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Daniel Réné Lawson, lauréat du prix Net Africa : « L’Internet est une mine d’or »

Publié le lundi 30 août 2010 à 00h43min

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Burkinabè de fait et fier de l’être, le béninois-togolais Daniel Réné Lawson vient de décrocher le trophée Net Africa du meilleur webmaster du continent. Il remporte ainsi sa 8e récompense en deux ans d’exercice de ce métier. Autodidacte, cet architecte du web y est arrivé par pure passion, après ses études de sciences exactes et appliquées à l’université de Ouagadougou, puis d’ingéniorat en télécommunications à Lomé. L’abonné des récompenses nous a rendu visité le mardi 24 août dernier. Dans les lignes qui suivent, Daniel Lawson, le jeune directeur général de Logi-net (seulement 29 ans) se laisse découvrir.

Qui est Daniel Réné Lawson ?

Je suis ingénieur des télécommunications. Je suis burkinabè de naissance, d’adoption et de formation. Je suis né d’un père togolais et d’une mère béninoise tous résidents au Burkina. Je suis né à Ouagadougou en 1981, j’ai fait toutes mes études au Burkina. Ensuite j’ai été admis au concours des télécommunications de Lomé où j’ai fait l’ingéniorat de 2005 à 2008. Au retour, j’ai décidé de me lancer dans l’Internet et la conception des sites web.

Vous venez de remporter le concours Net Africa du meilleur webmaster organisé par Orlysoft et Africable, en quoi a consisté la compétition ?

Pour ce concours, il était question de donner un contenu africain dans tous les pays traversés par la caravane de l’intégration organisée par la télévision Africable. Dans chaque pays où la caravane passait, on mettait en compétition les webmasters de ce pays. Ils étaient associés à des artistes qu’on leur avait imposés et il fallait créer un site web en 72h pour ces artistes ou bien pour les promoteurs de culture africaine. Pendant le passage au Burkina, j’ai eu l’opportunité de créer un site pour le festival wedbindé de Kaya. Un site que nous avons finalement réalisé en 72h. Après les phases nationales, ils ont sélectionnés les deux meilleurs de chaque pays pour aller compétir à Bamako avec les autres pays. Au finish, on a sélectionné cinq pays, donc dix finalistes. Pour la finale, il s’agissait de décrire un projet d’entreprise dans le domaine des TIC et de créer un site web qui associe à ce projet d’entreprise et de développer une plateforme mobile qui permet de faciliter d’une façon ou d’une autre la vie des populations africaines. Après, nous sommes passés en soutenance devant un jury.

Qu’est-ce qui vous a permis de réellement faire la différence d’avec vos concurrents ?

C’est très difficile pour un compétiteur de dire ce qui lui a permis de remporter une compétition. C’est plutôt le jury qui est mieux placé pour répondre à cette question. Mais je pense que c’est parce que je me suis focalisé sur les principaux axes de développement des pays africains. Actuellement, beaucoup de solutions, logiciels internet et autres ne sont pas en adéquation avec nos systèmes africains. Moi, j’ai décidé d’orienter mon entreprise en tenant compte de ce secteur. Les solutions que je vais offrir à mes clients doivent être en phase avec les principaux défis de développement des pays africains, à savoir l’éducation, la formation, le commerce… Deuxièmement, sachez que le document que j’ai produit est un document très bien charté avec tous les paramètres permettant de comprendre réellement ce que j’ai fait comme travail. On a demandé un document de dix pages, j’en ai produit quinze pages. Enfin, c’était la soutenance. Et là aussi, j’ai défendu concrètement mon projet. C’est certainement tout cet ensemble qui m’a permis d’être désigné meilleur webmaster du continent.

Dans votre projet d’entreprise, quels produits proposiez-vous aux clients ?
Premièrement, j’ai bâti mes produits en trois grands axes. C’était d’abord la mise en application des systèmes Internet et Intranet. Ensuite, c’était la mobilisation des systèmes fonctionnels et enfin, c’est l’implémentation des systèmes mobiles. Voici en gros mes produits.

Vous aviez un projet assez réaliste, vous maîtrisiez véritablement votre sujet, est-ce que c’est une entreprise déjà en place que vous avez présenté à ce concours ?

