodifférent

    Félicitations Frédéric, travail sérieux. Un tel article mérite d’être publié dans un bon journal. Tu fais du bon travail mais l’Opinion n’est pas la bonne tribune pour faire voir tes écrits. Ton boulot dépasse ça...

  • Le 21 septembre 2010 à 12:09 En réponse à : VIH/ SIDA : Dans l’intimité d’un couple sérodifférent

    Felicitation pour cet article, tres bien ecrit et qui couvre beaucoup de domaines liés au SIDA. Par contre il faut regretter que les statistiques ne soient pas plus actuelles,certaines datant de 2005. mais ca donne un panorama assez complet sur le VIH dans notre pays...

  • Le 21 septembre 2010 à 12:18, par Le Burkinabè En réponse à : VIH/ SIDA : Dans l’intimité d’un couple sérodifférent

    salut cher ami.un travail bien fouillé et bien mené aussi.Il donne effectivement une idée sur la vie des couples dont l’épouse ou l’époux est inffecté(e).ce que beaucoup ignorent.Cependant le cas des Traoré fait peur malgré l’amour qu’il y a dans le couple.doit-il continuer à procreer alors que la femme est infectéé ?ne va-il pas fragiliser encore plus la santé de la femme ?ce sont des questions que je me pose.

  • Le 21 septembre 2010 à 13:06, par Djib En réponse à : VIH/ SIDA : Dans l’intimité d’un couple sérodifférent

    Je voudrais tout simplement et sincèrement remercier M.IlBOUDO Frédéric d’avoir songé a écrire cet article. J’ai été impressionné par la qualité et la pertinence du thème abordé. il faut simplement dire que l’oeuvre est complet, et toutes les informations qui y figurent apportent quelque peu des reponses aux questions que bon nombre de couples serodifférents se posent dans l’ombre. Sans etre dans le secret des dieux, je peux pense avec conviction que votre article apportera le sourire aux lèvres désséchées de plusieurs couples qui, par peur des regards, des qu’en dira-t-on, souffrent et se consument dans le secret. En tout cas merci Frédéric et merci à toutes ces personnes qui ont témoigné et donné des conseils. Beaucoup de personnes retrouveront le bonheur et le sens de la vie grace à votre article.

  • Le 21 septembre 2010 à 14:00, par hamza En réponse à : VIH/ SIDA : Dans l’intimité d’un couple sérodifférent

    bon travail, félicitations à Frédéric et à l’opinion,du courage
    en toute confraternité

  • Le 21 septembre 2010 à 17:51, par MCG En réponse à : VIH/ SIDA : Dans l’intimité d’un couple sérodifférent

    Bravo pour cet article bien détaillé.Je rejoins ceux qui s’inquiètent pour les enfants d’un parent séropositif. Pourquoi ne pas en adopter alors,il y a tellement d’enfants sans parents,un enfant c’est un enfant.
    J’ai personnellement mis au monde 4 enfants,puis j’en ai adopté un d’une autre race.Il a été chouchouté par toute la famille et maintenant qu’il est un homme et a réussi professionnellement,il est très proche de moi sa maman adoptive (plus que mes enfants naturels).
    Un enfant,c’est un cadeau de Dieu,tout enfant a droit à être aimé et avoir toutes les chances de réussir dans la vie,alors pourquoi ne pas en adopter ?

  • Le 21 septembre 2010 à 23:01, par Youp youp En réponse à : VIH/ SIDA : Dans l’intimité d’un couple sérodifférent

    Merci pour l’article qui couvre assez bien cette problematique, il serait neamoins bien de penser a soigner le style d’ecriture. Je trouve l’attitude de M TRAORE irresponsable car continuant a avoir des rspports sexuels non protegees avec sa femme et en plus il veut une famille elargie. A ce que j’ai lu, le couple TRAORE n’est pas du tout un couple aisee, ils carracolent alors pourquoi chercher a avoir une famille large dans des conditions ou ils ne peuvent survenir qu’a leur besoin minimum et en plus d’une serodifference qu’ils doivent gerer.

  • Le 22 septembre 2010 à 02:04, par KELMENDI Ali En réponse à : VIH/ SIDA : Dans l’intimité d’un couple sérodifférent

    C’est rare que je le dise concernant ce "journal" que je lis régulièrement mais là je dois dire avec force que ce monsieur a produit un excellent article : l’information, l’analyse objective, l’émotion etc tout y est. Je signale que je ne suis pas journaliste mais ce sont ces éléments que le profane en matière de journalisme que je suis recherche quand il lit un article.

