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Amélioration de la qualité nutritionnelle des Burkinabè : Et si nous plantions des manguiers ?

Publié le mercredi 1er septembre 2010 à 23h07min

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Il y a une forte demande en fruits, principalement en mangues, à Ouagadougou. Mais force est de reconnaître que l’offre ne fait pas le poids devant les quelque deux millions de Ouagalais. Ainsi, malgré les milliers de tonnes de mangues déversées chaque année sur les marchés de la capitale burkinabé, ses habitants ont toujours faim de ce fruit succulent et énergétique originaire d’Asie.

Pendant la saison des mangues en effet, c’est l’effervescence chez les consommateurs et surtout chez les revendeuses de fruits : on se bouscule dès qu’un camion « débouche » du coin en provenance des provinces du Houet ou du Kénédougou ; ou à la vue d’un paysan arrivant au marché de Boinsyaaré, avec ses cartons de mangues bien attachés sur le porte-bagages de son vélo.

Et lorsque la saison des mangues tire vers sa fin, le consommateur fait grise mine, mais délie le cordon de la bourse, quand même, incapable de résister aux délices du fruit magique. En cette période (juin-juillet), les variétés tardives comme celles communément appelées « courouba-courouba » , se vendent à près de 500 FCFA l’unité.

La mangue est riche en fibres, glucides, calcium, potassium, phosphore, magnésium, fer, zinc, cuivre, manganèse et vitamines A, C, B1, B9, etc. Elle peut fournir la totalité de l’apport journalier recommandé en bêta carotène. On peut la transformer en confiture. Outre ses fruits, le manguier nous donne son ombre dense, ses feuilles et son écorce, utilisées dans la pharmacopée traditionnelle.

Les herbivores domestiques raffolent de ses feuilles et son bois est un excellent combustible. Le manguier, qui fait partie de la famille des Anacardiacées, a été introduit en Afrique de l’ouest depuis le XIXe siècle et compte aujourd’hui quelques 600 espèces. Autrefois, les mangues n’étaient disponibles que pendant deux ou trois mois dans l’année. Fort heureusement, l’introduction de nouvelles variétés permet aujourd’hui d’avoir des mangues pendant près de six mois.

Le plateau central pointé du doigt

Tandis qu’à Bobo-Dioulasso ou à Orodara, les manguiers se trouvent partout (dans les cours privés, à la porte et aux alentours des concessions, les établissements scolaires, aux abords des rues, etc.), à Ouagadougou, c’est la course aux fleurs et aux arbres ornementaux. S’il est normal de planter des caïlcédrats, des terminalias et des flamboyants aux abords des belles avenues de la capitale, cette pratique est incompréhensible à l’intérieur des quartiers et des concessions.

Dans les services centraux à Ouagadougou et déconcentrés en province, on s’évertue à maintenir en vie un gazon moribond, des fleurs et des arbres qui pompent « inutilement » les maigres ressources en eau dont dispose ce pays sahélien, sans une véritable contrepartie. Il est vrai que par-ci, par-là, on voit quelques manguiers ou des bananiers dans certains services. Mais cela suffit-il dans un pays où le déficit alimentaire et nutritionnel est criant ? un pays qui a faim a-t’il droit aux au gaspillage sous toutes ses formes ?.

Et la meilleure manière de manger à sa faim, c’est de produire des céréales et des fruits partout où cela est possible, y compris en ville. En Europe même où la nourriture est si abondante, certains n’hésitent pas à produire leurs propres légumes sur des terrasses qui font à peine trois mètres carrés, et des fruits dans leur jardin. Il est vrai que ce n’est pas pour les mêmes raisons.

Le plein de manguiers, d’orangers…

Pourquoi ne pas exhorter chaque Burkinabé à planter des arbres fruitiers tout autour de sa cour et même dans sa cour s’il y a de la place ? On pourrait par exemple décerner le prix du meilleur quartier ou secteur en matière de plantation d’arbres fruitiers. Prenons l’exemple de l’hôpital Yalgado avec ses nombreux caîlcédrats et autres neems ; et si on y avait planté des manguiers, des citronniers, des orangers, etc. Quels bénéfices le personnel et les patients n’en n’auraient-ils pas tirés ?

Pour Adama Ouédraogo, habitant au secteur n°30 à Ouagadougou, il n’est pas question de planter un arbre fruitier devant sa concession : « Si vous le faîtes, vous ne récolterez que des emmerdes, car tout le monde voudra en tirer profit, et c’est de là que viendront les querelles », dit-il. « Sans compter les enfants qui, à longueur de journée, feront pleuvoir des cailloux sur votre toit », ajoute-t-il, riant sous cape.

Un autre voisin, Harouna S., sort précipitamment de sa cour, ayant entendu des bribes de la conversation. « Moi, soutient-il, je suis prêt à planter un manguier, mais dans ma cour, pas dehors ». Puis, il avertit, péremptoire : « Mais de grâce, ne plantez jamais un papayer dans votre concession, parce que cet arbre est mauvais et se déplace la nuit ». Pardonnons à Adama Ouédraogo et à tous ses semblables, car ils ne savent pas ce qu’ils disent. Qu’ils aillent dans la ville de Sya, ils constateront qu’il n’y a pas de querelle autour des arbres fruitiers, car il y en a partout.

Il nous souvient qu’à Bobo-Dioulasso, dans les années 1965, les mangues ordinaires appelées « Noun-djan » (long nez en dioula) ne se vendaient pas ; il y en avait aux abords des rues, dans les écoles, les dispensaires, les lieux de culte, le long du marigot Houet, etc., et chacun pouvait s’en repaître à volonté. C’est la rareté du manguier dans les quartiers qui peut être source de conflits.

Si chacun en possède, qui viendrait importuner qui ? Mieux, les enfants, source présupposée de malentendus autour du manguier, doivent être éduqués dans le sens de l’entretien des arbres et du respect du bien d’autrui ou public. Cela est possible puisque d’autres, ailleurs, l’ont fait. Sommes-nous tout simplement inintelligents ou moins futés que les nations qui ont su inculquer des comportements exemplaires à leur jeunesse ?

Abdoulaye GANDEMA


Le saviez-vous ?

Il y a de cela plusieurs milliers d’années, Bouddha reçut en don d’une courtisane un verger de manguiers pour y méditer et, selon les légendes, pour lui servir de source de revenus lui permettant ainsi de se consacrer à sa voie.

Le manguier aura ainsi tendance à se répandre avec le bouddhisme, atteignant au Ve siècle av. J.-C. la Malaisie puis l’Extrême-Orient. Un pèlerin chinois l’aurait ramené en Chine de son voyage en Inde.

. La mangue est produite dans plus de 80 pays. D’Afrique, les Portugais l’essaimèrent dans le Nouveau monde en commençant par le Brésil… puis la Floride en 1833, la Californie dans les années 1880…

. La production mondiale est estimée à 26,3 millions de tonnes (2004). La mangue est le sixième fruit le plus produit au monde (après la banane, le raisin, l’orange, la pomme et la banane plantain).

. En Inde, la mangue pousse depuis des milliers d’années, souvent à l’état sauvage.

. Le Burkina est l’un des plus gros producteurs de mangues d’Afrique de l’ouest avec plus de 250.000 tonnes par an.

. La mangue est utilisée dans des plats d’origine tropicale ou encore en jus de fruit pour des cocktails exotiques. On peut la transformer en confiture.

Source : Internet

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 2 septembre 2010 à 09:54 En réponse à : Amélioration de la qualité nutritionnelle des Burkinabè : Et si nous plantions des manguiers ?

    Source : Internet Pensez vous que tout ce qui est sur internet est fiable ? il fallait citer le site web.

  • Le 2 septembre 2010 à 09:55, par V&C En réponse à : Amélioration de la qualité nutritionnelle des Burkinabè : Et si nous plantions des manguiers ?

    Mr le journaliste à parfaitement raison. Je me rappel quand j’étais petit un peu après 1990, on venait d’aménager en zone lotit et mon père qui est un amoureux des plantes me fesait creuser les trous. Franchement c’était une torture car mon père les voulait grands et profonds. Nous avions plantés des manguiers et d’autres arbres. Quelques années après nos deux manguiers ont commencé à produire. C’était la grande joie. Des mangues à longueur de journée ; Et un dimanche matin mon père me réveille et me dit "plus d’arbre inutile dans la maison, on vire tous les autres et on les remplace par d’autres variétés de mangues. Ce qui fut fait. Depuis ce temps nous avons 5 manguiers chez nous. Je vous assure que je ne sais pas combien de tonnes de mangues on a ramassé mais j’ai jamais payé des mangues de ma vie. Je bouffe celles de la maison jusqu’à avoir marre. Et tenez vous bien les voisins aussi en profitent et pendant la période des mangues la fréquence des visites chez nous des voisins, parents et amis est élevés. Et cela fait le bonheur de tout le monde. Quand j’ai acheté ma parcelle, je l’ai voulu très grande car j’avais déjà en tête de planter pleins d’arbres fruitiers pour que mes enfants en profitent comme mon père m’a fait profiter.

  • Le 2 septembre 2010 à 10:26, par TZ En réponse à : Amélioration de la qualité nutritionnelle des Burkinabè : Et si nous plantions des manguiers ?

    Je voudrais tirer mon chapeau à ce journaliste. Par son professionnalisme il à pu donner de l’intérêt à un sujet qui à première vue parait banal. Je suis impressionné par l’interdisciplinarité qui est présente dans l’article. En effet, il aborde le sujet à la fois d’un point de vue économique et social. La qualité du français utilisé aussi permet de donner beaucoup de plaisir au lecteur. Par dessus tout, le fait d’appuyer chaque affirmation par des arguments et des exemples est un bon point.
    Par ailleurs je trouve que la photo qui accompagne l’article est pertinente et très belle. Je le dis car ce n’est pas toujours le cas dans les articles qu’on trouve sur ce site.
    Beaucoup de courage

  • Le 2 septembre 2010 à 13:57, par christ En réponse à : Amélioration de la qualité nutritionnelle des Burkinabè : Et si nous plantions des manguiers ?

    Ouaga devrait s’inspirer de Bobo avec ces avenues bordées de manguiers. Il faudrait demander à Simon de ne plus copier bêtement l’occident avec des arbres ou arbustes qui végètent le long des voies mais des arbres qui ombragent les voies et peuvent fournir des fruits. La ville deviendrait plus respirable en saison chaude.

  • Le 2 septembre 2010 à 14:54 En réponse à : Amélioration de la qualité nutritionnelle des Burkinabè : Et si nous plantions des manguiers ?

    Tres bon article...arguments convaincants...belle photo...

  • Le 2 septembre 2010 à 18:38, par denise En réponse à : Amélioration de la qualité nutritionnelle des Burkinabè : Et si nous plantions des manguiers ?

    je suis française, je reviens d’un séjour de 3 semaines à Bobo et j’ai lu votre article avec un très grand intérêt. Je n’ai pas eu le plaisir de manger des mangues fraîches, mais je me suis régalée en confitures et mangues séchées et j’ai profité de l’ombre de nombreux manguiers. JE trouve cet article vraiment passionnant. Je souhaite qu’il trouve un écho positif parmi les lecteurs burkinabés ... la prochaine fois que j’irai à Bobo (le plus vite possible, j’espère ! ) j’essaierai de planter un manguier.. ou de convaincre mes amis de le faire ! Je fais un peu de jardin chez moi, car je trouve que c’est un devoir pour tous ceux qui en ont la possibilité de participer à la production de culture vivrière, qu’on soit dans un pays qui a faim ou non ! Bon courage à tous car je sais que tout n’est pas facicle chez vous .. je vous admire pour votre courage et votre bonne humeur en général.

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