Non. J’ai mon entreprise (Logi-net), qui est né cette année seulement et qui a, à peu près, le même combat que Afso-tic que j’ai développé dans la compétition. En réalité, c’est ce que j’avais en moi que j’ai traduit sur papier. Mais, je précise que j’ai déjà commencé à travailler sur le projet Afso-tic et il verra incessamment le jour, j’espère.

Quelle est votre philosophie en créant cette entreprise ?

Comme le montre bien le logo de Afso-tic, c’est porter l’Afrique très haut par la réflexion en se servant des nouvelles technologies dans un processus d’évolution. C’est très simple, les TIC nous permettent de faire un trait d’union entre le système africain et occidental, profitons-en.

De quoi était composition le prix Net Africa ?

Le prix est composé d’un trophée, d’un ordinateur portable dernière génération, d’un téléphone Google Nexus qui est un téléphone orienté Internet et recherche. Pour les moyens pécuniaires, ils ont promis nous appeler au bon moment pour qu’on aille percevoir notre dû. Le vainqueur de la compétition doit avoir 1 200 000f si je ne m’abuse.

Vous êtes webmaster depuis combien de temps ?

Je suis webmaster depuis deux ans seulement. J’ai commencé à programmer réellement mes sites web en fin 2008.

Pourtant, vous n’êtes pas à votre premier trophée ?

Oui, je ne suis pas à mon premier trophée. J’ai eu sept trophées en deux éditions de la semaine nationale de l’Internet (SNI). En 2009, j’ai eu quatre trophées (trois en or et un en bronze) et trois trophées en 2010 (deux trophées en argent, un en argent et trois médaille). Maintenant un trophée en or et la médaille du meilleur webmaster du continent.
On retrouve votre touche sur combien de sites web à nos jours ?
En deux ans, j’ai réalisé une trentaine de sites web. Peut-être même plus. Lorsque je conçois ces sites web, je ne dors pratiquement pas. C’est une vraie passion, je le reconnais. Quand je finis un projet, j’ai une certaine satisfaction de moi-même. Ce n’est pas n’importe quel site que je présente à la semaine nationale de l’Internet. Il y a des sites basiques et des sites dynamiques. Connaissant la charte de la SNI en termes de qualité, il faut présenter des sites web qui sont de grande qualité. Donc, si je dis trente sites et je n’ai que sept trophées, c’est dire que c’est 30 sites répartis dans différentes catégories de technicité.

Citez-nous certaines de vos réalisations qui vous ont le plus emballé ?
Honnêtement, c’est mon premier site que j’ai conçu, c’est le site du club des hommes d’affaires franco-burkinabè, www.chafb.com. C’est un site qui m’a beaucoup marqué parce que c’est un trait d’union entre la France et le Burkina. Ensuite, il y a le site de la télévision canal3. Il a permis d’améliorer la visibilité de la chaine et du Burkina à l’extérieur. Il n’y avait pas de télévision du Burkina qu’on pouvait regarder en ligne avant la création du site web de canal3. Il y a aussi le site de radio pulsar qui permet une écoute en ligne. Il convient d’ajouter le site de la fédération nationale des petites et moyennes entreprises où j’ai conçu une des plus grosses bases de données d’entreprise. Enfin, je citerai le site web du réseau des personnes vivant avec le VIH-SIDA. Des sites dans les domaines techniques informatiques aux sites web de sociétés d’assurance, de médias, en passant par les sites des organisations de la société civile ; j’ai eu la chance de brasser tous les types d’activités actuellement au Burkina.

Comment est né cet amour, si non cette passion pour le métier de webmaster auquel vous ne sembliez pas destiner ?

Je suis un amoureux du graphisme. A chaque fois que je fais un graphique, j’ai envie de lui donner des fonctionnalités. Ça m’a entrainé à voir sur Internet et j’ai découvert qu’un site web peut animer des images, un site peut mettre du contenu, un site web peut créer des pages et autres. Et comme, c’est des nouvelles technologies, moi, je suis passionné de tout ce qui est nouvelles technologies. Donc, je me suis mis dedans pour apprendre ce qu’on appelle le langage de programmation. J’ai commencé d’abord par le html qui est un langage basique, ensuite je suis allé au PHP avant d’arriver à la programmation.

C’est donc dire que vous n’avez jamais mis les pieds dans une école d’informatique ?

Non, je ne suis jamais allé dans une école d’informatique. J’ai fait des télécoms orientées à la transmission externe. En télécommunication, on faisait des traitements de signal. Mais on n’avait pas des cours de programmation. C’était juste des cours basiques d’informatique, mais pas de l’informatique qui peut permettre à quelqu’un de concevoir des sites web. Je n’ai pas suivi de formation professionnelle particulière en la matière. Je me suis simplement mis dedans parce que j’étais passionné du domaine.

