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LUTTE CONTRE AQMI : Sarkozy et "l’arc du mal"

Publié le vendredi 27 août 2010 à 00h39min

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Les stratégies de lutte contre Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ne font pas l’unanimité. Tous les pays impliqués dans la gestion des prises d’otages dans la bande sahélo-saharienne notamment, n’ont pas la même approche de la question. Alger, très ferme face aux islamistes, dénonce la souplesse de Bamako. A une échelle plus grande, on a la rigidité anglo-saxone qui s’oppose à la souplesse latine face aux terroristes. La France a longtemps opté pour la négociation. Mais, elle a fait entendre un autre son de cloche avec l’affaire Germaneau. On se souvient, en effet, qu’elle a bandé les muscles dans cette prise d’otage et que Michel Germaneau a, hélas, été exécuté en représailles.

On se souvient aussi que le 23 août, deux otages espagnols ont été libérés à la suite de négociations, en contrepartie de la libération d’un islamiste malien auparavant emprisonné en Mauritanie ainsi que du versement d’une rançon.

C’est justement la contrepartie de ces libérations qui offusque le président français, Nicolas Sarkozy. La France, à l’analyse, a opéré un grand virage pour renforcer la ligne dure. Sarkozy a ainsi décidé de bander son arc contre ce que l’on peut appeler "l’arc du mal". Il est vrai que l’intervention militaire dans le cas de Germaneau a permis de réprimer un groupuscule de la nébuleuse. Cela est sans doute une preuve que cette dernière n’est pas si intouchable qu’elle en a l’air. Toujours est-il qu’un otage a été sacrifié.

Cette situation illustre la complexité de la gestion de ces prises d’otages. Il y a lieu d’éviter le "tout militaire" dangereux pour les otages, sans toutefois tomber dans une logique de renflouement des caisses d’AQMI qui le renforcerait. Un savant dosage des stratégies s’impose donc, bien que l’équation soit complexe. Une large concertation et un profond consensus doivent être envisagés. Il est nécessaire pour l’ensemble des Etats concernés d’adopter une sorte de code de bonne conduite, si négociation il y a. L’on pourrait s’entendre par exemple sur les éléments pouvant faire l’objet de concession. Le succès d’une telle initiative suppose un minimum de consensus et de bonne volonté des Etats. En tout cas, la cacophonie entre les Etats occidentaux, mais aussi entre les pays de la bande sahélo-sahélienne, constitue du pain bénit pour AQMI.

Sans vouloir prendre position dans le débat (pour certains observateurs, les réactions de Sarkozy sont mues par des motivations politiques), il y a lieu de dire que la France devrait plus agir que parler. Ce, à l’image de l’engagement des Américains qui se traduit par des opérations comme Flintlock. Plutôt que de s’empêtrer dans des récriminations et des joutes verbales oiseuses, les grandes puissances et les Etats de la bande sahélo-saharienne devraient travailler à avoir une sorte de feuille de route, un plan d’actions stratégique concerté et cohérent. Dans cette perspective, il serait judicieux que la France pèse de son poids pour l’adoption dans les meilleurs délais de ces stratégies coordonnées tant il est vrai que l’on n’est jamais plus fort que lorsqu’on est uni.

Relwendé Auguste SAWADOGO

Le Pays

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