C’est une grande première à la SOSUCO que de noter la présence de la direction à un meeting des travailleurs. Les travailleurs étaient observés de loin par les cadres eu égard au climat tendu entre la direction et les travailleurs depuis 5 ans avec le licenciement des 7 responsables syndicaux en juillet 1999 et suivi de l’interdiction de toute rencontre syndicale à la SN-SOSUCO.

Après 5 ans d’hibernation du syndicalisme, les travailleurs étaient visiblement très heureux le 26 août 2004, de pouvoir enfin communiquer dans l’enceinte de leur lieu de travail avec toutefois, la bénédiction du 1er responsable du complexe sucrier , Jean Dubrani. Ce dernier a fait son apparition à 9 h32 mn sous une grande acclamation des travailleurs. Par moments dans les haut-parleurs installés, on pouvait entendre à l’adresse de ce dernier, comme pour rassurer les travailleurs, "c’est notre homme".

Avant d’aller prendre place aux côtés de certains cadres présents, le directeur du complexe sucrier est allé directement serrer chaleureusement les poignets des délégués syndicaux. Pour passer aux choses sérieuses, les délégués ont pris le soin de situer le contexte du meeting qui n’était pas destiné à des revendications, mais plutôt à donner des informations aux travailleurs.

Dans leur message, les travailleurs ont d’abord stigmatisé qu’ils ont été injustement interdits d’activités syndicales au sein de la SN-SOSUCO par la direction de l’époque. Un nouveau vent souffle à présent à la SOSUCO avec une nouvelle direction, arrivée aux commandes en début d’année, et l’activité syndicale reprend du service conformément à la législation du travail. Cela grâce à la "disponibilité et à l’ouverture d’esprit" de la nouvelle direction, ont souligné les travailleurs.

En signe de reconnaissance, les travailleurs ont annoncé leur disponibilité à défendre les intérêts de l’entreprise contre les rapaces, toutes catégories confondues. Pour ces derniers, la crise que traverse leur entreprise reste liée à la mauvaise position de leur sucre sur le marché à cause de l’importance de la fraude, les ventes à perte pour faire face à des charges fixes immédiates et le manque de confiance des institutions financières dans l’entreprise.

Mais la récapitalisation demandée aux actionnaires par le dernier conseil d’administration venu à Ouagadougou courant juin 2004, aura permis de verser à nos jours 4 milliards de francs CFA à en croire les délégués.

Autre nouvelle, une convention serait en cours d’aboutissement avec le gouvernement en vue de pallier la fraude intense. Par ailleurs, les délégués sont affirmatifs en disant que de nos jours "les institutions financières ont donné leur accord de principe pour participer activement au redressement de notre entreprise" ? Et dans la même lancée, la direction s’est fixé de produire 45 000 tonnes de sucre dans les cinq années à venir.

Le message de la direction livré aux travailleurs par leurs délégués reste des félicitations pour leur persévérance, leur endurance et leur courage pendant les retards dans le paiement des salaires, des allocations familiales, des impôts etc... La direction attend le même élan des travailleurs pour un meilleur devenir de l’entreprise. Les délégués ont tenu à se démarquer de certaines contestations liées au nouveau poste du responsable à la sécurité par des "individus mal intentionnés" voulant défendre leurs intérêts inavoués avant de soumettre tout de même une doléance au directeur du complexe afin qu’il se penche avec diligence sur les différents problèmes qu’ils lui ont soumis dont la reprise de leurs camarades secrétaires généraux des syndicats, licenciés abusivement.

Du reste, ce meeting est révélateur du virage heureux à la fois du climat social et financier que semble prendre la SOSUCO après de sérieux moments d’inquiétude tant pour les travailleurs que pour les Burkinabè de manière générale.

Par Luc OUATTARA
Le Pays