    Sur le contenu j’ai appris plein de chose mais je me suis renforcé davantage dans la conviction que l’éducation et la santé doivent devenir plus que jamais des priorités absolues. Pour moi tout n’est pas prioritaire. Cela au regard de la situation économique globale. Je ne suis pas un partisan de la propriétés privée des moyens de productions mais si on doit en arriver là il faut préparer le terrain à ça (en installant par exemple des habitudes sanitaires dans la population) et ça on ne peut pas le confier au privé. Comment peut-on convaincre un couple de ne pas faire d’enfant parce qu’un des conjoint est malade ? Je ne sais pas. C’est certainement possible mais j’estime qu’il faut plutôt vulgariser les technologies évoquées dans le reportage et qui sont dans des cliniques inaccessibles aux masses laborieuses. Mais à Ouaga 2000 les préoccupations sont différentes puisque ce problème n’en est pas un là-bas.

    Tout en félicitant les associations qui œuvrent dans le domaine de l’aide au PV-VIH, je souhaite qu’elles intègrent dans leur combat la demande d’un engagement véritable de l’État qui va les décharger ou les associer autrement. Leurs actions quoique salutaires sont des actions sporadiques et à la survie aléatoire. Par contre comme l’État par principe n’est jamais incapable il peut mieux s’en occuper, s’il s’en donne les moyens.

    Courage et résistance active à tous les amis qui sont atteints par ce mal, on est ensemble parce que tout le monde est malade au Faso ; ce sont nos maux qui diffèrent c’est tout.

    KELMENDI A.

  • Le 25 avril 2014 à 15:55, par Alexio En réponse à : VIH/ SIDA : Dans l’intimité d’un couple sérodifférent

    Mon Professeur devrait spesifier les rapports sexuels en soulevant un tabou comme la Bixesualite et L homosexualite exposent ces pratiques a linfection du VIH.L infection de la mere a l enfant peut se prevenir par la subtitution du lait maternelle. Comme on le voit dans beaucoup de pays europeens. La pauvrete des menages burkinabe est un facteur de resistance pour maitriser et la mise sous controle de cette maladie.

  • Le 31 décembre 2014 à 07:15, par Edeika En réponse à : VIH/ SIDA : Dans l’intimité d’un couple sérodifférent

    Bonjour chers frères et sœurs, il ne est plus une rumeur selon laquelle Herboriste Anthony Odia ont le remède pour le virus mortel du VIH / de sida. Une fois que je étais une victime de ce virus jusqu’à ce que je suis tombé sur un commentaire par Dame Mme Angela Freeman sur la façon dont le Dr Anthony elle et son mari guéri du virus, avant que je ai contacté le médecin i confirmé de Mme Angela et elle m’a même envoyé le résultat qu’elle faisait quand elle était positive après avoir reçu des herbes de la Grande Herboriste. Je vous le dis une fois de plus de ne pas hésiter à me contacter par e-mail sur edeikaovudu@gmail.com pour plus d’informations ou communiquez directement avec le médecin afin que vous puissiez recevoir votre propre guérison sans autre perte de temps. Courriel ou appeler le Herboriste Anthony Odia dès que possible avec +2349032913215 maintenant sur odincurahiv@gmail.com ou odincurahiv@outlook.com

  • Le 25 août 2015 à 19:00, par magdala adelson En réponse à : VIH/ SIDA : Dans l’intimité d’un couple sérodifférent

    est ce au cours du premier rapport la personne peut etre infectée

  • Le 9 novembre 2015 à 15:17 En réponse à : VIH/ SIDA : Dans l’intimité d’un couple sérodifférent

    Il sied de noter que la maladie ne se transmet non seulement par voie sexuelle, il y a aussi l’exposition avec le sang (les professionnels de santé, les coiffeurs, les esthéticiens,.....) peuvent aussi tombé victimes de cette maladie, soyez prudent et faites-vous dépistez souvent pour connaitre votre état sérologique et surtout les femmes votre muqueuse vaginal est très très exposé, il faut les protégez soit avec un fémidon et n’ayez pas confiance au partenaire.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique