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Parc urbain Bangr Wéogo : Les crocodiles ont rejoint les rangs

Publié le vendredi 27 août 2010 à 00h40min

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Parmi les sinistrés du 1er septembre 2009, s’il y a bien une infrastructure qui aura marqué les esprits, c’est le Parc urbain Bangr Wéogo. Locaux immergés, mares débordantes, une grande partie de la flore emportée et la faune fortement endommagée, le tableau des dégâts y était en effet triste. Pire, parmi les animaux du parc qui manquaient à l’appel, entraînés par le fort courant d’eau, figuraient les 350 crocodiles que comptait le parc.

Et devant ce désastre, le directeur du parc, Mamadou Moustapha Sarr, avait confié, non sans humour, à notre équipe de reportage ce jour-là : "De toute façon, si on nous signale des crocodiles à l’université par exemple, et que nous n’avons pas les moyens de nous y rendre, on se verra alors obligé de suggérer qu’on les inscrive dans l’une des facultés". Un an après, les crocodiles sont bel et bien de retour dans leur étang (quoi que les amphis ne soient pas loin), et ils se reproduisent même (portant leur population à environ 500 têtes de nos jours) bien à l’aise dans l’environnement actuel, bien humide, du poumon écologique de la capitale. La renaissance du parc est justement le point principal de l’entretien que nous a accordé, le mercredi 26 août 2010, son directeur.

Pour les habitués du Parc urbain Bangr Wéogo, le poumon écologique, après le passage des eaux, était dans un piteux état. Parmi eux, le maître des lieux, Mamadou Moustapha Sarr, que nous avons rencontré le mercredi 26 août 2010 et qui avoue ne pas avoir reconnu son parc ce jour-là. « Le silence total m’a déstabilisé. Au lieu du vert habituel, je voyais saumâtre. Un flot d’images de désolation qui me resteront toujours en tête. » Porter secours au voisinage, notamment avec le concours de leurs piroguiers et plongeurs, a été le premier geste entrepris par son personnel ce jour-là.

Même s’il loue l’élan de solidarité nationale et internationale envers les sinistrés au lendemain du déluge, le directeur du Parc déplore le fait que tout se soit focalisé sur l’Homme : « Je respecte le fait qu’on ait misé sur la vie humaine puisque je suis moi-même homme et donc mortel. Mais, la solidarité, très forte fût-elle, a occulté une réalité implacable de la vie sur terre : l’homme sans son environnement a une existence précaire. A chaque fois qu’on a tourné dos à la nature, cela nous est revenu en pleine figure et avec fracas.

Les changements climatiques ne sont que les conséquences de nos propres turpitudes. On a donc besoin de prendre en compte l’environnement et de revenir à nos valeurs traditionnelles qui respectent la nature ». Quand tu ne veux pas mourir, tu es obligé de réagir ; c’est la philosophie chère à Moustapha Sarr et qui, à l’en croire, a guidé leurs actions dès le lendemain du sinistre.

Etat des lieux, évaluation en vue d’une demande de secours, préconisation de solutions, telles ont été leurs premières actions sanctionnées par l’élaboration d’un plan de secours d’urgence. Lequel plan, disponible dès le 4 septembre, a été soumis par le maire, himself, aux autorités et aux partenaires étrangers. Les pertes immédiates (animales, végétales et infrastructurelles) s’élevaient grosso modo à 800 millions de F CFA.

Cette estimation a été peaufinée par la suite par des experts pour être portée à 3 milliards de F CFA. Et le premier responsable du poumon écologique de Ouaga de souligner que bien avant le 1er septembre 2009, un plan d’aménagement du parc, qui est le point de convergence de 70% des eaux de la capitale dont le montant tourne autour de 12 milliards de F CFA, avait été élaboré et approuvé par le gouvernement.

Avec le soutien de la BOAD, il serait en bonne voie de réalisation. M. Sarr ne manque pas de louer, à cet effet, la contribution de la presse en général et de L’Observateur Paalga en particulier qui aura été, selon lui, pour beaucoup dans le secours qui leur a été porté avec un soutien de 6 milliards de F CFA dans un premier temps du gouvernement.

La récupération des animaux, elle, est en cours avec malheureusement des pertes car, par exemple, sur les 7 hyènes, seulement deux ont pu être récupérées. Qu’en est-il des 350 crocodiles qui manquaient à l’appel ? Réponse de Mamadou Moustapha Sarr empreint d’humour : « On a refusé de les inscrire en maths-physique, alors ils sont revenus (Rires).

Il faut savoir que le crocodile hors de l’eau n’est qu’un sac à main ou une ceinture. Les eaux les avaient entraînés dans les canaux de la ville. Et tant qu’ils avaient à manger à proximité, notamment les crapauds et les grenouilles, et de l’eau où loger, ils y sont restés. Mais avec le retrait progressif de l’eau du fait de l’assèchement au fil du temps, ils ont suivi progressivement ce qui restait et sont finalement revenus au parc, puisque c’est le point de convergence de la majorité des eaux ».

Foi du directeur de Bangr Wéogo, son établissement, qui enregistre de nos jours 275 visiteurs par jour, renaît tout doucement un an après le déluge qui l’a durement frappé. L’urgence est de pouvoir construire des radiers de franchissement et de drainer l’eau hors du parc sans pour autant assécher ce dernier. De quoi lui mettre du baume au cœur et faire prendre conscience aux Ouagalais la nécessité de protéger leur point vert.

Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga

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