Maintenant que vous êtes une référence en matière de conception de sites web sans en avoir suivi une formation de base dan ce domaine, quels conseils pourrez-vous donner aux webmasters et à ceux qui désirent emprunter ce chemin ?

Je dirai aux webmasters qu’il faut que nous puissions arriver à des phases où le site web aide l’entreprise dans son fonctionnement, où le site web est en phase avec les différents objectifs des entreprises dans lesquelles nous prestons. Il faut que nous mettions toute la technicité et tout l’art que nous avons pour réaliser nos sites web. A mes frères qui ne sont pas encore des webmasters, je ne leur dirai qu’une seule chose : l’Internet est une mine d’or. On peut s’en servir pour sortir les pays africains, d’une manière ou d’une autre, du fossé qui les sépare des autres. On dit que le développement passe par la formation, ce qui manque crucialement en Afrique. Avec Internet toutes les formations sont possibles. Si en deux ans, pendant que je suis en train d’apprendre, je réalise des sites web qui vont compétir et même remporter des trophées au niveau continental ; c’est qu’il y a de la matière dans notre cher continent. L’essentiel, c’est d’oser.

Pour vous qui n’avez pas suivi de formation en informatique et qui réalisez des sites web de bonne facture, quelle définition donnez-vous à un site web ?

Il est difficile de donner une définition au site web d’autant plus que je n’ai pas fait la théorie. Mais pour une définition pour les profanes, je prends l’exemple du SIAO (Salon international de l’artisanat de Ouagadougou). Chacun vient avec ses produits et il expose dans son stand. Pour les milliers de gens qui viennent, lorsqu’ils entrent au SIAO, ils regardent chaque stand avec ses différents produits. C’est la matérialisation basique de l’Internet comme ça. C’est dire que vous avez une structure, une organisation ; il faut qu’on puisse mettre les activités de cette organisation sur la toile qu’est Internet. Un site Internet, c’est donc l’interface qui permet à chaque entreprise de pouvoir avoir une présence sur la toile mondiale.

D’où vous vient l’inspiration ?

Il y a d’abord une chose qu’il faut savoir. Il faut toujours faire l’analyse conceptuelle avant de commencer à réaliser un site web, comme tout projet d’ailleurs. Par exemple pour le site du festival wedbindé de Kaya, j’ai insisté pour que le promoteur soit là. Il faut discuter avec les responsables pour savoir réellement comment fonctionne leur entreprise et comment ils veulent être représentés sur Internet. C’est à partir de là que commence mon travail. Donc, il y a trois phases. Primo, l’écoute, secundo la phase d’analyse conceptuelle et troisièmement la phase de concrétisation du projet.

Pendant la compétition, vous avez réalisez les sites wedbindé et Afso-tic, quelle est la différence entre deux et lequel vous a permis de décrocher le jackpot ?

Wdbindé, c’était site que j’ai réalisé lors de la phase de la compétition au niveau national et Afso-tic, c’est le site de la compétition en phase finale. Afso-tic, c’est le site que j’ai fait pour le projet d’entreprise que nous avons développé à Bamako lors de la finale.

Le mot de la fin ?

En tout premier lieu, je tiens à remercier le Burkina Faso. C’est dans ce pays que je suis né, que j’ai grandi, où j’ai tout appris. Cette terre m’a tout donné et j’en suis très reconnaissant. Deuxièmement, c’est une satisfaction pour tout le panel de webmasters du Burkina, d’autant plus que c’est un webmaster venant du Burkina qui a remporté cette compétition sous régionale qui a vu environ 500 participants venant des pays de l’UEMOA mais aussi d’autres nationalités qui y vivent. C’est pour dire aussi que l’organisation de la semaine nationale de l’Internet chaque porte ses fruits. Cette compétition nationale nous permet de nous mettre en jambe et de compétir partout ailleurs sans complexe. Pour cela, je tiens à féliciter et remercier le ministre des postes et des TIC pour l’organisation régulière de la SNI. J’espère que ces actions vont se pérenniser. Je remercie aussi et surtout Africable et Orlysoft qui ont bien voulu organiser cette compétition continentale.

Interview réalisée par Moussa Diallo

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